30 novembre 2020

Soleil rouge

 Le film, pourtant signé Terence Young, est je crois un des plus mauvais westerns que j'ai vu : scénario tiré par les cheveux qui traîne en longueur, un comble pour ce genre de film. L'idée de départ était d'apparier  un cow-boy et un samouraï, un homme sans foi ni loi et un autre avec un code d'honneur strict : Charles Brownson face à Toshirô Mifune, armes à feu contre armes blanches. Oui, on fait semblant d'y croire, persuadé dès le départ que les valeurs de l'un finiront par contaminer celles de l'autre. Mais ce sont bien les seuls personnages à peu près crédibles de ce scénario malgré la présence à l'affiche d'Alain Delon et d'Ursula Andress, tous les deux très mauvais. Comme le sont l'ensemble des seconds rôles. 

Bref un film artificiel, qui ne nous apprend rien sur l'Amérique ni sur le Japon, mais enfile les clichés comme d'autres enfilent des perles. Pour moi, rien à sauver de ce Soleil rouge, tourné dans la grisaille. 

29 novembre 2020

26 novembre 2020

La culture entre deux chaises



 

"La réouverture des églises, synagogues et mosquées dès ce week-end interroge sur les logiques à l’œuvre dans l’agenda d’un déconfinement qui ne dit pas son nom, puisque rien dans la documentation scientifique existante des modes de transmission et des clusters n’indique qu’aller à la messe serait moins propice à la contamination qu’une séance de cinéma, ou une déambulation au milieu des toiles de Matisse – ce serait même plutôt l’inverse. Dans la course à l’échalote hautement inflammatoire de l’essentiel et de l’inessentiel, cette priorité dévolue à la pratique religieuse en ce pays laïc, dit de l’exception culturelle, relève soit d’une aberration, soit d’un arrangement politicien à tout le moins discutable. Le hiatus de deux semaines entre réouverture des lieux de culte et celle, encore virtuelle, de la majorité des lieux de culture, réduit sévèrement le champ des nourritures spirituelles et nous renvoie pour quinze jours au Moyen Âge, quand l’art ne pouvait s’admirer qu’au prisme des vitraux et au son de l’orgue, dans les églises. Vivement la Renaissance."

                                                            Julien Fester et Didier Péron


Libé Culture <newsletter@newsletter.liberation.fr>

25 novembre 2020

Les Grands espaces

 Celui-là, il tombe vraiment à pic ! Parce que des espaces à perte de vue, il y en a du début jusqu'à la fin. Avec une phrase-leitmotiv qui devient un motif de plaisanterie : "This is a BIG COUNTRY". Et non, il ne s'agit pas de nationalisme et de puissance politique, mais bien de l'immensité des paysages. Tout ce qui me manque en ce moment. 


Paysages mis à part, le film de Willy Wilder est un grand film, réjouissant du début jusqu'à la fin. Avec un casting éblouissant, Gregory Peck dans le rôle d'un ancien capitaine qui sait naviguer à la boussole,  Jean Simmons, la brune avec la tête sur les épaules, Carol Baker, la blonde enfant gâtée qui ne fait pas la différence entre la force et la violence, Charlton Heston en amoureux éconduit mais fidèle à son boss. Burl Ives et Charles Bickford enfin dans le rôles des ranchers ennemis. Car tout ce petite monde se dispute pour le seul trou d'eau à la ronde où les troupeaux peuvent venir boire. 

Si la dispute pour une terre convoitée constitue l'essentiel de l'intrigue, l'affrontement entre les cow-boys aussi habiles à manier chevaux et fusils qu'à en venir aux poings, et l'homme élégant venu de l'Est qui considère que la négociation et la diplomatie valent mieux que la force brutale, permet de lire le film comme un message politique. Il y est question de réagir sur le coup de l'émotion et de rendre coup pour coup, ou au contraire de prendre le temps de la réflexion, d'analyser la situation pour répondre de façon réfléchie et mesurée. La maîtrise de soi plus que la force des muscles devient l'insigne du courage.

Une leçon somme toute originale pour un genre qui a souvent fait l'éloge de la gâchette. Une leçon dont les politiciens d'aujourd'hui pourraient sans doute profiter.... s'ils prenaient le temps de regarder des westerns !

 

24 novembre 2020

Petites baies rouges


 Celles du cotoneaster ...

ou celles du houx

Jolies mais un peu toxiques quand même. 


22 novembre 2020

3h10 pour Yuma

Ma relecture des "meilleurs westerns" américains progresse un peu par sauts et gambades en fonction de la programmation des chaînes télé ou des mes trouvailles en bibliothèque. Mais j'avoue une petite préférence pour ceux des années 50. Comme ce 3h10 pour Yuma. Une merveille dans son genre qui en décevra peut-être certain car ce n'est pas vraiment un film d'action, bien qu'il y ait une attaque de diligence, une bande de hors-la-loi déterminés, un saloon (et bien sûr un ivrogne), un shérif dépassé par les événements et un fermier qui se bat pour la survie de son ranch et de sa famille. 

Mais voilà, le réalisateur, Delmer Daves a eu l'audace de garder tous les codes du genre tout en jouant de des ressources du thriller psychologique. Et son coup de maître tient pour beaucoup au choix des acteurs : Glen Ford est parfait dans le rôle du hors-la-loi brutal et mélancolique, dont le pouvoir tient moins à son habileté à la gâchette qu'à ses capacités de manipulateur. Face à lui, Van Heflin est le plus souvent en retrait, mais son rôle n'est pas moins subtil. Héro solitaire, il doit faire face à une bande de criminels aguerris pour sauver non seulement sa terre, mais son couple, sa famille et surtout son honneur. 

Les enjeux du scenario en une seule photo : à gauche Ben Wade qui doit être jugé pour la mort de 2 hommes; à droite, Dan Evans, chargé de convoyer le criminel jusqu'au train. Au centre et légèrement en retrait, le banquier propriétaire de l'argent volé pendant l'attaque de la diligence, qui a promis une importante récompense à celui qui se chargerait de convoyer le criminel jusqu'au train. Parce que, dans les westerns comme dans la vraie vie, c'est l'argent qui mène le monde, n'est-ce pas ? 

J'avais vu a sa sortie en 2007, le remake de ce film. Contente aujourd'hui d'en avoir vu l'original. 


21 novembre 2020

Juste un très beau ciel ...

dans lequel l'oeil se perd.
 


20 novembre 2020

Tom Cooper, Les Maraudeurs

 


Se plonger direct dans le roman et partir très loin, vers le Delta du Mississippi. La baie de Barataria n'est qu'à une 1/2 heure de la Nouvelle Orléans, mais c'est un autre monde. Celui des bayous, des cyprès noyés dans l'eau et couverts de mousse espagnole, des eaux fangeuses où traînent des alligators, un territoire noyé entre le ciel et l'eau qui sert d'habitat à toutes sortes de serpents et autres bêtes peu plaisantes.

 

A Jeanette, dernière terre habitée avant la baie, survit une population qui après avoir pris de plein fouet l'ouragan  Katrina en 2005, a connu la pire marée noire de son histoire en 2010, à la suite de l'explosion d'une plate-forme pétrolière. Les habitants sont pour la plupart des pêcheurs de crevette, mais personne n'achète plus le rare produit de leur pêche. Chacun se bat tant bien que mal pour survivre, et le combat est loin d'être gagné d'avance. Pour la plupart des personnages il est définitivement perdu. 

Mais avant d'arriver au terme du roman, Tom Cooper nous a fait partager l'existence de Lindquist qui à la pêche préfère son détecteur de métal tant il est persuadé de retrouver un jour le trésor de Jean Lafitte, le célèbre flibustier, ancien roi du bayou; on partage aussi l'existence des frères Toup, jumeaux monstrueux qui cultivent de la marijuana sur un des innombrables îlots de la baie,  et celle de Hanson et Cosgrove, deux losers pitoyables, celle de Grimes envoyé par la compagnie pétrolière pour renoncer à toute poursuite contre un chèque.  Autant de personnages hauts en couleurs et parfaitement campés, comme on a peu de chance d'en croiser dans nos vies bien sages. 

Et puis il y a Wes Trench, encore adolescent et son père.  La mère de Wes a disparu pendant l'ouragan et la relation entre le père et le fils est devenue de plus en plus chaotique. Sur un coup de tête, Wes quitte le bateau de son père, et s'efforce, tant bien que mal de trouver sa place au milieux des autres clampins du bayou avant de décider ce qu'il va faire de sa vie. On peut, c'est certain lire Les Maraudeurs comme un roman de formation, mais il faut bien reconnaître que grandir dans la baie de Barataria n'est pas facile et qu'il y faut une grande capacité de résilience et pas mal de détermination. 

Dépaysant et même un peu inquiétant par le milieu qu'il décrit, le roman de Tom Cooper est aussi, d'une certaine façon, un roman psychologique. Une alliance inhabituelle et très réussie.

Bonne nouvelle, le roman est aussi publié en poche ! 


18 novembre 2020

Julia Phillips, Dégels

Le Kamtchatka ... trois syllabes qui claquent et déjà l'imagination s'envole loin, très loin, jusque vers cette péninsule de l' Extrême-Orient soviétique. 

Pour y trouver deux petites filles, deux adorables chipies, Sophia et Alyona, qui par un beau jour de juillet, reviennent de la plage où elles ont passé l'après-midi et .... disparaissent ! Disparition inquiétante, c'est le terme policier car le roman de Julia Phillips commence bien comme un roman policier. Du genre "on a tout compris!". 

Mais non, rien compris du tout puisqu'au chapitre suivant on change non pas de lieu - on est toujours au Kamtchatka -  mais de personnages. On est en Septembre et on s'intéresse désormais à Olya et Diana, deux adolescentes à l'amitié tumultueuse. Le chapitre nous donne aussi l'occasion de faire la connaissance de Valentina (la mère d'une des adolescentes) et du policier qui mène l'enquête. Car non, la disparition des petites filles du premier chapitre n'est pas oubliée. 

Au chapitre suivant, on est en octobre, et.... inutile de poursuivre le résumé car on comprend rapidement que le roman procède chronologiquement, que chaque chapitre correspond à un mois et introduit de nouveaux personnages, pour la plupart féminins, qui ont nécessairement un lien avec l'événement initial, sans que cela soit bien clair au début, mais peu à peu la certitude s'installe : c 'est un gigantesque puzzle qui est en train de se mettre en place. Au lecteur de retrouver l'ordre initial des pièces.



Dégels est un formidable roman monté autour d'une intrigue policière. 

Dégels, c'est aussi une fresque qui propose une bonne douzaine de portraits de femmes, de tous âges, conditions, professions, situations familiales ou amoureuses. Des enfants, des adolescentes, des jeunes femmes, des mères fatiguées, des célibataires en mal d'amour, chaque personnage étant vu comme de l'intérieur, dans ce flux de la pensée qui se traduit par des gestes ordinaires. Quelques personnages masculins aussi. Evidemment.

Dégels est un roman totalement dépaysant, un roman qui permet de découvrir une contrée non seulement lointaine mais très peu connue parce qu'à part des montagnes, des volcans et des ours, il n'y a pas grand' chose pour attirer les touristes. Mais ça n'a pas manqué, arrivée au milieu du roman j'ai craqué et je suis passée sur Google map pour faire la route avec les personnages, entre Petroplavlosk, la capitale du Kamtchatka (182711 habitants), la région du Nord, Esso (1924 habitants) et  Palana, plus au Nord encore, territoire des Evènes, ethnie minoritaire. Car le roman de Julia Phillips, mine de rien, nous en apprend beaucoup sur la société post-soviétique et en particulier sur les relations entre les différentes populations du Kamtchatka. 

Dégels en fin de compte c'est toute la littérature que j'aime, celle qui me fait voyager par procuration, y compris et surtout dans des lieux où je n'irai jamais; celle surtout qui, par personnages interposés, m'en apprend un peu plus sur notre humanité. 

Le plus étonnant à propos de ce roman aux allures de roman russe, est de découvrir que son auteur, Julia Phillips est américaine, qu'elle parle russe et qu'elle a passé un an au Kamtchatka, un pays que visiblement elle a beaucoup aimé. 

https://www.themoscowtimes.com/2011/11/02/welcome-to-kamchatka-a34706

Si le voyage plus que la lecture vous tente, cette photo de Petropavlosk ...

et ce reportage trouvé dans Geo :

https://photo.geo.fr/viree-sauvage-au-kamtchatka-35488#retour-a-l-etat-sauvage-615318

17 novembre 2020

Giosuè Calaciura, Le Tram de Noël


Dans le tram, à part le conducteur enfermé dans sa cabine, il n'y a personne. Ah si ! un enfant nouveau né déposé sur un siège à l'arrière.... il ne pleure pas, ne fait pas de bruit. 

Au premier arrêt monte un couple mal assorti, une jeune fille noire - déjà vieille de voyages, d'abus et d'aventures - et son client, blanc, à peine moins pauvre qu'elle. 

A l'arrêt suivant, deux hommes : un domestique et un vendeur de parapluies, clandestin bien entendu. 

Et ainsi de suite. A chaque arrêt, c'est toute la misère du monde qui monte dans ce tram qui roule dans la nuit noire et emmène ses étranges passagers regroupés autour de l'enfant nouveau-né vers leur destin.

 Le Tram de Noël est un conte façon Dickens, que l'on commence avec un certain détachement avant de se laisser prendre à cette fable toute simple en 12 chapitres, une fable qui nous parle du monde d'aujourd'hui, éclairé seulement par la lumière intermittente des réverbères. Mais un monde qui malgré sa grande misère n'est pas dépourvu d'humanité.

Les personnages de  Giosuè Calaciura, bien que fictifs, ressemblent à ceux que l'on croise dans la rue sans les voir, ou plutôt sans les regarder.  Ce sont les mots de Calaciura qui permettent au lecteur  d'ouvrir les yeux, d'imaginer leur histoire, de ressentir leur détresse.  Au talent de l'écrivain s'ajoute celui de l'illustrateur, Gérard Dubois, qui fait surgir de la nuit ce tram rouge et ses passagers.  

Au final, un joli petit livre, mais aussi un livre grave, que l'on offrirait volontiers autour de soi. Peut-être pas à des enfants, mais à des amis c'est certain.

14 novembre 2020

Un rond-point ordinaire ...

magnifié  au soleil couchant par les graminées ...

 ... des Miscanthus sinensis (Roseaux de Chine) ?

 

13 novembre 2020

La Prisonnière du désert

Après 2 westerns pas terribles, il était temps que j'en retrouve un vraiment bon. Et La Prisonnière du désert, tourné en 1956 par John Ford est indéniablement un des meilleur. Ne serait-ce que par la beauté des paysages où évoluent les personnages, entre Arizona, Utah et Nouveau-Mexique.

L'histoire, qui se déroule sur plusieurs années,permet en outre à John Ford de jouer sur les changements de saison et la séquence des chevaux dans la neige est particulièrement réussie.

 

Enfin, au lieu de suivre un seul fil,  l'intrigue en croise plusieurs. Bien sûr il s'agit avant tout de la quête entreprise par Ethan pour retrouver ses nièces  Lucy et Debbie enlevées par les Commanches. Il est aidé dans sa recherche par Martin, considéré comme leur frère, bien qu'il ne soit qu'un enfant trouvé, recueilli autrefois par Ethan, et vraisemblablement métis. Ce qui permet d'introduire un des thèmes forts du film : la haine qu'Ethan professe à l'égard des Indiens alors même qu'il parle leur langue et connaît leurs moeurs. 

Mais John Ford se garde bien de trop appuyer son propos et d'appesantir son film avec une thématique qui, dans les années 50 reste encore très dérangeante. Il préfère rester allusif sur les raisons qui peuvent expliquer le racisme de son héros et divertir le spectateur avec la romance  sans cesse interrompue entre Martin et Laurie; et entourer les deux personnages principaux d'une bande de rangers mené par un prêcheur qui passe allègrement du chapeau clérical au Stetson du shérif. 

Restent quelques scènes exceptionnelles qui marquent à jamais le spectateur, comme celle des bisons, dont ont sait qu'ils ont été exterminés pour le simple plaisir de la chasse mais aussi pour affamer les Indiens comme il est suggéré dans le film. Et l'image finale, qui accompagne Ethan lorsque sa quête accomplie, il repart vers son destin, aussi attendue qu'elle soit, elle est tout simplement inoubliable. 

11 novembre 2020

Norman Rockwell

En feuilletant un vieux livre sur Norman Rockwell je suis tombée sur les quatre tableaux peints en référence à un discours prononcé par Roosevelt le 6 Janvier 41. Ce discours sur L'état de l'Union mettait en avant les 4 liberté fondamentales auxquelles chacun dans le monde devrait avoir droit : 

Freedom of speech, Freedom of worship, Freedom from want, Freedom from fear.

Liberté de parole, liberté de culte bien sûr, mais ce sont les deux dernières que j'ai retenue parce que les choix de mise en scène faits par Roosevelt peuvent aisément être détournées pour illustrer nos préoccupations actuelles. 


A l'abri de la peur ...  Certes, ce ne sont plus les bombardements que craignent ces parents attentionnés, mais plutôt la maladie et la mort. Bien qu'il faille aujourd'hui plutôt veiller sur ses vieux parents que sur ses enfants.

 A l'abri du besoin ....  Certes, à voir la taille de la dinde on se dit que le tableau ne suggère ni la disette ni même la pénurie puisque cette famille est réunie autour de la table pour faire bombance à l'occasion de Thanksgiving, ou de Noël. Mais la crise économique d'aujourd'hui risque de réduire pour beaucoup la taille des portions et le Covid, le nombre des convives. 

La réalité n'est pas gaie, c'est vrai. mais les tableaux de Norman Rockwell sont délicieusement kitsch, et même un peu ringards, nostalgiques aussi, mais toujours d'actualité, comme en témoigne ce montagne photographique trouvé sur le site de l'Arkansas Democrat Gazette qui permet de mesurer l'évolution de la société depuis Rockwell tout en gardant à l'esprit l'idéal politique de Roosevelt.

Artists Hank Willis Thomas and Emily Shur reimagined Norman Rockwell's historic "Four Freedoms" paintings through the lens of contemporary America. The series and synonymous "For Freedoms" project inspired Crystal Bridges Museum to host a series of panel conversations to engage the community. (Courtesy photos/Hank Willis Thomas + Emily Shur, and For Freedoms)

Reste à brancher les hauts-parleurs et si vous êtes fan d'Eddy Mitchell, d'écouter en boucle sa si jolie chanson, Un portrait de Norman Rockwell. La vidéo est illustrée avec des tableaux du peintre, mais attention, il y a un intrus dans la série !

 

  https://youtu.be/gkvRNIzQCpI


10 novembre 2020

Rio Lobo

 A ma collection perso s'ajoutent ceux que j'emprunte à la bibliothèque et quand Arte diffuse un western, c'est tout bonus pour moi. Bien que Rio Lobo, signé pourtant Howard Hawks ne m'ait pas paru si génial que cela. 

Une mise en bouche un peu longue pour expliquer la rencontre des deux personnages principaux, l'un colonel nordiste, Mc Bally, l'autre capitaine sudiste, Cordona. Certes l'attaque du train et le vol de l'or transporté est bien montée, mais ce n'est pas tout à fait le sujet. Le western proprement dit commence plus tard, dans le Sud du Texas lorsque Cordona signale à Mc Nally qu'il croit avoir retrouvé le traître, qui, depuis, a fait main basse sur la ville et contraint tous les propriétaires à lui vendre leur bien.


Comment deux individus audacieux vont à eux seuls rétablir la paix dans la petite communauté, est un scénario classique que Hawks croit renouveler en ajoutant trois jeunes femmes audacieuses, qui ont malheureusement l'air de sortir tout droit des années 70 : maquillages, coiffures,  costumes, attitudes : rien n'y fait, on ne voit que des actrices, pas des personnages

 En fait dans ce film aucun acteur n'a l'air de croire à ce qu'il fait, pas même John Wayne  (et sa chemise rose, encore un truc années 70  ? ) ! Sans doute parce que Hawks lui-même n'y croyait pas vraiment.  Sergio Leone s'était emparé du genre et le western italien accumulait les succès. Dans ce contexte, Rio Lobo fait un peu figure de chant du cygne du western américain classique, car il connaîtra bien sûr un renouveau.


09 novembre 2020

Vera Cruz

 Encore un western des années 50, l'âge d'or du western américain, bien que celui-ci se passe intégralement au Mexique, pendant l'une de ces innombrables révolutions qui opposent les forces gouvernementales aux forces populaires. On pourrait se croire parti pour un film historique, mais non, il s'agit bien d'un western puisqu'on y retrouve deux Américains que tout oppose, un aristocrate sudiste et un ruffian ordinaire accompagné d'une troupe de vauriens de son espèce. Sens de l'honneur d'un côté, absence de scrupules de l'autre, qu'importe, ils chevauchent de compagnie en espérant s'emparer de l'or de Maximilien qui doit être transporté jusquà Vera Cruz. L'amitié n'empêche pas la rivalité d'autant que les alliances et les complicités se nouent avec autant de facilité qu'elles se dénouent et que deux femmes viennent perturber un jeu déjà très compliqué. Rien de très inattendu dans ce scénario qui s'appuie surtout sur le jeu des deux acteurs principaux : Gary Cooper, plus aristo que jamais et d'une grande sobriété. Un regard appuyé, un sourire en coin lui suffisent. En face de lui Burt Lancaster qui n'aime rien tant que sourire à pleines dents et jouer de la prunelle.

 Le film est un peu gâché par la multiplication des scênes de nuit : les personnages se cherchent dans l'obscurité des écuries ou de la pampa, mais le spectateur n'y voit pas très clair non plus. Alrdich alterne les scènes de face à face entre les protagonistes avec quelques scènes de bataille spectaculaires que lui permet le très grand nombre de figurants mexicains, comme la grande chevauchée frontale  lorsque l'armée part à l'attaque ou le surgissement des peones sur les murs de l'hacienda. 

Vera Cruz marque certainement une date dans l'histoire du western, ne serait-ce qu'en élargissant son territoire traditionnel au Mexique et à la politique. John Sturges s'en est visiblement inspiré quand il a, en 1960, écrit Les 7 mercenaires. Le film de Robert Aldrich est donc un incontournable du genre. Peut-être pas mon préféré.

PS. malgré la photo en noir et blanc de mon billet, le film est bien en couleurs, en Technicolor !


07 novembre 2020

Trouvée sur Facebook ou ailleurs

 


 Je ne sais pas qui est l'auteur de ce montage photographique, mais juxtaposer la silhouette de Kamal Harris et l'ombre portée de Ruby Bridges, cette petite fille de 6 ans qui a intégré, à sa première rentrée scolaire, une école primaire qui jusqu'alors n'acceptait que des enfants blancs est une belle trouvaille.

Mais l'image ne se comprend bien que si l'on a en tête le tableau de Norman Rockwell intitulé The problem we all live with qui date de 1964, en pleine bataille pour les droits civiques.



1960 Ruby Bridges / 2020 Kamala Harris The way has been long and tortuous, still is, but ...

 

05 novembre 2020

Alyson Hagy, Les Soeurs de Blackwater

Quelque part dans les montagnes de Caroline du Nord, une femme seule, comme une survivante après une guerre ou une épidémie. Un homme venu de nulle part vient la trouver et lui demande de lui écrire une lettre, car elle seule sait encore utiliser de l'encre et du papier....

 

C'était un bon début pour un roman, non ? Mais quelque part en route je me suis perdue... La faute au Covid ? La faute aux élections américaines ? La faute à tout ce qui encombrait mon esprit ? Ou la faute à la romancière qui a engagé ses personnages dans une sorte de quête spirituelle un peu trop complexe, un peu trop  irréaliste.


03 novembre 2020

L'homme des vallées perdues


Dans ma série "westerns revisités", celui-ci a été un peu plus difficile à localiser et j'avoue qu'il m'a paru d'abord un peu ringard : le costume beige façon David Crockett que porte Shane au début du film (heureusement, il en change rapidement pour adopter la chemise et le jean du rancher local), la coiffure  et les regards énamouré de l'épouse, l'omniprésence du gamin "qui récite si bien son rôle",  les méchants plus visiblement méchants que jamais avec Jack Palance dans l'un de ses premiers rôles de vilain, bref le film ne mégote pas avec les clichés, qui à l'époque il est vrai (1952) ne faisaient peut-être pas autant office de clichés que maintenant. L'intrigue tourne autour du thème classique de la rivalité entre éleveurs et agriculteurs, chacun revendiquant ses droits à disposer du territoire comme ils l'entendent. 

De ce film qui m'a paru terriblement daté, je retiendrai néanmoins l'affrontement verbal entre l'éleveur et le fermier à propos de droit du sol que chacun revendique, alors qu'on été exterminés ceux qui en premier la possédaient ou plutôt l'occupaient. L'ébauche d'une prise de conscience ? 


 

02 novembre 2020

Ricardo Romero, Je suis l'hiver

 Il s'appelle Pampa Asiain. C'est un jeune flic argentin, qui pour son premier poste se retrouve loin, très loin de Buenos Aires. Et qui découvre le cadavre d'une jeune fille pendue à un arbre. Meurtre ? Suicide ?

Dire du roman de Ricardo Romero qu'il s'agit d'un polar serait bien trop simple. Parce que la résolution de l'intrigue - que l'on ne perd jamais de vue - n'est pas la seule raison du livre. Et pourtant jamais on n'oublie l'enquête qui doit mener le lecteur à une explication. Mais entretemps, le lecteur en question aura découvert une région, mais aussi une saison, l'hiver, et des personnages qui semblent flotter dans leur vie.

Le lecteur aura surtout découvert le talent d'un jeune auteur argentin, qui maîtrise parfaitement l'art du roman : il sait planter un décor, dilater le temps, faire évoluer des personnages autour d'une intrigue montée un peu comme le Boléro de Ravel puisqu'à chaque chapitre s'ajoute un personnage qui complexifie le roman. 

Pampa Asiain, est un jeune flic, encore novice dans son métier, qui prend le temps de réfléchir, de s'interroger, sans jamais perdre de vue l'enquête qu'il mène mais sans précipitation non plus. Ce qui donne parfois au roman une impression de ralenti comme au cinéma,  peut-être parce que la résolution de l'intrigue importe moins que la façon de la raconter. Mais n'est-ce pas cela le propre de la littérature ?

01 novembre 2020

Dans la ville....

L'oeuvre  de l'homme, celui de la nature.