13 septembre 2011

Un autre film iranien


On remarque d'abord les couleurs et la lumière : des couleurs sombres, des bleus, des noirs, à peine éclairées d'un peu de blanc. Beaucoup de scènes de nuit, avec à peine un néon, un reflet dans une vitre pour trouer l'obscurité. Mais ce parti-pris esthétique s'accorde parfaitement avec la teneur du film.
Le personnage principal est une jeune femme, seule - son mari, journaliste et défenseur des droits de l'homme vit ailleurs, sans doute dans la clandestinité. Nous sommes en Iran et la jeune femme a choisi de s'exiler. "Quand on se sent étrangère dans son propre pays, autant être étrangère à l'étranger."
Elle a recours à une officine qui conseille les candidats au départ et leur procure les papiers nécessaires. Prestations payantes bien entendu; les bakchichs sont en plus ! Il s'agit pour la jeune femme de tomber enceinte, puis de se rendre à un congrès à l'étranger (tout s'achète, même les articles susceptibles de valoir une invitation à un congrès ) et d'accoucher là-bas. Le stratagème est particulièrement tordu, mais devrait fonctionner si un grain de sable, en l'occurrence un chromosome en trop, ne venait tout remettre en question.
Noura, la jeune femme est seule, si terriblement seule pour faire face au dilemme : avorter s'il est encore temps et perdre sa seule chance de quitter l'Iran, garder l'enfant et acheter ainsi sa liberté (?). Quand son mari refuse de partir, elle est plus seule que jamais. Seule et désespérée, mais farouchement obstinée.

Mohammad Rasoulof a réalisé un film aussi beau que poignant. Un film qui, sans éclat ni complaisance parvient à faire comprendre au spectateur ce que c'est que de vivre dans un régime oppressif où ce qui n'est pas interdit par la loi, l'est par la religion, ou même simplement par la tradition.

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