16 décembre 2011

Tous au Larzac

Cela a été le mot d'ordre des années 70. Cela pourrait être aujourd'hui le mot d'ordre des cinéphiles autant que des nostalgiques de ces années-là. Car le documentaire de Christian Rouaud est vraiment excellent.

J'allais voir le film en traînant un peu les pieds; de l'histoire ancienne tout cela ! Mais je me suis vite rendue compte que cette histoire, en fait, je ne la connaissais pas. Pour la raison simple que je ne vivais pas en France pendant ces années-là.

Or le film reconstitue parfaitement le fil de l'histoire, sans abuser des documents d'archives et en donnant la parole à ceux qui ont "fait" le Larzac. Paysans ordinaires comme ils se définissent eux-mêmes, peu informés de ce qui se passe ailleurs, sans conscience politique particulière mais amoureux de leurs terres et suffisamment ouverts pour accueillir hippies et maoïstes venus leur prêter main forte pour résister contre l'extension du camp militaire, puisque tel était l'enjeu de la lutte.
La première surprise du film est là, dans ce mariage entre la carpe et le lapin, qui, vu d'ailleurs, paraît hautement improbable et a pourtant durablement fonctionné. En dépit des difficultés ! La construction de la grande bergerie par des mains bien intentionnés mais malhabiles parce qu'elles n'avaient jamais touché ni truelle, ni brouette est tout à fait .... "édifiante" !

Mais la bergerie est bien là, toujours là. Elle témoigne de ce qui , un temps, a été possible. Elle témoigne aussi de l'extraordinaire créativité de ceux qui étaient prêts à tout pour garder leurs terres, qui ont dû tout apprendre des luttes sociales, et inventer au fur et à mesure les moyens de leur action. L'imagination au pouvoir ! Vieux slogan soixante-huitard !
Le film bien sûr ne peut que survoler l'histoire du Larzac; c'est au spectateur de reconstituer l'intégralité de l'histoire, d'imaginer les discussions à perte de vue, les réunions qui n'en finissent pas, les nuits entières passées à chicailler sur un mot, à ronéotyper des tracts, les polémiques, les déceptions, les découragements. Mais 9 ans, 9 ans de lutte, entre, d'un côté, une armée et son gouvernement et de l'autre une poignée de paysan aidés de quelques gauchistes libertaires. Vraiment c'est une belle histoire. Et un beau film ! Le pot de fer contre le pot de terre et pour une fois, c'est le pot de terre qui a gagné.

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