Depuis que je l'ai découvert, je reviens souvent aux Sourires du Sage de Wang Meng. Un peu comme je reviens toujours au livre de Jean-Paul Dubois, Parfois je ris tout seul. Ces deux livres ont en commun de pouvoir se lire par petites bribes, au hasard des pages. Sous titré "Brèves d'écritoire" le livre de l'écrivain chinois met en scène Lao Wang, un personnage mi-naïf, mi-roublard qui pose sur la vie un regard souriant certes, mais très incisif. Chaque récit se constitue autour d'un micro événement, souvent drôle : au lecteur de tirer lui-même la leçon. Un La Fontaine chinois ? mais en beaucoup plus subtil!
Un exemple ?
"C'est bien la pire peine..." se répétait Lao Wang
Il arrivait que Lao Wang se sente mal dans sa peau... Prenait-il un livre ? Au bout d'une page, il lui tombait des mains. A table, il avalait plus qu'il ne mangeait, ne trouvant aux mets nulle saveur. S'il allumait la télévision, c'était pour zapper quinze fois par minute, trouvant à chaque programme aussi peu d'intérêt : il maudissait studios, plateaux, canaux, à quoi bon un tel bouquet si toutes les émissions sont nulles? Une seule chaîne ferait aussi bien l'affaire! Il se risquait à chanter un air d'opéra, mais détonnait dès la première mesure. En désespoir de cause et de moral, il allait jusqu'à regarder des vidéos pronographiques! Mais, quels qu'ils fussent, les films X le laissaient froid.
"C'est bien la pire peine, se disait alors Lao Wang, de ne savoir pourquoi j'ai tant de vague à l'âme. "
WANG MENG, Les Sourires du Sage, Bleu de Chine, 2003 (p.43)
En outre, chaque récit est accompagné d'un dessin de Xie Chunyan ou Kang Xiaoyu : double régal!
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