Tourne la roue...

Tournent les jours !
Et je me souviens - vaguement - que Blaise Cendrars était obsédée par les roues.
Toutes les roues :
- celles du Transsibérien,
- la roue de Kim ...
"Est-ce cela la Roue des Choses à laquelle les Hommes sont liés, semant le Mal, selon ce que le vieux lama enseignait à Kim, cette Roue dont le moyeu est l'oeil animal de la souffrance, la Douleur de vivre, cette hypnose ? "
- mais aussi la Grande Roue de Paris, construite pour l'Exposition Universelle de 1900 et démontée en 1937 , à laquelle celle d'aujourd'hui fait écho.

La statue dorée du Trocadéro

De loin, elle brillait dans le soleil.
Indifférente à la foule qui se pressait sur l'esplanade du Trocadéro.
Soucieuse seulement de profiter des derniers rayons de soleil.
Maussade.
Ou simplement lasse.
D'un geste discret relevant sa jupe, comme une enfant exhibant son genou blessé, écorché peut-être.
Paisible ?
Sereine ?
Je ne crois pas.

Elle fait partie des huit statues qui gardent l'esplanade des Droits de l'Homme.
Huit statues de bronze doré.
Visiblement ce n'est pas assez !
Un pigeon s'est posé à côté d'elle qui semble lui aussi monter la garde.
Mais huit statues et un pigeon ne peuvent pas grand chose pour lutter contre ceux qui chaque jour, bafouent les Droits de l'Homme.

Voici ce que j'ai trouvé devant mes fenêtres hier matin !
C'est beau, vraiment très beau, la neige.
Mais moi je préfère la mer ...

D'ailleurs je suis certaine que les oiseaux aussi préfèrent la mer !
Transis de froid, à quoi peuvent-ils bien rêver si ce n'est à la mer, ses bleus, sa lumière, son horizon infini ...

Deux faisans dodus

Quatre jours d'absence.
Quatre jours loin du jardin...
Le faisan dodu en a profité pour inviter l'un de ses compagnons; ils sont désormais deux à venir chercher pitance au pied de l'arbre.
Un couple sans doute mais comment distinguer le mâle de la femelle ?

Et puis : faisans dorés originaires de Chine ou faisans de Colchide apparemment beaucoup plus communs ?

Croyez-vous qu'il soit si facile d'identifier ces oiseaux dans le brouillard épais qui couvre le jardin depuis deux jours ?
D'autant que pour ne pas les effaroucher, je les ai photographiés à travers la vitre !
Alors, si vous savez, n'hésitez pas !

Un faisan dodu

Depuis quelques jours, un faisan dodu et bien peu farouche, arpente à grands pas le jardin : il a repéré la mangeoire accrochée sur le liquidambar et dispute aux oiseaux leur pitance.

La première fois, il s'est envolé dès que j'ai ouvert la fenêtre. Et quand, quelques heures plus tard j'ai entendu des coups de feu, je me suis dit que les chasseurs lui avaient fait la peau.
Mais non ! Il est revenu quelques jours plus tard et semble avoir fait de cette incursion domestique, une habitude.
Pour combien de temps ?

Il me semblait bien...

J'avais en tête, depuis ce automne, un poème qui parlait d'Ispahan.
J'ai mis longtemps à le retrouver.
C'était un poème d'Apollinaire.
Comment n'y ai-je pas pensé plus tôt ?
Le voici :

Pour tes roses
J'aurai fait
Un voyage plus long encore

Ton soleil n'est pas celui
Qui luit
Partout ailleurs
Et tes musiques qui s'accordent avec l'aube
Sont désormais pour moi
La mesure de l'art
D'après leur souvenir
Je jugerai
Mes vers les arts
Plastiques et toi-même
Visage adoré

Ispahan aux musiques du matin
Réveille l'odeur des roses de ses jardins

J'ai parfumé mon âme
A la rose
Pour ma vie entière

Ispahan grise et aux faïences bleues
Comme si l'on t'avait
Faite avec
Des morceaux de ciel et de terre
En laissant au milieu
Un grand trou de lumière
Cette
Place carrée de Meïdan
Schah trop
Grande pour le trop petit nombre
De petits ânes trottinant
Et qui savent si joliment
Braire en regardant
La barbe rougie au henné
Du Soleil qui ressemble
A ces jeunes marchands barbus
Abrités sous leur ombrelle blanche

Je suis ici le frère des peupliers

Reconnaissez beaux peupliers aux fils d'Europe
O mes frères tremblants qui priez en Asie

Un passant arqué comme une corne d'antilope
Phonographe
Patarafes
La petite échoppe