Film d'ouverture du festival Ojoloco, Marco, l'énigme d'une vie se présente comme un film de fiction, bien qu'il s'appuie sur des faits et surtout sur un personnage emprunté à la réalité : Enric Marco qui, pendant des années, s'est fait passer pour un survivant des camps de concentration et dont l'imposture n'a été dévoilée qu'en 2005 par un jeune historien obstiné. En 2015 Javier Cercas s'était emparé du sujet et avait publié L'Imposteur, un "roman" qui avait suscité quelques remous. Le film d'Aitor Arregj et Jon Garano ne cherche ni à confirmer une vérité, désormais largement établie, ni à la remettre en question. Leur propos me semble-t-il dépasse cet enjeu immédiat en proposant au spectateur une réflexion plus large sur l'écart entre vérité et mensonge.
En effet, Marco ne cesse d'inventer son histoire, de "broder" à partir de fait attestés, de mentir donc, mais avec panache. Il est écouté et son histoire est médiatisée. Elle sert une cause, celle des déportés et du "devoir de mémoire". Une imposture utile? Ou juste une imposture ? Les raisons qui poussent Marco à s'accrocher à ses mensonges, son besoin compulsif d'en rajouter, son besoin d'être sur le devant de la scène, oui tout cela est bien montré. Mais importe moins que la réflexion sur le rôle des médias et des politiques lorsqu'ils s'essayent à manipuler la vérité. Le film parle d'un imposteur du passé; au spectateur de s'interroger sur les imposteurs du présent.
Imposteur, subst. masc : Celui qui trompe, qui abuse autrui par des mensonges, de fausses promesses, dans le but d'en tirer un profit matériel ou moral.