21 juillet 2025

Eddigton

 Ce doit être le Stetson sur la tête de Joachim Phoenix qui pousse les critiques à parler de western. Mais non, Eddington n'est pas un western, pas vraiment un polar non plus, juste un film d'un genre pas très défini, qui fait le tour de tous les problèmes qui menacent la démocratie américaine. Cela commence par des disputes à propos du port du masque et des vaccins, complotistes et illuminés à l'affut, cela continue avec le racisme endémique, mais de plus en plus insupportable, les manifestations et l'éveil à la conscience politique des "blancs privilégiés", les droits tribaux constamment bafoués, les violences sexuelles et pour aggraver le tout, l'omniprésence des téléphones qui permettent à chacun de poster n'importe quoi - mais toujours hors contexte - sur les réseaux sociaux... l'énumération n'en finit pas, mais se résume en deux mots "fanatisme" et surtout "bêtise". Voilà pourquoi le film joue en permanence sur l'excès, le manque de retenue, tourne parfois au grand guignol et se termine dans une apothéose de violence. 

Je n'ai vu aucun des précédents films de Ari Aster, connu pour jouer sur l'horreur et le fantastique. Mais ce qu'il donne à voir de l'état de l'Amérique m'a paru terriblement réaliste, d'autant qu'il le situe non pas dans une des villes comme Los Angeles ou Chicago régulièrement traversées par des accès de violence, mais dans une petite ville, certes imaginaire, du Nouveau Mexique. Une petite ville tranquille où d'habitude il ne se passe rien. Mais là, d'un seul coup, tout dérape et il n'y a pas de retour en arrière possible. Le cauchemar des années à venir ? Pour Eddington, Ari Aster a peut-être renoncé au fantastique mais certainement pas à l'horreur : celle d'une société totalement chaotique, sans repères communs, où chacun est persuadé de tenir la vérité et s'enferme dans une bulle paranoïaque, où plus personne n'essaye de comprendre personne et finit par croire que seules les armes résoudront le problème. "Stop the world, I want to get out... " Mais ouf, ce n'est que du cinéma n'est -ce pas ?  Ou bien ....

13 jours, 13 nuits

Enfin un film d'action ! En tout cas un film qui n'est pas centré sur les problèmes d'un seul individu, mais carrément sur les malheurs du monde, puisqu'il s'agit de l'évacuation de l'ambassade de France de Kaboul en août 2021. 

13 jours, 13 nuits c'est long quand vous avez la charge de filtrer et d'évacuer au plus vite des milliers de personnes qui ont envahi le territoire de l'ambassade dans l'espoir de fuir le régime des talibans. Mais 13 jours, 13 nuits c'est aussi très court parce qu'il y a tant à faire, tant à organiser, tant à prévoir et que l'Elysée tarde à répondre, tarde à donner le feu vert alors que la situation s'aggrave de jour en jour. 

Rien de neuf sous le soleil : Saïgon, Phnom Pen, Téhéran ... les films, les livres, mais surtout les reportages nous ont hélas habitués à cette débandade frénétique de tous ceux qui essayent de fuir un pays parce qu'ils savent que rester c'est à coup sûr la prison et sans doute la mort. Et bien que le déroulé de l'action soit connu ou au moins prévisible, Martin Bourboulon, le réalisateur parvient à maintenir une tension constante dans son film qui n'a rien à voir avec le suspense d'un film d'action ordinaire, mais tout à voir avec la tragédie en train de se dérouler sous nos yeux. Pour les hommes chargés de l'évacuation il faut parer à tous les dangers, rassurer mais aussi bloquer une foule en panique, mesurer les risques, mais aller au-delà quand même, être prêt à utiliser les armes, mais négocier jusqu'au bout. Le succès de l'opération repose sur le Commandant Mohamed Biba,  à 15 jours de sa retraite, mais en choisissant de mettre en avant un certain nombre de personnages secondaires, le cinéaste évite l'écueil de l'hagiographie. On sort du film, un peu secoué, parce que l'évacuation de l'ambassade de Kaboul,  ce n'est pas seulement du cinéma, c'est tout simplement de l'histoire. Une histoire très récente. 


 

16 juillet 2025

Loveable

 Encore un film norvégien, encore une histoire d'amour, encore une histoire de couple ... c'est l'été qui veut cela ?

Le film de Lilja Ingolfsdottir fait irrésistiblement penser aux films de Bergman puisqu'il s'agit d'une plongée profonde dans la psychée d'une personne et dans la dissolution progressive et irréversible d'une histoire d'amour qui avait commencée comme une relation fusionnelle. Pourquoi pas. Le film est plutôt bien fait, pas statique du tout; plutôt bien joué  par les personnages principaux autant que par les personnages secondaires. Oui mais .... dans cette histoire, c'est surtout au comportement de la femme que l'on s'intéresse, à ses exigences, ses doutes, son manque de confiance, sa fragilité, pour expliquer l'échec du couple. Coupable, forcément coupable ! Ben non ! Il faudrait pour équilibrer cette histoire un deuxième film, avec un point de vue aussi empathique sur les erreurs et les insuffisances du mari. 


 

14 juillet 2025

La Venue de l'avenir

 Une remontée généalogique entre 2025 et 1885. Autres temps autres moeurs, évidemment.  Avec de surcroît un alibi culturel (la peinture, la photographie) et touristique (Paris, ville lumière, la Normandie, le jardin de Giverny, ... ), sans oublier la nostalgie (?) des maisons closes. Décorateurs et costumiers ont dû se régaler. Le film de Klapish,  un peu trop fourre-tout et pas vraiment subtil, ne m'a pas emballée. Mais par temps de canicule, le salles de cinéma sont des havres de fraîcheur ! 


 

13 juillet 2025

La trilogie d'Oslo : Rêves

Rêves est le premier volet de la trilogie d'Oslo,  un projet ambitieux du cinéaste norvégien  Dag Johan Haugerud. Est-il assez convaincant pour me donner envie d'aller voir les deux autres volets ? Je n'en suis pas certaine. Certes il exprime avec une certaine justesse les émotions d'une adolescente, tombée amoureuse d'une de ses enseignantes, et leurs répercussion sur sa mère et sa grand-mère, féministes toutes les deux, mais pas de la même façon. Quatre portraits de femmes donc, à des âges différents de la vie, plutôt bien vus. Les attitudes, les sentiments, les dialogues, tout est bien observé et parfaitement rendu. Mais voilà, cela fait au final beaucoup de mots, beaucoup de phrases et il m'a toujours semblé que si le théâtre est bien le lieu de la parole, celui du cinéma est prioritairement celui de l'image et du mouvement. Oui, je suis un peu bornée sur sur ce point !  Ceci dit et malgré mes préjugés, Rêves est certainement un film passionnant pour qui s'intéresse à la psychologie des individus, des femmes en particulier et d'une certaine façon à l'évolution de la société. 


 

12 juillet 2025

Aharon Appelfeld, La Ligne

Depuis que le film La Chambre de Mariana est sorti, on parle beaucoup de cet écrivain né en Roumanie, en 1932, rescapé des camps, réfugié en Israël depuis 1946 et considéré comme un écrivain majeur de la Shoah. Histoire d'une vie, paru en français en 2004 était plus classiquement autobiographique que La Ligne, écrit en 1991 et publié en français en mars de cette année. Mais si La Ligne emprunte un peu plus au genre romanesque, puisque le narrateur est un homme qui refait inlassablement depuis des années le même circuit en train à la poursuite de l'homme responsable de la mort de ses parents, les éléments biographiques sont toujours là, en arrière-plan. . Les paysages défilent; les gares, les pensions où le narrateur revient toujours, les gens qu'il retrouve régulièrement au rythme des ses voyages soulignent le côté obsessionnel d'une mémoire qui ne parvient à oublier ni la permanence de l'antisémitisme, ni le renoncement au communisme. La Ligne ressemble à un récit de voyage, mais un voyage en boucle; ressemble aussi à un polar, puisqu'il s'agit de retrouver un assassin; mais c'est plus encore un texte qui, sous des dehors romanesque, pousse à réfléchir sur ce que signifie être juif, dans un siècle qui après tant de pogroms a connu la Shoah. 


 

11 juillet 2025

Le Jardin d'été

Le film de  Shinji Somai et Yozo Tanaka date de 1994. Je l'aurais su avant de voir le film, j'aurais peut-être été plus indulgente.  Mais dès les premières images j'ai été désagréablement surprise par la qualité de la pellicule, genre Kodachrome un peu trop saturé. De plus, si le point de départ - la curiosité des enfants vis à vis de la mort - était intéressant, et a conduit l'improbable trio à espionner un vieillard, puis se lier d'amitié avec lui jusqu'à en faire le meilleur compagnon de leur été, je me suis assez vite lassée d'un thème un peu trop rebattu (le vieillard et l'enfant), qui n'avait de neuf que d'être japonais. Mais ce qui m'a surtout gêné dans ce Jardin d'été, c'est le jeu des gamins, à commencer par un casting caricatural : petit avec des lunettes, obèse et juste normal souligné de surcroît par les surnoms dont ils écopent.  J'avoue avoir toujours un peu de mal avec les enfants-acteurs, mais ceux-là vraiment, m'ont rappelé ... La guerre des boutons (!) sans doute à cause du plu petit, véritable moulin à parole. Entre allergie épidermique et attendrissement, j'ai hélas penché du côté de l'agacement. 


10 juillet 2025

La soif du mal

Parmi les plaisirs de l'été, il y a les "reprises" de film un peu oubliés, ou de grands classiques qui n'étaient pas ressortis depuis longtemps. 

Fan inconditionnelle d'Orson Welles (à égalité avec Kübrick !), j'avais néanmoins achoppé sur La Soif du mal, vu plusieurs fois, mais qui m'avait paru trop confus pour être convaincant. La version proposée aujourd'hui est non seulement restaurée, mais modifiée pour correspondre non plus au projet mercantile des producteur, mais aux intentions de Welles.  Furieux des modifications apportées au montage par le studio, celui-ci avait rédigé une note de 58 pages pour préciser les changements à apporter. La version présentée actuellement tient compte de ce document et le résultat est époustouflant. J'ai enfin trouvé le film clair - bien que la complexité de l'intrigue demande toute l'attention du spectateur - et franchement éblouissant : la pertinence des mouvements de caméra, la perfection des cadrages, des gros plans qui enferment les personnages et font monter l'angoisse, l'alternance des scènes d'intérieures, et plus rares de scènes urbaines, avec un travail sur la lumière qui donne au noir et blanc toute sa force. Un film d'Orson Welles, c'est souvent un dilemme moral, mais c'est avant tout une aventure visuelle totalement maîtrisée, par le réalisateur et son équipe.  

S'il y a un film à ne pas manquer cet été, c'est bien celui-là. Mais attention, il n'y a pas tant de séances que cela.  Et c'est sur grand écran qu'il faut le voir, c'est dans les salles obscures qu'il éblouit. 

 


 

 

21 juin 2025

Soviet Jeans


Soviet jeans est une série assez drôle sur un sujet qui l'est nettement moins. En Lettonie, à la fin des années 70, encore sous contrôle soviétique, un jeune costumier récupère des jeans achetés aux touristes pour les revendre au marché noir. Inévitablement, il tombe amoureux de la jeune femme venue mettre en scène une pièce au théâtre de Riga; un jeune cadre ambitieux du KGB, par rivalité plus que par idéologie parvient à le faire arrêter et enfermer dans un hôpital psychiatrique où avec l'aide de ses compagnons d'infortune il va monter un business à grande échelle. Au nez et à la barbe de certains, mais avec la complicité de quelques autres. Système D et corruption. 

Huit épisodes, il n'en faut pas moins pour montrer la débrouillardise des uns, face à la stupidité des autres qui ont hélas à leur disposition tout un système oppressif et répressif: écoutes, filatures, menaces et pour finir enfermements psychiatrique, avec à la clé camisoles médicamenteuses et électrochocs. Mais le pire, c'est sans doute la méfiance de tous vis à vis de tous dans un système où tout le monde est espionné et tout le monde espionne, par contrainte et non par choix, car d'idéologie il n'est pas vraiment question. Mais de déviance politique et de déni démocratique, oui, tout à fait. 

On rit bien sûr dans cette série, un rire de soulagement, car la Lettonie c'est loin et 1979 c'est de l'histoire ancienne. Pourtant sommes nous tellement sûrs de notre démocratie, de notre liberté d'expression, de l'égalité de tous devant la loi etc. etc. ? 

En replay sur Arte.  

20 juin 2025

Enzo

Une belle villa avec piscine, une "villa de milliardaire", mais ce n'est pas la piscine d'Enzo, c'est la piscine de ses parents. Et bien que son père et sa mère soient très attentifs au malaise de leur gamin, Enzo ne trouve pas sa place dans cette famille marquée de tous les signes de la réussite. Alors il s'engage comme maçon et se confronte à un autre monde, plus simple, mais aussi plus brutal, plus précaire. Plus vrai peut-être, et plus ouvert sur le monde puisqu'il y côtoie des maçons ukrainiens qui ont fui la guerre. 

Le film que Laurent Cantet n'a pas pu réaliser et dont son co-scénariste, Robin Compillo a pris en charge le tournage, témoigne du regard aiguisé que les deux cinéastes portent sur la société, sans se laisser enfermer dans des clichés pourtant très à la mode sur le mal-être des transfuges de classe. Enzo est bien un transfuge, mais un transfuge à rebours puisqu'il récuse le milieu "bourgeois" de sa famille et choisit, contre l'avis même de ses parents, de renoncer à une trajectoire pourtant à sa portée, pour se rapprocher des classes dites populaires. 

La réflexion sociale, se double pour Enzo, d'une réflexion sur l'identité sexuelle, une deuxième thématique qui n'était peut-être pas indispensable, mais qui contribue à complexifier le personnage et à montrer que le passage à l'âge adulte, est pour certains adolescents, une vraie remise en question de leurs valeurs, sexuelles, sociales, politiques. Une vraie mise à l'épreuve, particulièrement chaotique dans le cas d'Enzo.


19 juin 2025

Akira Yoshimura, Le Convoi de l'eau

 


 Ce n'est pas une nouveauté. Et l'auteur, Akira Yoshimura n'est pas un inconnu du moins au Japon. Publié en 1976, le livre n'a été traduit en français qu'en 2009. 

C'est une histoire étrange  ou du moins inhabituelle autour du chantier de construction d'un barrage dans une vallée reculée et difficilement accessible, au milieu des montagnes. Un village existe pourtant ou des paysans vivent là depuis toujours, indifférents aux transformations que leur environnement est en train de subir.  

Le convoi de l'eau est un roman à la fois très réaliste - le chantier - et quasiment ethnologique - le village et ses habitants que le narrateur, ouvrier sur le chanter, observe intensément. Il ne s'agit pas vraiment d'une confrontation, tout au plus d'une juxtaposition de deux mondes antinomiques. Celui de la tradition, imperturbable et celui de la modernité, souvent destructrice au nom même du progrès. De quoi, dans un premier temps, intriguer le lecteur avant de le faire réfléchir. 

18 juin 2025

A normal family

 Les films coréens ont la réputation d'être souvent violents. Le film de Jin-Ho-Hur comporte effectivement quelques scènes de violence, mais il propose surtout une réflexion sur la violence. 

Une famille normale donc, et le réalisateur prend le temps de bien mettre en place les 6 personnages principaux. Deux frères, l'un chirurgien, qui met ses compétences au service des autres,  au service des victimes; l'autre, un avocat qui n'hésite pas à défendre les coupables, pourvu que cela lui rapporte de l'argent. Deux frères qui, de toute évidence, ne partagent pas les mêmes valeurs ... 

Deux frères, deux compagnes et deux enfants adolescents... Oui le réalisateur prend le temps de montrer des personnages suffisamment complexe pour donner au spectateur tous les éléments qui vont lui permettre de mesurer les enjeux de la confrontation brutale qui finit nécessairement par arriver. Il s'offre même le luxe de mettre deux dîner au début et à la fin du film, l'un simplement hostile, rien n'est encore joué, l'autre où tout bascule. Il ne reste plus au spectateur qu'à s'interroger sur ce qu'il ferait lui-même, s'il se trouvait - ce que l'on ne peut souhaiter à personne - devant le même dilemme : comment réagir devant la violence de l'être humain et de la société en général. Comment réagir quand elle est le fait de votre propre enfant ? 

Je me souviens d'une nouvelle de Dino Buzzati qui mettait en scène, dans un jardin public, une mère et son petit garçon maltraité par les autres enfants et dont on n'apprend le nom qu'à la dernière ligne. Oui, même Hitler avait une mère ! et je me suis toujours demandé ce que des parents peuvent ressentir quand ils apprennent que leur enfant est un assassin. C'est bien la question que nous pose le réalisateur. Un film profond, mais glaçant.

17 juin 2025

Life of Chuck

 Je ne suis pas certaine d'avoir tout compris dans ce film qui évoque, en trois volets, la vie d'un certain Chuck qui meurt à 39 ans. Mais ce n'est pas grave parce que c e sont les images qui parlent ou plutôt qui suggèrent : au spectateur d'interpréter et de voir dans le film de Mike Flanagan, une tragédie : oui, la vie est une maladie mortelle, ou une comédie : on joue, on découvre, on apprend, on aime, on danse ... ah, la séquence de danse ! inoubliable !  Et je retournerai volontiers voir le film rien que pour elle ! 

La vie de Chuck c'est l'histoire banale d'un individu, qui naît, vit et meurt; mais c'est aussi, si l'on veut aller jusque-là, un film existentiel qui s'interroge sur la permanence ou l'impermanence de l'univers qui cesse d'exister chaque fois que meurt un individu.

Mais, quel que soit le niveau d'interprétation auquel chacun s'arrête, une chose est sûre, La vie de Chuck est un film dont on sort plein d'allant et la tête légère.

 



16 juin 2025

Ce nouvel an qui n'est jamais arrivé


Décembre 1989 ! Timisoara, Ceucescu, la révolution roumaine...  C'est déjà de l'Histoire, mais de celle que l'on n'oublie pas. Et le film de restitue à merveille l'atmosphère de ces jours qui ont précédé la chute du tyran. Mais pas seulement. Parce que c'est tout un climat d'interdits, de suspicion, de méfiance, qui était celui des pays sous domination soviétique. Bogdan Muresanu, pour son premier long métrage, propose au spectateur de suivre 6 personnages, qui s'efforcent de poursuivre une vie "normale" dans un climat de paranoïa totale devant les absurdités d'un régime dictatoriale. Montage alterné pour mieux suivre chacun des personnages et le Boléro de Ravel (un peu incongru il est vrai) pour mieux souligner la montée de la tension jusqu'à l'éclat final. C'est juste, c'est vrai et sur un écran assez drôle, bien que la réalité historique n'ait pas franchement prêté à rire. Mais avec le recul ...


Eowyn Ivey, Une Histoire d'ours

L'Alaska ! Trop loin, trop grand, trop froid, trop montagneux ... et puis franchement, l'Amérique en ce moment n'est pas vraiment fréquentable ... 

Une histoire d'ours, le deuxième roman d' Eowyn Ivey, est en revanche très fréquentable et très dépaysant, bien que sa lecture soit susceptible de causer quelques frissons. Parce que vivre dans une cabane isolée au milieu de la nature, une nature aussi sauvage que grandiose, est certes exaltant et une bonne partie du roman tente à en convaincre le lecteur. Mais l'isolement comporte aussi un certain nombre de dangers, surtout quand Birdie, sur un coup de tête, décide de gagner la forêt avec sa fille Amaleen, et de s'y installer aux côtés d'un homme du genre taciturne et pour tout dire bizarre qu'elle vient à peine de rencontrer. Birdie est une femme pleine d'énergie, une mère attentionnée et la petite fille est pleine d'initiatives. Ce qui devrait leur permettre de faire face à toutes les situations... ou presque. 

Voilà, le roman est lancé, et on ne le lâche plus  parce qu' Eowyn Ivey joue habilement de l'écriture des grands espaces si chère Gallmeister, son éditeur en France, et le fantastique, avec comme une envie de retour à l'état sauvage. La vie au plus près de la nature et des animaux, oui, mais avec un petit filet de sécurité quand même et un gentil vieil homme qui utilise son avion pour venir prendre des nouvelles et compléter l'avitaillement. On n'est aux Etats-Unis, en Alaska. pas dans les Carpates ...