26 août 2007

On dirait du Hopper

Mais ce n'en est pas .
Et l'orchidée n'est pas dans le tableau !
Elle pourrait, cependant...

20 août 2007

Un bon roman espagnol

Je viens de lire un bon roman : Les Soldats de Salamine de Javier Cercas, publié chez Actes Sud en 2002.
Il est toujours difficile de dire ce qu'est un "bon" roman.
Un roman intelligent ? Celui-ci l'est assurément qui bascule constamment entre réalité et fiction et permet au lecteur de comprendre comment, à partir d'une réalité toujours mal définie, s'en construit une autre, feinte bien sûr, mais pas fausse pour autant.
Javier Cercas est un jeune universitaire, diablement habile, qui mêle au roman la genèse du roman, de "son"roman puisque le narrateur, journaliste/écrivain s'appelle Javier Cercas et le roman qu'il projette d'écrire s'intitule Les Soldats de Salamine.
Mais Javier Cercas n'est pas un de ces littérateurs français qui se soûlent et nous soûlent d'autofiction ! Javier Cercas est espagnol et l'histoire qu'il raconte est une histoire de guerre, d'hommes plutôt et de la façon dont ils se comportent en temps de guerre, mais aussi en temps de paix, longtemps après que la guerre est finie. L'univers romanesque a besoin de héros; mais il n'est pas certain que la vie produise des héros. Ou alors, ils ne ressemblent pas du tout à l'idée qu'on s'en fait. Tel est la conclusion vers laquelle semble s'acheminer le romancier.

Il y a dans le roman de Javier Cercas, suffisament de flou, de doutes, d'hésitations pour que le lecteur à son tour s'interroge et c'est à cette possibilité qu'on reconnaît le "bon" roman : la possibilité de remettre en question des certitudes trop hâtivement acquises. Mais j'ajouterai que le roman ne fonctionne bien que si l'auteur donne à ses personnages suffisamment de chair et de vie pour que le lecteur puisse éprouver à leur égard plus que de la curiosité intellectuelle.
Et c'est le cas des soldats de Salamine, "ce peloton de soldats qui au dernier moment a toujours sauvé la civilisation."
Ce qui me permet d'affirmer que le roman de Javier Cercas est assurément un bon roman.

Pour en savoir un peu plus sur la bataille de Salamine, qui donne son titre au roman : http://hellada.free.fr/salamine.html


07 août 2007

L'homme de neige

Que savez-vous de la littérature yougoslave ? Pour ma part, rien du tout, vraiment rien.
Mais je suis tombée, il y a peu, sur un livre de David Albahari : L'homme de neige publié chez Gallimard en 2004 mais écrit en 1995.
Comment parler d'un écrivain ex-yougoslave ? faut-il le définir pas sa religion ? - il est juif -, par son origine géographique ? - il est né à Pec au Kosovo -, par sa langue ? - il parle le serbo-croate -, par son appartenance politique, son refus du nationalisme ?
David Albahari est tout cela, il est surtout l'homme qui a mal à son pays.
L'homme de neige, le narrateur lui ressemble comme un frère : exilé au Canada, c 'est un homme déchiré, qui regarde, les yeux vides, le monde autour de lui, un monde qu'il ne comprend pas, un monde qui ne le comprend pas. L' émigration est une souffrance, mais ici l'émigration est aussi une absence, définitive, absolue puisque la Yougoslavie n'existe plus, si tant est qu'elle ait jamais existé. Scruter les cartes ne sert qu'à renforcer cette sensation de vide, ce sentiment de manque, ce trouble de l'existence.

Par ce récit, ce monologue débité d'une seule traite, sans pause, sans chapitre ni paragraphe puisque les jours se succèdent sans que le narrateur parvienne à leur donner un sens, l'écrivain essaye de faire partager au lecteur le profond désarroi d'un homme sans pays, d'un homme désormais privé de tout repère. Le prix à payer pour avoir refusé de cèder à la tentation du nationalisme et des tueries qui s'ensuivent, pour avoir refusé de céder à la barbarie.
Je ne sais pas si David Albahari est, comme le dit la jaquette, "un des romanciers les plus important de l'ex-Yougoslavie", mais ce qu'il dit est important et il le dit bien.

http://www.bibliomonde.com/pages/fiche-auteur.php3?id_auteur=1388

06 août 2007

e.e.cummings

Ooooops ! j'ai failli oublier mon rendez-vous mensuel. L'été, le soleil.... bref les vacances : tout nous pousse à l'insouciance.
Alors, vite, vite un poème.
Juste assez coquin pour s'accorder à l'humeur estivale, mais dont la lecture est multiple, la graphie aussi importante que les sonorités, et la chute ... particulièrement subtile.
Un de mes poèmes préférés.
Un de mes poètes préférés.

may i feel said he

(i'll squeal said she

just once said he)

it's fun said she



(may i touch said he

how much said she

a lot said he)

why not said she



(let's go said he

not too far said she

what's too far said he

where you are said she)



may i stay said he

(which way said she

like this said he

if you kiss said she



may i move said he

is it love said she)

if you're willing said he

(but you're killing said she



but it's life said he

but you wife said she

now said he)

ow said she



(tiptop said he

don't stop said she

oh no said he)

go slow said she



(cccome? said he

ummm said she)

you're divine!said he

(you are Mine said she)

J'ai découvert e.e.cummings il y a bien longtemps; je ne suis pas certaine de toujours bien comprendre tous ses poèmes. Question de langue mais pas seulement : e.e. cummings est un des poètes les plus inventifs que je connaisse ; il joue avec les mots, il joue avec leur sonorité, il joue avec leur graphie, il joue avec la structure des phrases. C'est un jongleur qui réinvente la poésie à chaque ligne.

http://www.americanpoems.com/poets/eecummings/