13 octobre 2009

Biennale d'Art Contemporain à Lyon

La Sucrière : un ancien quartier portuaire et industriel, avec ce que cela suppose d'entrepôts, de hangars, d'escaliers métalliques. Il est récemment passé du stade de friche industrielle à celui de quartier en rénovation. Les grues rivalisent désormais avec les poutrelles des ponts de charge et les barricades de chantier se couvrent de graffitis.






















Au milieu des entrepôts désaffectés, des ruines maintenues en l'état, des bâtiments rénovés, émergent quelques constructions neuves, audacieuses dans leurs formes et leurs couleurs .
Le projet, intitulé Lyon Confluence est gigantesque et mérite, à coup sûr, qu'on s'y intéresse.
Mélanger le neuf avec le vieux, préserver l'esprit d'un lieu en s'inscrivant résolument dans l'avenir, voilà qui me paraît de bon augure.

En attendant, la Biennale d'Art Contemporain a éclaboussé de couleurs la façade de l'ancienne Sucrière et le vieux wagon oublié sur le quai.










A l'intérieur, c'est une autre histoire !
Les artistes contemporains ont depuis longtemps cessé de se soucier d'esthétique, c'est un fait. Beau, laid ne fait plus partie des critères d'appréciation d'une oeuvre. En revanche on peut continuer à se demander ce qu'elle signifie. Or le sens d'une oeuvre est rarement évident; pour en évaluer l'intérêt, pour comprendre les intentions de l'auteur, il est de plus en plus nécessaire de se reporter à des explications fournies par un intermédiaire (guide, audioguide, brochure) extérieur à l'oeuvre. L'oeuvre est devant nos yeux mais nous n'en avons pas les clefs.

Le thème de la Biennale 2009, Le Spectacle du quotidien était conçu, au dire de son commissaire, pour "repenser ce rapport entre les artistes, l'art et les gens pour que la cohérence entre le monde de la création et la société continue d'exister." L'intention est louable, mais son interprétation me laisse un peu perplexe. En effet j'ai parfois eu l'impression que l'art n'était plus considéré que comme un outil au service d'une cause.
Parmi les démarches qui m'ont le plus frappée il y a celle de Pedro Reyes qui a fondu le métal des armes récupérées, à son instigation, par le gouvernement mexicain, pour fabriquer des pelles qui serviront à planter des arbres. Beau projet, pacifiste et écologique. Artistique ? Je ne sais, même si les pelles accrochées au mur ont belle allure !
Dans la même salle, est exposé le travail du collectif Société réaliste qui a crée un faux site internet proposant une loterie pastichant celle qui est organisée chaque année par le gouvernement américain pour distribuer un quota de "cartes vertes", sésame indispensable à tout candidat à l'immigration. L'ennui c'est que le site avait l'air trop vrai et que des milliers de candidats en provenance des pays du Tiers-Monde se sont inscrits sur ce (faux) site. En parcourant des yeux ces fiches (avec photos d'identité !), j'imagine les espoirs déçus et je me demande s'il s'agit toujours d'une démarche artistique.
Le travail de Lin Yilin a, pour les mêmes raisons retenu mon attention. Vidéos et photos à l'appui, un homme (l'artiste en l'occurrence) se déplace avec difficulté sur un trottoir, un poignet relié à la cheville par une paire de menotte. Il s'agit bien entendu de dénoncer à la fois le traitement abusif d'un être humain (petit délinquant supposé) pas un autre être humain (policier), et l'indifférence des passants témoins de la scène.
Trois exemples ne font pas toute la biennale, mais ils me semble que ces exemples sont assez symptomatiques de l'orientation de certains artistes. Est-ce à dire que notre monde va si mal ?
Je ne sais pas, mais en tout cas c'est ce que j'ai retenu d'un bref passage à la biennale d'art contemporain de Lyon.

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