Même la pluie n'est peut-être pas un chef d'oeuvre cinématographique, bien qu'il soit dans la liste des films étrangers susceptibles d'obtenir un Oscar ! Mais c'est un film ambitieux, construit sur le grand principe brechtien du théâtre dans le théâtre, en l'occurrence, du film dans le film.
Une équipe de cinéastes est venu en Bolivie pour y tourner un film sur les conquistadores et entend bien dans ce film, dénoncer la façon dont les Espagnols ont exploité les Indigènes.
Mais rapidement les similitudes entre les conditions de tournage et son sujet font apparaître le vrai sujet du film : il n'est pas de fin à l'exploitation des hommes !
Exterminés au nom de la religion, spoliés au nom du capitalisme, les Indiens sont de surcroît exploités par les cinéastes eux-même, trop contents de ne les payer que 2 dollars par journée de travail. L'indignation "historique" donne bonne conscience et permet de fermer les yeux sur l'actualité.
Iciar Bollain, la réalisatrice, montre le lente prise de conscience du personnage principal, le producteur, qui, au début du film, s'irrite des mouvements sociaux qui mettent en péril plan de tournage et budget, et comprend peu à peu qu'il est des combats plus importants et qu'il n'est rien de plus précieux qu'une vie humaine.
Même la pluie n'est pas le premier film de cette réalisatrice espagnole, qui a de surcroît, une jolie carrière d'actrice derrière elle; elle a réalisé en 1999, Flores de otro mundo, un film intéressant bien qu'un peu maladroit, sur des mariages arrangés entre des femmes originaires d'Amérique latine, et des paysans d'un petit village perdu de Galicie.
Que son film obtienne ou n'obtienne pas l'Oscar m'importe peu, j'attendrai avec impatience le prochain film d'Iciar Bollain.
Mais la période cinématographique doit être favorable puisque j'ai vu, la même semaine, un autre film intelligent : Incendies de Denis Villeneuve d'après une pièce de Wajdi Mouawad.
Le sujet est en apparence tout simple : une soeur et son frère jumeau enquêtent sur le passé de leur mère, récemment décédée, pour retrouver un père et un frère dont ils ignoraient jusqu'à l'existence. Leur quête les contraint, et avec eux les spectateurs, à plonger dans l'horreur d'un conflit, dont les raisons importent moins que les implications humaines.
Bien qu'aucun lieu ne soit donné, aucun nom ne soit cité chacun identifie aisément le conflit. Mais la barbarie n'a pas de frontière, ni spatiale ni temporelle; elle est universelle et c'est pour cela que le film nous touche. Ce qui s'est passé ici, hier, se passera demain, ailleurs !
Incendies, Même la pluie sont des films ancrés dans une réalité historique bien précise. Mais c'est la fiction qui en souligne le sens.
J'ai vu également le dernier film de Jia Zhang Ke, dont j'attendais beaucoup, trop peut-être. I wish I knew, histoires de Shanghaï est indiscutablement un autre film intelligent, mais terriblement ennuyeux. Le cinéaste reprend le même procédé que dans 24 City; les portraits hélas, se succèdent comme les pages d'un livre que l'on feuillette par désoeuvrement. Le projet de Jia Zhang ke - reconstituer la vraie histoire de Shanghaï en utilisant la mémoire de ceux qui l'on vécue plutôt que la version officielle - tombe finalement à plat. Mais le film sera peut-être mieux compris et donc mieux apprécié en Chine, si toutefois sa diffusion est autorisée !
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