Etrange film vraiment que celui de ce réalisateur brésilien Kleber Mendoça Filho !
Dès les premières minutes, on est happé par la bande-son, ce qui, pour un film centré sur les bruits d'une ville, n'est pas étonnant. Tout est fait pour crisper les oreilles du spectateur et faire monter la tension, en particulier le morceau d'ouverture qui pourtant n'accompagne que des images très ordinaires de gens très ordinaires, vacant à des occupations ordinaires : des enfants jouent dans une cour; regroupées le long d'un mur, les nounous attendent. Ce que l'image suggère c'est l'idée de classe sociale. Ce que le son suggère c'est la montée de la violence.
Tout le film semble procéder de cette façon, mais faute sans doute de connaître suffisamment la société brésilienne et les intentions du cinéaste, j'ai eu parfois l'impression de perdre le fil.
Pas de scénario linéaire donc, mais une foule de petites scènes, comme autant d'indices qu'il nous appartient d'interpréter.
Les Bruits de Recife, c'est d'abord l'histoire d'un quartier, plutôt bourgeois - les bonnes ! - et tranquille puisque chacun connaît tout le monde ou presque. Un ancien (?) parrain mafieux y a apparemment établi toute sa famille. La sécurité est assurée. Rien à voir avec les favelas. D'ailleurs il y a des grilles partout, des barres au fenêtres, et chacun prend bien soin de fermer sa porte à double tour et de vérifier par l'interphone l'identité du visiteur. Mais cette insistance sur les clôtures et les fermetures montre qu'il y a comme un malaise, une inquiétude latente que rien ne justifie, mais qui fait qu'une société de surveillance n'a aucun mal à se faire accepter.
Plus on avance dans le film, plus on est frappé par les comportements bizarres des uns et des autres, et l'on s'attend à un déferlement de violence sans savoir d'où il surgira. Comme si le réalisateur jouait avec les tendances paranoïdes du spectateur.
Le film est donc réussi puisqu'en procédant ainsi par accumulations de petits faits apparemment insignifiants, il intrigue jusqu'au bout. Et au final la société brésilienne que nous montre Kleber Mendoça Filho apparaît travaillée par son passé autant que par ses différences sociales. Sans oublier que le prix du passé, celui de l'esclavage, celui de l'exploitation des travailleurs, reste toujours à payer.
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