Encore un romancier - en l'occurrence une romancière - inspiré par les vergers ? Après L'homme du verger d'Amanda Coplin, (des pommes), Le Parfum des poires anciennes d'Ewald Arenz (des poires), voici Va ou la rivière te porte de Shelley Read et son verger de pêches... à croire que l'arboriculture a des vertus insoupçonnées et que "le verger, ses rituels, sa lumière, son calme, son immuabilité" est, comme j'ai pu le lire sous la plume d'un critique, "un miracle d'harmonie" . Miracle je ne sais pas, mais un lieu d'apaisement et de réconciliation, certainement.
En tout cas, dans le roman de Shelley Read, c'est bien le travail effectué dans son verger qui permet à Victoria Nash de continuer à tenir debout après toutes les avanies qu'elle a subies et c'est bien en s'absorbant dans le travail répétitif de l'amendement des sols et de la taille des arbres qu'elle se reconstruit peu à peu et mène en fin de compte, en fin de roman, la vie qu'elle s'est choisie. L'histoire de Victoria n'est pas une histoire de rébellion, non, plutôt une histoire de résilience. Et si l'écrivaine charge un peu la barque au point de frôler parfois la caricature, elle montre que les destinées ne sont pas forcément écrites et qu'une vie se construit avec les choix que l'on fait tout au long du parcours, y compris les plus douloureux, comme abandonner son enfant à des inconnus pour lui donner une chance de survivre. Naïve, crédule, passive et même soumise au début du roman, Victoria apprend peu à peu à ne plus subir mais à agir. Va où la rivière te porte est au fond un exemple assez réussi de roman de formation (féministe cela va sans dire). Avec en toile de fond, les grands paysages américains des Rocheuses et le flot tumultueux de la Gunnison.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire