10 juillet 2025

La soif du mal

Parmi les plaisirs de l'été, il y a les "reprises" de film un peu oubliés, ou de grands classiques qui n'étaient pas ressortis depuis longtemps. 

Fan inconditionnelle d'Orson Welles (à égalité avec Kübrick !), j'avais néanmoins achoppé sur La Soif du mal, vu plusieurs fois, mais qui m'avait paru trop confus pour être convaincant. La version proposée aujourd'hui est non seulement restaurée, mais modifiée pour correspondre non plus au projet mercantile des producteur, mais aux intentions de Welles.  Furieux des modifications apportées au montage par le studio, celui-ci avait rédigé une note de 58 pages pour préciser les changements à apporter. La version présentée actuellement tient compte de ce document et le résultat est époustouflant. J'ai enfin trouvé le film clair - bien que la complexité de l'intrigue demande toute l'attention du spectateur - et franchement éblouissant : la pertinence des mouvements de caméra, la perfection des cadrages, des gros plans qui enferment les personnages et font monter l'angoisse, l'alternance des scènes d'intérieures, et plus rares de scènes urbaines, avec un travail sur la lumière qui donne au noir et blanc toute sa force. Un film d'Orson Welles, c'est souvent un dilemme moral, mais c'est avant tout une aventure visuelle totalement maîtrisée, par le réalisateur et son équipe.  

S'il y a un film à ne pas manquer cet été, c'est bien celui-là. Mais attention, il n'y a pas tant de séances que cela.  Et c'est sur grand écran qu'il faut le voir, c'est dans les salles obscures qu'il éblouit.