22 janvier 2007

Lundis classique : Homère (suite)

Encore lui ?
Et bien oui ! Puisque vous avez pris goût à Homère en lisant L'Iliade pourquoi vous priver de la suite ?
Enfin, la suite... c'est vite dit parce que, sans se soucier d'expliquer ni le pour qui, ni le pour quoi, le poète place d'emblée Ulysse (et son lecteur) dans les bras de Calypso, "la royale nymphe qui brûle d'en faire son époux" !

Bien sûr tout adulte qui se respecte sait que l'histoire est râpée d'avance puisque à la fin de L'Odyssée, Ulysse doit retrouver la très fidèle Pénélope qui, malgré les années passées à attendre, n'a jamais été capable de finir cette fichue tapisserie, jamais capable de rompre le fil !

Si pour certains d'entre nous, L'Odyssée sent un peu la poussière, c'est parce que nous croyons déjà tout connaître du long périple qui ramène Ulysse jusqu'à Ithaque, sa patrie tant aimée. Et nous voici fatigués d'avance : les Cyclopes, les Sirènes, Charybde et Scylla.... C'était sympa quand on était petit : on trouvait Ulysse très malin (et tant pis pour le hurlement de douleur du Cyclope quand Ulysse lui enfonce un pieu dans l'oeil ! oui, quand on est petit on est sans pitié !); on avait un peu peur, mais pas trop, juste ce qu'il faut et puis le chant des Sirènes, ah le chant des Sirènes ... On les confondait vaguement avec celles d'Andersen, pas très sûr finalement de la suite de l'histoire ...
Et puis on a grandi et on se dit que L'Odyssée, quand même....on a passé l'âge des super-héros à la manque . Et depuis qu'on a lu tout John Fante et tout Jean-Paul Dubois, on se surprend à préférer les "losers" aux héros (nettement moins dangereux pour la planète !)

Et bien, si c'est ce que vous pensez, vous avez tort, car L'Odyssée est une oeuvre capitale, magistrale, et même cathédrale ! On ne va pas mégoter sur les épithètes, surtout quand il s'agit d'Homère !

Une oeuvre capitale parce qu'il s'agit de rien moins que de définir une certaine façon d'être au monde, un certaine façon d'être humain.

Par quoi est-ce qu'on commence ?
Par l'orde du récit ? beaucoup plus complexe qu'on ne l'imagine dans la version intégrale. Tellement complexe qu'on se dit que cela n'est pas le fait du hasard, que cela correspond à une volonté, bref qu'il y doit bien avoir un sens et qu'il faut donc le chercher.

D'abord il y a deux lignes narratives, l'une qui suit Ulysse, l'autre qui suit Télémaque, parti à la recherche de son père. Laissons le fils, suivons le père.
Sorti des bras de Calypso, celui-ci se retrouve dans ceux de Nausicaa. D'accord je résume, sommairement ! Car ce qui importe c'est le récit qu'Ulysse fait de ses aventures au père de Nausicaa. Un récit rétrospectif. La véritable "odyssée". Le récit achevé, Ulysse est alors transporté - oui transporté, quasi par magie jusqu'à Ithaque, où il retrouve dans l'ordre : Eumée, son fidèle porcher, Euryclée sa nourrice, son chien et accessoirement son fils et sa femme.
Après ? après, il y encore le massacre des prétendants, mais on y reviendra.

Vous voici au terme de votre lecture, avec en mémoire une douzaine d'épisodes, dont certains se ressemblent étrangement. Au dernier épisode, celui de Nausicaa dans l'ordre chronologique (qui n'est pas celui de la lecture), Ulysse est seul, complètement seul. Ils étaient pourtant nombreux à quitter Troie : plusieurs vaisseaux chargés de vaillants héros, qui disparaissent les uns après les autres, massacrés, exterminés, ou naufragés.... Comment se fait-il qu'Ulysse seul survive, qu'Ulysse seul échappe à tous les désastres ?

La réponse est facile; elle est dans l'épithète qui qualifie Ulysse, le rusé Ulysse. Rusé et non pas fourbe; c'est à dire habile, astucieux, intelligent ! Lui seul est capable de prendre du recul, de réfléchir avant d'agir, d'analyser une situation problématique et de trouver une solution.
- Un matheux ?
- Mais non ! pas besoin de maths, juste un peu de jugeotte ! Ulysse est un être de raison, aussi raisonnable que rationnel, contrairement à ses compagnons qui se laissent emporter par leur avidité, leur cupidité. Relisez l'épisode des Cicones, celui des Lotophages, celui des troupeaux du soleil, ou des outres d'Eole : à chaque fois c'est la même chose. Les compagnons d'Ulysse se goinfrent à en perdre la raison et se font massacrer; ou alors ils oublient ce qu'ils étaient sensés faire : rentrer chez eux! Ulysse seul est capable de maîtriser ses pulsions, de modérer ses désirs. Normal : il est sous la protection d'Athena,la déesse aux multiples fonctions dont celle de savoir guider la navette entre les fils de la trame ou de maîtriser les chevaux d'un attelage pour conduire un char.
- Conduire un char ? tu parles comme les Canadiens maintenant ?
- Mais non, elle n'est pas monitrice d'auto-école ! Toujours est-il que ses protégés savent conduire et se conduire. Les Grecs opposaient la metis à l'ubris. A Ulysse la metis, la mesure, la raison; à ses compagnons l'ubris, la démesure, la déraison. Et voilà pourquoi Ulysse est le seul survivant : c'est donc lui le modèle à suivre. Message répété d'épisode en épisode pour être sûr qu'il sera compris.

Le message est un peu trop appuyé ? Peut-être ... Pourtant je n'ai pas l'impression qu'il ait été si bien compris que cela, parce que, depuis Homère, l'histoire humaine n'a cessé d'être pleine de bruit et de fureur.

Il y a encore une autre façon de lire l'Odyssée. En fait, il y en a beaucoup d'autres mais je ne parle ici que de celles qui m'intéressent vraiment .
A force de lire et relire le texte pour chercher un sens à la succession des épisodes, on voit peu à peu se dessiner une structure arborescente, un arbre de choix si tu préfères, qui permet au héros de progresser.
- Progresser vers Ithaque ? On le savait depuis le premier chant, non ?
- Evidemment ! mais à mon avis les étapes sont plus importantes que la destination finale parce qu'à chaque épisode, Ulysse a une décision importante à prendre : un choix qui met sa vie en jeu.
- Je t'écoute !
- Ben, c'est un peu compliqué parce que les étapes, et donc les choix, ne sont pas dans l'ordre de la lecture.
- Tant pis ! On y va ou tu tergiverses encore ?
- J'y vais . Je t'indique, l'épisode, je te donne le choix, tu décides ! On verra si tu fais aussi bien qu'Ulysse.
Premier choix : le pays des Cimmériens, le sacrifice qui permet aux âmes des défunts trépassés d'affluer . Vivre ou mourir ?
- Facile ! La vie, puisqu'Achille lui-même lui dit : "J'aimerais mieux être sur terre domestique d'un paysan, fût-il sans patrimoine et presque sans ressources que de règner ici parmi ces ombres consumées... "
- Deuxième choix : Circée , la magicienne. Homme ou animal ?
- Facile encore ! Tu as vu ce qui arrive aux compagnons d'Ulysse qui se sont laissés séduire : "Des cochons ils avaient les groins, les grognements, les soies tout enfin, sauf l'esprit qui resta esprit de mortel." Les glands, les faines, les fruits de cornouiller, tout ce que mangent les cochons vautrés par terre ? très peu pour moi.
- Troisième choix : les Cyclopes et tous les épisodes de dévoration. Le cru ou le cuit?
- Depuis Levi-Strauss, ce n'est pas trop difficile. Le cuit bien sûr. D'ailleurs tu as remarqué, chaque fois qu'Ulysse aborde une terre inconnue, il se demande s'il va rencontrer des mangeurs de pain, des buveurs de vin, bref "des hommes hopsitaliers craignant les dieux". Ton choix, c'est plutôt état sauvage ou civilisation.
- Tu as raison. Mais il reste quatre épisodes : les outres gonflées de vent, les troupeaux du Soleil, les Lotophages et les Sirènes. Les épisodes, sauf le dernier, sont moins connus et le choix est moins évident : le corps ou l'esprit ?
- Voyons voir ...le corps, manger, se goinfrer, s'emparer de sacs que l'on suppose remplis de ... avides, cupides... les mangeurs de lotus, l'oubli...un peu comme le chant des sirènes, l'oubli du retour... J'ai trouvé, ni l'un ni l'autre. Ou les deux un peu. Le mauvais choix c'est l'ubris dont tu parlais tout à l'heure, l'excès.
Oui, oui c'est cela : ni pur esprit, ni exclusivement charnel; ni ange ni bête ; le juste milieu quoi ! Ca marche ton truc. On peut lire L'Odyssée comme cela.
- On peut. On peut même aller un peu plus loin en suivant la ligne diététique : Ulysse refuse tout excès, de la chair comme de l'esprit, il préfère le cuit au cru, et n'a confiance que dans les mangeurs de pain; il refuse de manger des glands et de boire le sang... et il refuse...
- ... de boire le nectar et l'ambroisie que lui offre Calypso. Eh, en fait c'est par là que tu aurais dû commencer !
- Peut-être, peut-être pas ! Dis-moi d'abord à quoi il renonce en refusant la proposition de Calypso.
- A l'immortalité ! Et tout ça au profit de Pénélope ! Il est quand même gonflé ! Préférer Pénélope à Calypso qui "ignore l'âge et la mort". Une femme ordinaire à une déesse! Mais je suppose qu'il y a quelque chose comme l'acceptation de la condition humaine, non ? Te connaissant, ça doit bien se terminer comme cela. Au fond, Pénélope est à Ulysse ce que le rocher est à Sisiphe.
- Quelque chose comme cela, en effet. Et tu te souviens "qu'il faut imaginer Sisiphe heureux !"
- Mhouais...
- Oui, je sais, c'est le plus difficile. Mais c'est un bel idéal qu'Homère propose ainsi à ses lecteurs, tu ne trouves pas? Quoi que.. idéal n'est peut-être pas le mot.
Si tu reprends tout par le début ou presque, tu te souviens que le récit d'Ulysse commence lorsqu'il se trouve en Phéacie, au palais d'Alcinoos, auprès de Nausicaa. Comment est-il arrivé là ? Comment en repartira-il ? Mystère. Les conditions dans lesquelles Ulysse parvient en Phéacie - nu comme un ver, ou comme Venus sortant de l'onde, revenant à la vie dans un berceau de branches d'olivier - suggèrent clairement qu'Ulysse est parvenu dans un royaume idéal, un lieu de perfection, mais qui n'existe pas. D'ailleurs, Ulysse ne reste pas en Phéacie : il quitte l'utopie pour revenir à Ithaque, dans le monde réel. Mais il garde en tête tout ce qu'il a appris; il est désormais un homme accompli, un être civilisé.
Tu vois, Homère invente des histoires mais ne raconte pas de bobards à ses lecteurs; il ne leur dore part la pillule; il indique la piste à suivre, prévient que le chemin sera difficile, que nous allons souffrir, mais que nous survivrons... à condition de faire les bons choix !
- Faire le bon choix, comme si c'était facile ! Dis-donc, t'as pas simplifié un peu, parce que tu n'as pas parlé du voyage de Télémaque. Et puis la fin, qu'est ce que tu dis de la fin ?
- Touché ! Coulé peut-être ... le massacre des prétendants, c'est un peu dur à avaler, en effet ! Vengeance amoureuse ? Elimination des prochains candidats aux élections, enfin, au trône ? La manière est pour le moins radicale et pas très correcte. Le vainqueur extermine tous ceux qui ne suivent pas le même chemin que lui, qui ne partagent pas son idéal... aïe ! c'est de pire en pire et je ne retrouve pas mon Homère dans cette sortie d'aventure. D'autant que, lorsqu'Ulysse sera parvenu à ses fins, les épreuves ne seront pas finies pour lui : il devra, comme le lui a anoncé le devin Tiresias, reprendre la route "aller de ville en ville par le monde, tenant entre ses mains sa bonne rame, jusqu'à ce qu'il trouve ceux qui ne connaissent pas la mer, et qui ne mêlent pas de sel aux aliments; ils ne connaissent pas les navires fardés de rouge ni les rames qui sont les ailes des navires."
La fin de L'Odyssée est décidément bien mystérieuse...J'en perds mon latin, enfin mon grec.
- Mais non, tu sais bien, t'en as jamais fait ! On va réfléchir encore ou bien on trouvera quelqu'un pour nous expliquer. Jusqu'au premier lundi de Mars, on a bien le temps...

21 janvier 2007

Je reprends mes pompes...


pour partir en voyage.

Elles sont pas belles mes pompes ? Je les ai trouvées au marché de Kashgar, fabrication chinoise bien entendu ! J'ai beaucoup hésité... mais mes préférées, ce sont celles-là :




Sûr qu'avec des pompes pareilles, j'aurai du succès dans les rues de Luang-Prabang ou à Vientiane.
Mais je vous raconterai, au retour !
Pour le moment, il est temps de plier bagages, d'interrompre le blog pour trois semaines au moins, le temps de récupérer du décalage horaire...

Toutefois je ne partirai pas sans vous donner mon Lundi classique, promis ! Ce sera demain, avec une bonne semaine d'avance ! En voilà des chanceux ...

18 janvier 2007

Transgression


Transgression est un roman pakistanais. Et à ce titre déjà il mérite notre attention.Les romans pakistanais traduits en français ne sont pas si nombreux!
- Pffff ! pas une raison suffisante pour avoir envie de le lire !
Peut-être pas ! Mais Transgression est un excellent roman !
Un de ces romans que l'on est content d'avoir lu, parce qu'il est divertissant et parce que, une fois lu, il nous donne l'impression de mieux comprendre le monde.

Comment peut-on être Pakistanais ? Comment peut-on vivre au Pakistan ? Comment peut-on être une femme et vivre au Pakistan ? Comment peut-on être Pakistanais et revenir au Pakistan après trois ans d'exil aux Etats-Unis ?

Uzma-Aslam Khan n'est ni sociologue ni psychologue : elle est romancière et tout ce qu'elle a à dire sur le Pakistan, passe par des personnages qui pour être fictifs n'en sont pas moins vrais. Ce qui permet au lecteur de comprendre "de l'intérieur" ce que peut ressentir chacun d'entre eux.

Daanish revient au Pakistan à la mort de son père. Il est parti faire ses études aux Etats-Unis et revient chez lui en quasi étranger; il porte sur les siens un regard distancié, aussi mal à l'aise ici que là-bas.
Sallaamat lui n'a jamais quitté le Pakistan. Né pauvre parmi les pauvres, il subit toutes les avanies, toutes les humiliations de ceux qui n'ont pas d'autre choix que d'accepter ou ... de se révolter.
Dia est une jeune fille très libre, au moins dans sa tête car elle a sous les yeux l'exemple de sa mère, chef d'entreprise qui n'a cessé d'affronter les difficultés la tête haute . Un modèle pour sa fille ? Un modèle bien difficile à suivre tant il implique de courage, d'audace mais aussi de renoncements. Mais n'est-il pas plus difficile encore d'accepter, comme sa meilleure amie, de suivre la coutume et laisser sa famille choisir celui qui partagera sa vie.

Les personnages du roman d'Uzma-Aslam Khan ne cessent de se croiser, de se heurter. Ils sont tous jeunes, la vie s'ouvre devant eux, mais ils ont des choix à faire, des choix difficiles dans lesquels on reconnaît les choix que les Pakistanais et leur gouvernement ont aussi à faire.
Le choix de l'enfermement dans la tradition ou le choix de la "modernité"- avec ce que cela implique de liberté mais aussi de solitude- au risque de la transgression ?

Ce roman devrait plaire aux âmes romanesques autant qu'aux esprits politiques et comme il doit paraître très prochainement en poche, courez chez votre libraire le plus proche !

17 janvier 2007

Les meringues

Les meringues... rien de plus délicieux, rien de plus léger, rien de plus facile, rien que des blancs d'oeufs et du sucre et pourtant.... on a peur de se lancer.
Alors voici, pour les amateurs, une recette infaillible.
Oui, vraiment infaillible !
Et en 3 minutes chrono ! (allez, 5 mn si vous n'avez pas les ingrédients sous la main!)

Combien d'oeufs ? peu importe, deux, trois ou quatre, plus encore ? l'important c'est le rapport oeuf/sucre. Pour mon goût 50 g de sucre par blanc d'oeuf, 60 à la rigueur, c'est parfait.

Je sépare soigneusement les blancs des jaunes (on verra une autre fois ce qu'on peut faire des jaunes... du lemon curd par exemple!)
Je bats mes oeufs en neige. Bien ferme la neige ! Un trait de sel, garantit, paraît-il, la fermeté de la neige mais cela ne me paraît pas indispensable. Parfois j'oublie et ça marche aussi.
Je verse petit à petit (ça c'est important) le sucre en poudre, du banal sucre en poudre blanc, mais, après un premier essai réussi, vous pourrez si vous y tenez, parfumer ce sucre; j'ai trouvé récemment du sucre parfumé à la violette et qui a vraiment un goût de violette !
A ce moment là, j'obtiens une pâte - une mousse plutôt - aussi légère que ferme, un peu luisante... et déjà très appétissante.
Non, on ne met pas son doigt dedans pour goûter !
Si, c'est trop bon !

Il est temps de faire chauffer le four : 100° Celsius (chaleur tournante), mais ça marchait bien aussi avec mon vieux four sans chaleur tournante !

Pendant que le four préchauffe, je couvre une plaque de cuisson de papier cuisson sur lequel je dispose de petits tas de meringue ... petits comment ? comme vous voulez : une cuillère à café ? une cuillère à soupe ? je fais des petits monticules avec comme une virgule sur le dessus, mais si je voulais je pourrais aussi bien prendre une seringue à décorer et faire de beaux tas cannelés ou des rosaces, mais à quoi bon ? Les meringues sont jolies au naturel.

Jusque-là j'ai tenu mes 3 minutes chrono. Le reste, ce n'est plus mon boulot mais celui du four que je maintiens à chaleur constante (les 100° de tout à l'heure) pendant 3 heures.

Et voilà le résultat !



Avec la même recette je prépare des fonds meringués (un cercle tracé au crayon et une seringue pour remplir le cercle de serpentins concentriques et spiralées, est-ce assez clair ?) Une base adaptable pour les Pavlovas (faciles) ou les Concordes (plus sophistiqués mais faisables !) On en reparle une prochaine fois ?

16 janvier 2007

Gris Hutong

Allez, ma dernière carte de voeux 2007, ma préférée, couleur gris hutong !




2007 ...
Une année aussi brillante, aussi éclatante, que ces bouilloires chinoises ?
Il ne tient sans doute qu'à vous ...


Mais ne craignez-vous pas que tant d'éclat fatigue ?




Pour ma part je préfère la douceur des objets que la vie a usés.
Ils sont plus mystérieux ...

Aussi mystérieux que ...




sur un panneau de bois, des signes tracés à la craie dans une langue que l'on ne comprend pas !

Un peu plus de douceur,
Un peu plus de mystère,
2007, une année à déchiffrer ...

02 janvier 2007

Une image à déchiffrer

Pour commencer l'année, une image à déchiffrer comme un rébus .




Vous avez trouvé ?
Pas bien difficile pourtant.

Des fruits secs sur un plateau .... de quoi vous sustenter
Une bouilloire d'eau chaude à défaut de thé .... pour vous désaltérer
Un tabouret .... pour vous reposer
Et même ... un balai pour chasser vos soucis !
N'avez-vous pas là tout ce qu'il vous faut pour passer une bonne année ?
Ah! oui! j'oubliais .... le rouge ! essentiel, le rouge !
Puisqu'en Chine, le rouge est la couleur du bonheur et de la prospérité, et chez nous la couleur de l'amour.
Amour(s), bonheur, prospérité !
Cette fois-ci, nous y sommes : BONNE ANNEE !

01 janvier 2007

2007 en couleurs

Je voudrais des couleurs pour 2007, beaucoup de couleurs !


Oui, mais pas trop criardes, pas trop violentes !
Je voudrais des couleurs plus douces ...


Et même un peu sucrées


Pour qu'à l'exemple de cette abeille sur le melon, chacun puisse faire son miel...

BONNE ANNEE
AUGURI
HAPPY NEW YEAR
新年快乐

Lundi classique : Hésiode

Vous voilà repus … de batailles et de sang, et pas tout à fait prêts à attaquer L’Odyssée dans la foulée de L’Iliade ?
Dommage, mais cela se comprend.
En attendant de nous élancer sur les flots de la mer Egée, plutôt tempétueux à cette saison, je vous propose d’aller voir du côté d’HESIODE. Qu’il ait été contemporain d’Homère, c’est possible mais c’est loin d’être certain. Mettons seulement, pour ne nous fâcher avec personne que son œuvre est elle aussi une des œuvres fondatrices de la littérature occidentale ; une de ces œuvres par lesquelles il faut passer si on veut comprendre quelque chose à la suite.



Passer par la Théogonie n’a rien de fastidieux tout d’abord parce que l’œuvre ne fait que quelques dizaines de pages, mais surtout parce que les histoires que racontent Hésiode ont un air de déjà entendu : Zeus et ses copains, toutes ces histoires de dieux grecs, cela vous dit bien quelque chose !

Mais avant de raconter comment les dieux occupèrent l’Olympe il faut, pour ne pas embrouiller l’histoire, savoir « ce qui fut en premier ».

« Donc, avant tout fut Abîme ; puis Terre aux larges flancs, assise sûre à jamais offerte à tous les vivants, et Amour, le plus beau parmi les dieux immortels, celui qui rompt les membres et qui, dans la poitrine de tout dieu comme de tout homme, dompte le cœur et le sage vouloir. »

Abîme, Terre, Amour… Ah ! que n’ai-je appris le grec ! Je lirais alors Chaos, Gaïa, Eros ! Les noms grecs sont, plus que leurs traductions, propices à la rêverie. D’abord le vide, l’indéterminé, le non existant ; et puis cette première figure féminine – oui féminine ! et son compagnon, le principe d’énergie sans lequel rien jamais ne se fait.
Ce que j’aime dans cette première version cosmogonique c’est que chacun, poète ou scientifique peut y trouver de quoi spéculer à l’infini sur ce que nous ne saurons jamais avec certitude : comment tout cela a débuté.
Hésiode le premier a essayé de répondre à la grande question, ouvrant ainsi une brèche dans laquelle s’engouffreront les premiers philosophes, les Thalès, Anaximène, Anaximandre et après eux Héraclite, Parménide ; beaucoup d’autres sans doute dont l’histoire n’a pas retenu le nom mais qui ont tous essayé de lancer une nouvelle hypothèse pour résoudre la désespérante énigme que les scientifiques d’aujourd’hui ne sont pas encore parvenus à résoudre.

Un poète grec, originaire de Béotie, un Béotien donc; un petit paragraphe de rien du tout ; et toute l’histoire de la science que l’on peut dérouler comme les mille mètres du fil de soie extrait délicatement d’un minuscule petit cocon ! J’aurais tendance à penser que ce qui importe le plus, ce n’est pas celui qui trouve la (bonne) réponse mais celui qui le premier pose la question.!

Voilà déjà une bonne raison de lire Hésiode, mais il y en a d’autres comme la façon bien particulière qu’il a de raconter l’histoire de Prométhée, oui, oui, le voleur de feu, celui sans qui nous en serions encore à manger notre viande toute crue. Du mythe prométhéen il ne nous reste souvent que des bribes dans notre mémoire embrumée. La Théogonie permet de retrouver toute l’histoire qui commence avec Japet et ses deux fils, Prométhée et Epiméthée ; oui, ce deuxième fils, on a un peu tendance à l’oublier, sans doute parce qu’il est lent, empoté, pas très malin, contrairement à son frère. Mais je ne vais pas vous résumer l’histoire ; un résumé n’a pas d’intérêt ; c’est l’histoire complète qu’il vous faut, avec le sacrifice à Zeus, le partage des viandes, la première ruse de Prométhée, bien avant l’affaire du feu. Et vous comprendrez mieux pourquoi Zeus l’avait vraiment mauvaise et pourquoi il a infligé un si terrible châtiment à Prométhée.

Pour nous, humains chétifs et sans défense, l’affaire est capitale. De Prométhée dépend en grand partie notre histoire; pourtant, nous n’avons pas encore tranché : faut-il lui savoir gré d’être intervenu en notre faveur ou faut-il au contraire lui en vouloir ?
Faut-il remercier le voleur de feu ou en vouloir à celui qui nous a valu la visite de Pandore et son cadeau empoisonné ? Difficile de trancher ? Oui, très difficile, d’autant plus que, si vous voulez prendre parti, il vous faudra lire les pages qu’Hésiode consacre à Pandore, « ce mal si beau » dans la Théogonie mais aussi les pages qu’il lui consacre dans Les Travaux et les Jours.
Pris au jeu, vous irez ensuite chercher d’autres versions de la même histoire, chaque poète, chaque dramaturge ayant à cœur de donner son interprétation.

Au passage, puisque vous voilà dans Les Travaux et les Jours, vous y trouverez, en bonus, quelques judicieux conseils pour savoir quel est le meilleur moment pour labourer, pour semer, pour tailler pour récolter… Hésiode se fiait moins à la lune montante ou descendante qu’aux bonnes dispositions des dieux qui dépendent … de la configuration des astres. Où est la différence ?


Si vous voulez en savoir un peu plus sans trop vous fatiguer (ni vous ruiner)


Jean-Pierre VERNANT, L'univers, les dieux, les hommes, Seuil Points, 1999.

ESCHYLE, Prométhée enchainé in Théâtre complet, GF, 1994
(Je reviendrai certainement sur ce texte - un de mes préférés - quand je parlerai des tragiques grecs.)

Et une réfrence plus générale sur la mythologie :
Robert GRAVES, Les Mythes grecs, Fayard Pluriel, 1967. (Sur ce sujet les références sont innombrables, à chacun de trouver son livre préféré.)