De bons films, il y en a eu pas mal depuis quelques temps !
J'ai déjà dit tout le bien que je pense du Dernier voyage du juge Feng et du Mariage de Tuya.
Mais il y a aussi :
7h58 ce matin là de Sydnet Lumet
Dans la vallée d'Elah de Paul Haggis
American Gangster de Ridley Scott
De tous ces films il a été beaucoup parlé dans la presse. Alors pourquoi ajouter mon grain de sel ?
Parce que je trouve dans ces films ce que je cherche aussi bien dans les livres : une histoire, si possible bien racontée, qui me permet de "vivre" par procuration des situations que je suis bien contente de ne pas vivre dans la réalité, qui me permet de m'immerger, le temps d'un film ou d'un livre dans des milieux à mille lieues de mon propre milieu, qui me permet de découvrir ce que je ne connais pas, de réfléchir, de me poser des questions, de m'interroger, de remettre en question ce que je croyais savoir.
C'est beaucoup demander ? Sans doute mais sinon, à quoi bon ?
Les quatre films que j'ai cités sont des films d'action qui répondent parfaitement aux lois du genre, violence comprise. Mais ils ont tous ce petit quelque chose en plus qui fait la différence entre un film juste divertissant et un bon film. L'intrigue est suffisamment complexe pour tenir l'esprit occupé pendant tout le film et lorsqu' arrive le dénouement il ne reste qu'à se repasser dans la tête le film depuis le début pour s'apercevoir que chaque scène a trouvé sa place dans le puzzle. Ce qui est intellectuellement jubilatoire.
7h58 ce matin-là est monté comme une tragédie grecque : un inexorable "fatum" semble peser sur les personnages et les contraindre à choisir toujours la plus mauvaise solution jusqu'à la tragédie finale.
American gangster est une relecture du mythe américain : la réussite du self-made man noir est en effet une revanche prise sur une enfance miséreuse, mais "le héros" a choisi la voie du mal pour réussir. Cependant le spectateur ne peut s'empêcher de se demander où est vraiment le mal dans l'Amérique raciste des années 60 qui s'est de surcroît lancée dans une guerre injuste. A chacun de faire les rapprochements qui lui conviennent entre hier et aujourd'hui.
Dans la vallée d'Ellah met en scène un autre archétype américain : un père, ancien du Vietnam, enquête sur la disparition de son fils récemment rentré d'Irak. L'enquête est difficile mais surtout douloureuse pour cet homme - militariste, nationaliste, raciste, persuadé de savoir sans hésiter où est le bien où est le mal - dont toutes les certitudes basculent peu à peu et avec les siennes, celles de l'Amérique.
Trois films pour prouver qu'action et réflexion ne sont pas totalement incompatibles.
Trois films assez modestes pour mettre leur caméra au service du scénario et non le contraire. Ce qui n'est pas le cas du film de Gus Van Sant, Paranoïd park et c'est dommage. L'image ne cesse de bouger, glisser, onduler, sans doute pour mieux suggérer la fluidité d'un monde où le réel n'a pas de prise; mais les mouvements incessants de caméra, les contreplongées, les virevoltes, les effets de suspension sont trop ostentatoires pour ne pas lasser. La complaisance formelle dessert le propos du film plus qu'elle ne le souligne.
Voilà pourquoi, en fin de compte, j'ai préféré les films de Ridley Scott, Paul Haggis et Sydney
Lumet à celui de Gus Van Sant.
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