27 mars 2009

Tokyo Sonata

Je ne crois pas que Kiyoshi Kurosawa soit très connu en France; Jellyfish diffusé en 2003 était un film sans doute un peu trop étrange, un peu trop mystérieux pour séduire vraiment.

Jellyfish disait le mal-être de deux adolescents. Tokyo Sonata dit le mal-être de toute une famille et ce faisant, celui de la société japonaise en général. Car Kyoshi Kurosawa réussit ce que les cinéastes français ne savent pas faire : un film qui parle de la famille sans être pour autant intimiste et ce faisant atteint à l'universel.
L' histoire de ce "salary man" licencié du jour au lendemain par son entreprise et incapable de "l'avouer" à sa famille - "avouer" car lorsqu'une société considère le chômage comme une tare et non pas comme un incident de parcours, le chômeur se sent forcément diminué aux yeux des autres - est une histoire relativement banale. Le père de famille dissimule sa situation, ment à sa famille tout en essayant de garder son autorité auprès des siens. Mais, dès lors qu'il est déchu de sa situation professionnelle, il ne contrôle plus rien : son fils aîné s'enrôle dans l'armée américaine, le cadet se rebelle contre son professeur et malgré l'interdit paternel, s'inscrit à des leçons de piano...alors que la mère, dont la seule fonction est de maintenir la cohésion du foyer est à son tour contrainte de franchir les frontières sécurisées de la maison.
L'éclatement de la cellule familiale révèle les failles et les aberrations de la société japonaise, mais transposée dans une autre société, la parabole garde tout son sens. Et le spectateur atterré regarde cette lente descente aux enfers, persuadé qu'elle pourrait un jour prochain, être la sienne.


Le cinéaste toutefois se garde de nous laisser dans le désespoir absolu et laisse entrevoir une issue possible à cette situation de crise. Mais le pire ne serait-il pas que, la faille colmatée, tout recommence comme avant ?

La plupart des critiques se réfèrent à Ozu pour parler de ce film; mes références sont plus littéraires; en voyant le film je pensais à Oliviers Adam, à Ian Levison ... l'un est français, l'autre américain, Kurosawa est japonais. Par delà les nationalités et les cultures c'est de la même difficulté à vivre qu'ils parlent.

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