30 avril 2014

Promenade parfumée




 Pas la Hollande, mais ça lui ressemble. 


Le bleu des campanules  comme dans la chanson de Julos Beaucarne, poète belge. 

Et le parfum entêtant des glycines blanches et mauves. 

Pas besoin d'aller bien loin, juste le parc du Bachais, à Meylan .

28 avril 2014

Le Virus de la bougeotte

" Lorsque j'étais jeune et possédé du besoin d'être toujours ailleurs, les gens mûrs m'assuraient que la maturité me guérirait de cette démangeaison. Quand les ans me déclarèrent mûr, on m'assura encore que l'âge ferait son oeuvre. Puis l'on m'affirma que ma fièvre se calmerait avec le temps. Et à présent que j'ai cinquante-huit ans, sans doute est-ce de la sénilité que viendra le remède. Jusqu'ici rien n'y a fait. "

Steinbeck, Voyage avec Charley

27 avril 2014

Sweet Pepper Land

Golshifteh Farahani. Elle d'abord, évidemment ! L'actrice capable d'illuminer n'importe quel film !

Mais aussi Hiner Salem, le réalisateur, dont j'avais déjà adoré Vodka Lemon et Si tu meurs je te tue. 



J'aime vraiment beaucoup cette façon qu'a le cinéaste de prendre la réalité à bras le corps et d'en faire un film drôle, poétique, émouvant. De raconter une histoire grave (le trafic d'armes et de drogue entre le Kurdistan et les pays voisins) tout en restant léger et parfois même facétieux. Au fin fond du Kurdistan donc, deux personnages, deux êtres intègres et passionnés,  dont la rencontre aurait été banale partout ailleurs, mais hautement invraisemblable dans cette vallée perdue. Elle est institutrice et a obtenu de haute lutte l'autorisation de son père pour reprendre son poste après la guerre. Lui est un ancien résistant, chargé de remettre de l'ordre dans cette zone frontalière où la seule loi est celle du plus fort.  Ils auront à affronter les mafieux locaux, aussi ignares que brutaux, les coutumes, les préjugés...
La lutte du bien et du mal sur fond de romance : le thème est éternel mais traité à la manière d'Hiner Salem, cela devient tout simplement une belle histoire racontée comme dans les livres d'images. Un film "sucre et poivre" comme le titre le suggère.


25 avril 2014

Nebraska et l'Apprenti Gigolo

Deux films qui n'ont rien en commun, mais deux films un peu plan-plan pour compenser le très difficile Heli.

Apprenti Gigolo est un film de John Turturo avec John Turturo et Woody Allen. Mais au final on a un peu l'impression d'avoir vu un film de Woody Allen plutôt qu'un film de John Turturo : le dialogue, souvent assez drôle, y tient une place importante et les clichés sur les Juifs de Brooklyn frôlent la caricature sans dépasser toutefois les convenances.

Nebraska est un film d'Alexander Payne, qui cède à la mode du noir et blanc pour raconter le voyage d'un vieil homme et de son fils entre Billings (Montana) et Hawthorne, ville fictive du Nebraska, un prétexte pour ridiculiser les péquenots du Middlewest qui n'en demandent pas tant.

Deux film qui n'ont apparemment rien en commun.
Sauf peut-être l'affiche ? 

 

Deux  hommes, un vieux, un moins vieux ... le reste est accessoire.
A combien de déclinaisons sur le même thème faut-il se préparer ?

23 avril 2014

Heli

Il y a des films dont on a un peu de mal à se remettre; c'est le cas d'Heli, le film du réalisateur mexicain Amat Escalante. Ce n'est pas un mauvais film, loin de là. C'est juste un film de plus sur le trafic de drogue, sur les cartels, sur la police mexicaine et sur de pauvres gens coincés de toute part.

Mais voilà, il y a dans ce film une scène de torture particulièrement longue et particulièrement éprouvante. La violence, la souffrance, mais pire encore la banalisation même de cette violence affligée à un être humain dans un salon ordinaire où des adolescents ordinaires jouent à des jeux videos et regardent avec la même passivité ce qui se passe sur leur écran ou dans la réalité et à l'occasion n'hésitent pas à relayer les bourreaux. Le message est clair mais trop appuyé et par conséquent insupportable, au point de laisser croire qu'il y a, de la part du réalisateur une certaine complaisance. Mais je suis restée et ne le regrette pas car la scène était je crois "nécessaire" pour faire comprendre le traumatisme de celui qui a été épargné et son comportement par la suite.

Le mot qui fait problème est "nécessaire". Nécessaire pour qui ?  Les abominations commises par les cartels de drogue au Mexique sont connues; les abominations commises en retour par les forces policières et militaires sont elles aussi connues. Mais est-ce tout à fait la même chose de lire un article sur ce sujet dans Le Monde ou dans Libération, et de "vivre" la scène par écran interposé ? L'image en l'occurrence n'a-t-elle pas un impact plus fort que le texte ? Au risque toutefois d'être mal interprétée. Se pose alors, une fois encore la question du destinataire. Si le réalisateur s'adresse à l'intellectuel bien pensant (les quelques cinéphiles présents dans la salle?), la scène est effectivement inutile. Puisqu'ils "savent" déjà. Or ce genre de film passe rarement la barrière du "grand public" auquel il pourrait éventuellement être destiné. D'ailleurs est-il seulement diffusé au Mexique ? Et s'il l'est quelles sont les réactions du public ? D'un public  pour qui la violence est si fréquente qu'elle en devient banale, qui apparemment trouve chaque jour  dans les journaux des images similaires à celle qui ouvre le film : un homme pendu à un pont.

"J’ai toujours voulu commencer le film avec cette image : un homme pendu au-dessus d’un pont. Cette image est très commune au Mexique. Elle est présente dans les journaux sans arrêt. (...) Derrière chaque image comme celle-ci, il y a du drame humain, des innocents victimes d’une violence aveugle… Bref, une histoire qu’il faut raconter, sinon les gens se rassureront toujours en pensant que l’homme pendu au-dessus de ce pont le méritait."(Allocine)

Je ne crois pas qu'Amat Escalante se complaise dans la violence; je crois  au contraire que son projet est bien de la dénoncer.  Sans l'édulcorer. Sans épargner son public.

"Si voy a mostrar violencia, le voy a dar el peso que debe tener", dijo el director. "Moralmente, creo que la responsabilidad es mostrar la violencia como debe ser: triste y desagradable, muy sucia, una pesadilla".

Escalante ne cherche pas aucunement à rassurer, à inquiéter plutôt au sens propre du terme c'est à dire sortir le spectateur de sa quiétude.
Reste au public le choix de fermer les yeux ou de les garder grand ouverts. Ou même, de ne pas aller voir le film. Je ne regrette pas de l'avoir vu. Mais j'ai un peu de mal à m'en remettre.




22 avril 2014

Un collier

Joli non ? Ce n'est pourtant que de la faïence, en provenance du faïencier le plus connu de Bretagne : Henriot. Celui-là même qui, à Qumper, fabrique les écuelles avec votre prénom dessus !

Pour voir son catalogue cliquez ici !

14 avril 2014

Les Bruits de Recife

Etrange film vraiment que celui de ce réalisateur brésilien Kleber Mendoça Filho !  

Dès les premières minutes, on est happé par la bande-son, ce qui, pour un film centré sur les bruits d'une ville, n'est pas étonnant. Tout est fait pour crisper les oreilles du spectateur et faire monter la tension, en particulier le morceau d'ouverture qui pourtant n'accompagne que des images très ordinaires de gens très ordinaires, vacant à des occupations ordinaires : des enfants jouent dans une cour; regroupées le long d'un mur, les nounous attendent. Ce que l'image suggère c'est l'idée de classe sociale. Ce que le son suggère c'est la montée de la violence.


Tout le film semble procéder de cette façon, mais faute sans doute de connaître suffisamment la société brésilienne et les intentions du cinéaste, j'ai eu parfois l'impression de perdre le fil.

Pas de scénario linéaire donc, mais une foule de petites scènes, comme autant d'indices qu'il nous appartient d'interpréter.
Les Bruits de Recife, c'est d'abord l'histoire d'un quartier, plutôt bourgeois - les bonnes ! - et tranquille puisque chacun connaît tout le monde ou presque. Un ancien (?) parrain mafieux y a apparemment établi toute sa famille. La sécurité est assurée. Rien à voir avec les favelas. D'ailleurs il y a des grilles partout, des barres au fenêtres, et chacun prend bien soin de fermer sa porte à double tour et de vérifier par l'interphone l'identité du visiteur.  Mais cette insistance sur les clôtures et les fermetures  montre qu'il y a comme un malaise, une inquiétude latente que rien ne justifie, mais qui fait qu'une société de surveillance n'a aucun mal à se faire accepter.
Plus on avance dans le film, plus on est frappé par les comportements bizarres des uns et des autres, et l'on s'attend à un déferlement de violence sans savoir d'où il surgira. Comme si le réalisateur jouait avec les tendances paranoïdes du spectateur.

Le film est donc réussi puisqu'en procédant ainsi par accumulations de petits faits apparemment insignifiants, il intrigue jusqu'au bout. Et au final la société brésilienne que nous montre Kleber Mendoça Filho apparaît travaillée par son passé autant que par ses différences sociales. Sans oublier que le prix du passé, celui de l'esclavage, celui de l'exploitation des travailleurs, reste toujours à payer.

07 avril 2014

Les Chiens errants

Pas facile à aimer le dernier film de Tsai Ming-Lian. C'est pourtant un très grand et très beau film.
Seulement voilà, il ne faut avoir peur ni de la nuit, ni de la pluie ni du silence. Il faut être capable de se laisser prendre, sans se lasser, à la beauté des images.


Les Chiens errants est un film très lent, avec des plans qui durent parfois interminablement. C'est un film quasi sans parole. Et il appartient au spectateur de reconstituer tant bien que mal l'histoire, celle d'un père et de ses deux enfants réduits à l'extrême misère. Dans le froid et le vent, il sert d'homme-sandwich pour des programmes immobiliers de luxe alors que sans ressource, il a trouvé refuge dans un coin de bâtiment abandonné et délabré. Pendant ce temps ses enfants traînent dans le supermarché pour récupérer des échantillons ou des aliments dont les dates sont dépassées.  De quoi assurer non pas leur vie mais leur survie. Une femme, dont on ne sait rien si ce n'est qu'elle s'en sort peut-être un peu mieux puisqu'elle travaille au supermarché, croise le chemin des enfants. Qui est-elle ? Pourquoi s'intéresse-t-elle à eux ? Entre elle, les enfants et leur père des liens se nouent, inévitablement, mais le réalisateur se contente de suggérer des possibles plus qu'il ne dit et n'explique.

Et c'est pour cela que j'ai aimé le film, qui montre toute la puissance des images. La longueur des plans permet au spectateur de littéralement entrer dans l'image, pour en repérer le moindre détail qui lui permettra de faire des hypothèse, d'imaginer, de s'interroger sur le sens de ce qu'il voit. De toute évidence Tsai Ming-Lian compte sur le pouvoir de suggestion de l'image ... et la patience du spectateur.


Le cinéma parce qu'il a la capacité de raconter des histoires, oublie parfois qu'il est avant tout un art visuel et se confond avec la littérature ou le théâtre. La littérature utiise des mots pour traduire des émotions. Le cinéma de Tsai Ming-Lian utilise des images. Presque exclusivement. Ce n'est pas pour autant du mime ou du cinéma muet façon The Artist. Les Chiens errants ?  un film qui, pour moi,  touche à l'essence même du cinéma.


06 avril 2014

La Mezquita


La Mezquita, une des plus belles mosquées d'Espagne, superbe témoin de l'art des Omeyyades.
Elle a été partiellement détruite au XVIe siècle pour insérer entre ses murs une cathédrale. Ce que Charles Quint lui-même a déploré : « Vous avez détruit ce que l'on ne voyait nulle part pour construire ce que l'on voit partout. »
L'Unesco l'a classée en 1884 au patrimoine de l'humanité, signifiant par là, qu'elle représente un moment de l'histoire de l'humanité tout entière, au delà de toute obédience.
Alors pourquoi l'archevêché de Cordoue cherche-t-il à se l'approprier ? 

http://www.change.org/es/peticiones/a-la-iglesia-cat%C3%B3lica-di%C3%B3cesis-de-c%C3%B3rdoba-que-devuelvan-la-mezquita-de-c%C3%B3rdoba-a-la-ciudad?utm_medium=email&utm_source=notification&utm_campaign=new_petition_recruit#share


04 avril 2014

The Last Picture Show



Une petite ville poussiéreuse du Texas. Une ville où tout le monde se connaït.  Pour les adolescents du film c'est la fin des années lycée, le temps des premiers amours et celui des expériences sexuelles.
Les adolescents sont ce que sont les adolescents, timorés ou fanfarons, avides d'explorer tous les possibles malheureusement assez restreints dans cette petite ville perdue. Sûr de lui, Duane croit avoir fait la conquête de la plus jolie fille du lycée, mais celle-ci, femme fatale et perfide avant l'heure préfère aller coucher ailleurs, avec un prétendant plus raccord avec son milieu social. Sonny, plus introverti que son ami Duane est initié aux plaisirs du sexe par la femme de son entraîneur, une femme triste et solitaire. Quant à Billy, le simple d'esprit, il se contente de pousser son balai au hasard, jusqu'au milieu de la rue. Car dans les plaines du Texas, la poussière est partout.

Le film de Bogdanovich, sorti en 71, est le portrait d'une certaine Amérique.  Celle des années 50, qui paraissait pleine d'espoirs. Mais ce qui attend ces adolescents dans les années à venir n'est guère réjouissant : tromperie, désillusion, tragédie  .... Duane s'engage pour la guerre de Corée, Billy est renversé par un camion. Quant à ceux qui restent, il est à craindre qu'ils ne deviennent aussi moches que les adultes qui les entourent, repliés sur leur petite vie mesquine. A l'exception de Sam le Lion, le seul personnage généreux bien qu'un peu désabusé, de cette petite ville moribonde.   A sa mort, Sam laisse à Billy la salle de billard, mais pour combien de temps.... le cinéma déjà vient de fermer. C'était sa dernière séance.

Le film de Bogdanovich n'est pas très folichon, il pourrait presque paraître cynique,  mais il a parfaitement saisi ce moment fragile de l'adolescence où le principe de réalité l'emporte soudain sur les rêves.

En dehors du sujet lui-même j'ai particulièrement apprécié le décor du film et espère bien un jour aller faire un tour dans la petite ville où il a été tourné.
En effet, The Last Picture Show a en partie été tourné à Archer City (Texas), lieu de naissance de Larry MacMultry, scénariste du film et auteur - entre autres -  de Lonesome Dove. En 1988, l'auteur a ouvert dans sa ville natale, qui ne totalise guère plus de 1800 habitants. une librairie, the Booked up,  qui compte ou plutôt a compté jusqu'à 450000 titres ! Une partie du fond a été vendue aux enchères en 2012, mais la librairie reste ouverte !
Le cinéma où se tient la dernière séance, avait brûlé bien avant le tournage, ne restait alors que la façade. Mais depuis  le Royal Theater a non seulement été restauré, mais il a réouvert en 2010 !




02 avril 2014

Pelo Malo

Les mauvais cheveux. Junior - pas terrible comme prénom - est né avec des cheveux frisés et même un peu crépus alors que, comme la plupart des frisés, il rêve d'avoir les cheveux parfaitement lisses pour ressembler aux chanteurs à la mode.

A vrai dire, cette histoire de cheveux n'est qu'in prétexte pour montrer comment vivent les habitants pauvres de Caracas : barres de HLM tristounettes entre deux terrains vagues, embouteillages, insécurité... on se doute bien que de Chavez à Maduro, la situation ne s'est pas améliorée et que le Venezuela attend toujours les lendemains qu'on lui a promis.


Le père de junior a été tué; sa mère vient de perdre son boulot, essaye d'en récupérer un autre mais avec deux enfants sur les bras ce n'est pas évident. Balloté  et sans cesse bousculé, entre sa mère, sa grand-mère et occasionnellement une voisine qui, entre deux séances de spiritisme, fait du baby sitting, Junior essaye de trouver sa place.

La cinéaste Mariana Rondon, fait des préoccupations capillaires de Junior le symbole de son indétermination : cheveux lisses, sa part féminine; cheveux frisés, sa part masculine ? Il existe une troisième solution : le crâne rasé.

Pelo Malo est un film dérangeant, un film sans concession. Sa réalisatrice procède souvent par ellipses, ou par allusions,  qui ne sont pas toujours compréhensibles pour ceux qui ne connaissent pas le Venezuela. Mais le personnage de la mère, si dure, si inflexible est de ceux sur lesquels on s'interroge longtemps. Elle aime sans doute son fils puisqu'elle cherche à tout prix à lui faire suivre ce qu'elle croit être la seule ligne possible, mais elle n'a jamais pour lui le moindre signe de tendresse, jamais la moindre caresse alors qu'elle ne cesse de de cajoler son autre petit. Pour Junior elle a souvent le regard qui tue, lui n'est qu'attente, désir d'affection.
Il y a dans cette relation, à la fois intense et hostile, entre une mère et son enfant quelque chose qui échappe. Mais ce n'est pas au cinéaste de tout dire, de tout expliquer.  Le film donne à penser et c'est au spectateur de combler les lacunes.  D'essayer de combler les lacunes.