14 juin 2014

Deux jours, une nuit

Il faut se mettre à sa place, s'imaginer aller plaider sa cause auprès de chacun de ses collègues (il y en a douze) et obtenir d'eux qu'ils renoncent à leur prime (1000 euros quand même) pour qu'elle puisse garder son travail, alors qu'elle vient tout juste de reprendre après un  long congé maladie.
Bien sûr on dira que les patrons capables d'un tel chantage sont dégueulasses, et cela est dit. Mais le film s'intéresse surtout au personnage de Sandra, sa fatigue, sa vulnérabilité, ses scrupules, tout ce qui contribue à transformer sa tentative en un véritable calvaire.  Comme le Christ sur le chemin du Golgota, Sandra porte sa croix.

Je ne connais pas les opinions religieuses des frères Dardenne, mais je connais leurs positions morales. Ils se débrouillent, dans tous leurs films pour contraindre le spectateur à s'interroger sur les notions de Bien et de Mal. Qu'aurions-nous fait à la place de Sandra ? Aurions-nous eu le courage d'affronter l'un après l'autre nos compagnons de travail, nos amis peut-être ? Et surtout, à la place de ces employés d'une petite entreprise, eux -même aux prises avec les difficultés de la vie qu'aurions-nous répondu à Sandra ?

Les films des frères Dardenne n'appellent pas vraiment de jugement critique et ne s'apprécient pas  à l'aune de je ne sais quelle sens esthétique. Ce sont des films qui s'adressent à la conscience du spectateur et s'évaluent donc en terme d'efficacité. Sur ce plan, Deux jours, une nuit est une réussite totale.


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