18 juin 2014

Black Coal

Sur les rails ou sur les wagons qui transportent du charbon dans le Nord de la Chine, on découvre des paquets bien ficelés qui contiennent des restes humains.  Tel est le point de départ de ce polar chinois commencé dans la noirceur du charbon, qui se poursuit sur la glace et s'achève sur un feu d'artifice incongru.
L'inspecteur Zhang, chargé de l'enquête est un personnage assez énigmatique, capable de tous les excès - alcoolisme, violence - mais parfois d'une naïveté confondante et surtout obstiné. Blessé au cours de l'enquête, et bien qu'il ait été contraint de reprendre un poste de vigile, il n'a de cesse d'élucider l'affaire dont il a été autrefois chargé.
Certaines scènes, comme la tuerie dans le salon de coiffure, semblent sortir tout droit d'un film de Tarantino  ...


mais le film reste très chinois avec beaucoup de scènes de nuit, dans des décors urbains mal définis. On est dans le Nord de la Chine et le froid semble parfois figer l'action et suspendre l'énigme; de longues filatures alternent avec des scènes aussi brutales que soudaines. Le film se construit autour de silences, de regards, de signaux énigmatiques que l'on n'est pas toujours certain de déchiffrer.

 

Black Coal est au fond un polar très réaliste,  peut-être trop réaliste (?) autour d'un thème qui pourrait paraître totalement éculé, celui de la femme fatale, celle qui sous des airs nonchalants, "porte la poisse" aux hommes qui s'approchent d'elle, mais que le réalisateur, Yinan Diao, renouvelle ne serait-ce qu'en renonçant au glamour qui est le plus souvent de mise. 
Black Coal est un film ténébreux; il est toutefois moins perturbant que A Touch of Sin parce que, d'une certaine façon,  la fiction protège le spectateur qui peut ne s'intéresser qu'à l'énigme policière sans voir ce que ce film nous dit sur la Chine d'aujourd'hui et le peu de cas qui y est fait de la vie humaine.

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