21 octobre 2016
Kevin Powers
Il y a 3 ans j'avais fait l'éloge du premier roman de Kevin Powers, Yellow Birds
http://routedeslivres.blogspot.fr/2013/09/yellow-birds.html
10 ans après son retour d'Irak, Kevin Powers publie un recueil de poèmes : Lettre écrite pendant une accalmie dans les combats.
Associer la poésie à la guerre n'a rien d'évident, bien qu'Appolinaire l'ait fait en son temps. Mais la prose poétique de Kevin Powers, sa fluidité, ses sonorités, son tempo s'accordent parfaitement avec son propos qui est de suggérer plutôt que de dire crûment. Le recueil est fait de fragments, qui correspondent en effet au temps morcelé de la guerre :
Deux petits extraits de deux poèmes différents.
[...]
la guerre c'est juste nous
qui déchirons nos corps et ceux des autres
avec de petis morceaux de métal
[ ...] je lui soulagé
de n'avoir pas à choisir, pour un jour au moins,
entre mourir et tirer sur un enfant.
18 octobre 2016
Le Fils de Jean
J'aime beaucoup les romans de Jean-Paul Dubois, enfin surtout ceux du début : Tous les matins je me lève, La Vie me fait peur, Prends soin de moi ... J'aime par dessus-tout le recueil de très brèves histoires : Parfois je ris tout seul. Elles me font toujours rire ! Il suffit d'ouvrir le livre au hasard pour retrouver cet humour un peu grinçant propre à l'écrivain, un peu désabusé mais pas totalement cynique.
Est-ce que j'aime les films tirés des romans de Jean-Paul Dubois ? Pas sûr !
Est-ce que j'aime Le Fils de Jean ? Pas autant que le livre qui lui a servi de base : Si ce livre pouvait me rapprocher de toi.
Pourquoi ? Parce que l'écart entre le livre et le film se devine dès le choix du titre. Celui du film est (faussement ) explicite, celui du livre est comme suspendu, suggère une relation, une attente, ne s'inscrit pas aussi immédiatement dans une relation père/fils. Le propos du film reste essentiellement le quiproquo - qui ne tient pas longtemps - sur l'identité du père. Le roman est tellement plus complexe, plus flou, l'histoire d'un homme qui se raconte à la première personne, un homme perdu dans la vie qui ne sait ni d'où il vient ni où il va, un homme qui se pose des questions et se perd pour mieux se retrouver. Ou l'inverse. Comme quasiment tous les personnages de l'écrivain. Un homme engagé dans une quête existentielle, comme tout être humain qui se respecte. C'est cette banalité, jamais loin du sarcasme, cette difficulté à vivre et pourtant cette ténacité à continuer que j'aime tant dans les livres de Dubois et que je n'ai pas tout à fait retrouvée dans le livre de Phiippe Lioret.
Le fils de Jean n'est pas un mauvais film. Le roman de Jean-Paul Dubois est un excellent roman.
16 octobre 2016
Celui qui tombe
Quel artiste étonnant que ce Yoann Bourgeois. Quels danseurs étonnants que ceux qui composent sa troupe. Ils ont presque l'air de ne rien faire. Ou pas grand'chose : juste résister aux forces qui s'exercent sur eux. Résister à la pesanteur, aux forces centrifuges, aux chutes. Se relever, retomber et toujours tenir debout.
13 octobre 2016
Poesia sin fin
Vraiment, vraiment bizarre ce film. Mais un film signé Alejandro Jodorowky ne peut être que bizarre.
C'est un film surréaliste, infiniment poétique par moments mais parfaitement vulgaire par moments aussi.
C'est un film enthousiasmant et parfois lassant.
Un biopic, puisque, grosso modo, Jodorovsky y raconte sa vie : l'enfance, les parents, la découverte de la poésie, l'avant-garde artistique chilienne....
Mais avant tout c'est un film d'images plus inventives les unes que les autres, un film qui prend toujours les spectateurs par surprise.
C'est un film surréaliste, infiniment poétique par moments mais parfaitement vulgaire par moments aussi.
C'est un film enthousiasmant et parfois lassant.
Un biopic, puisque, grosso modo, Jodorovsky y raconte sa vie : l'enfance, les parents, la découverte de la poésie, l'avant-garde artistique chilienne....
Mais avant tout c'est un film d'images plus inventives les unes que les autres, un film qui prend toujours les spectateurs par surprise.
11 octobre 2016
Aquarius
Ah l'immobilier ! le rêve de certains, le cauchemar de beaucoup. Le cinéma s'est emparé du sujet et semble s'en tirer plutôt bien : Brooklyn Village (2016), Chuecatown (2007), De Battre mon coeur s'est arrêté (2005) sans oublier l'excellent documentaire In Jackson Heights (2016) et la série TV Show me a hero. Que ce soit en Espagne, en France ou aux Etats-Unis le principe est le même : la gentrification de certains quartiers entraîne la disparition d'une population qui jusqu'alors s'accommodait de logements un peu vieillots mais abordables.
Kleber Mendonça Filhao, le réalisateur d'Aquarius construit son film autour d'une vieille dame - pas particulièrement pauvre - qui résiste aux pressions des promoteurs immobiliers : sur l'emplacement de son immeuble ils ont l'intention de construire une tour dont les nombreux logements seront infiniment plus rentables.
La pas-si-vieille dame, au port de tête magnifique - Sonia Braga - incarne une belle figure de résistance aux appétits immobiliers, certes, mais elle incarne beaucoup plus que cela. Car très intelligemment le film ne se focalise pas que sur les menaces et les intimidations : il met en scène une vie entière de résistance aux drames ordinaires de la vie : le vieillissement, la maladie, la mort. Les drames de la vie mais aussi ses joies, ne serait-ce que celle d'un bain dans les vagues tumultueuses.
Le film peut parfois donner l'impression d'une dispersion vers des thèmes annexes; je crois pourtant que c'est la multiplicité des approches qui est au coeur même du film : les tumultes de la vie, dont la question immobilière ne constitue qu'une des péripéties. Et sans doute pas la plus importante.
Kleber Mendonça Filhao, le réalisateur d'Aquarius construit son film autour d'une vieille dame - pas particulièrement pauvre - qui résiste aux pressions des promoteurs immobiliers : sur l'emplacement de son immeuble ils ont l'intention de construire une tour dont les nombreux logements seront infiniment plus rentables.
La pas-si-vieille dame, au port de tête magnifique - Sonia Braga - incarne une belle figure de résistance aux appétits immobiliers, certes, mais elle incarne beaucoup plus que cela. Car très intelligemment le film ne se focalise pas que sur les menaces et les intimidations : il met en scène une vie entière de résistance aux drames ordinaires de la vie : le vieillissement, la maladie, la mort. Les drames de la vie mais aussi ses joies, ne serait-ce que celle d'un bain dans les vagues tumultueuses.
Le film peut parfois donner l'impression d'une dispersion vers des thèmes annexes; je crois pourtant que c'est la multiplicité des approches qui est au coeur même du film : les tumultes de la vie, dont la question immobilière ne constitue qu'une des péripéties. Et sans doute pas la plus importante.
Standing Rock
In the meantime, the shores of the Missouri River and venues across the country and throughout the world are crowding with demonstrators standing with the people of the Standing Rock Reservation. One hundred and eighty-eight Tribes across the United States and Canada have written letters of support. Thousands of individuals and hundreds of businesses - including Wild Idea Buffalo Company, support the protesters (water protectors).
Sur le blog de Dan O'Brien, écrivain ET éleveur de bisons, ce billet sur la lutte des Indiens du Sud Dakota qui se battent pour empêcher qu'un pipeline ne traverse leur territoire. Lire la suite directement sur le site : http://wildideabuffalo.com/blogs/blog
10 octobre 2016
Les Mardis de la Presse à la Grande Fabrique
D'abord il y a Les Mardis de la Presse, l'atelier de gravure dirigé par Christiane Jaillet, tous les mardis matins à l'UIAD (Université Inter Ages du Dauphiné). Un atelier où chacune et chacun (?) a à coeur d'explorer de nouvelles techniques : taille douce, eau-forte, aquatinte, linogravure ... qui vous seront expliquées pour peu que vous le demandiez.
Ensuite il y a La Grande Fabrique, un lieu assez extraordinaire bien qu'un peu éloigné de Grenoble. Il faut imaginer une vallée perdue verdoyante sous le soleil, du côté de Renage.
Diversité des inspirations, créativité... les mots s'imposent d'eux-mêmes. Et bien entendu une grande admiration pour la maîtrise de techniques qui me paraissent bien difficiles.
Sur une table, pour compléter l'exposition, quelques livres d'art, à ne feuilleter qu'après avoir enfilé une paire de gants blancs !
Ensuite il y a La Grande Fabrique, un lieu assez extraordinaire bien qu'un peu éloigné de Grenoble. Il faut imaginer une vallée perdue verdoyante sous le soleil, du côté de Renage.
C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.
Construite sur la rivière, au-dessus de la rivière une chapelle maintenant désaffectée, restaurée et dont le toit a été remplacé par une verrière. Un lieu idéal pour y célébrer un mariage ou ... y présenter une exposition.
Par les grandes ogives des fenêtres la lumière entre à flot et les murs de pierre, parfois laissés brut mettent en valeur la finesse du travail de gravure et les oeuvres pour la plupart en noir et blanc.
Sur le murs du fond les grands arbres sur papier de riz attirent irrésistiblement le regard. L'impression d'entrer dans une forêt imaginaire. Ce n'est qu'ensuite que l'on prend le temps de longer les murs pour y découvrir une à une les oeuvres exposées et admirer le travail des artistes des Mardis de la presse.
Diversité des inspirations, créativité... les mots s'imposent d'eux-mêmes. Et bien entendu une grande admiration pour la maîtrise de techniques qui me paraissent bien difficiles.
Sur une table, pour compléter l'exposition, quelques livres d'art, à ne feuilleter qu'après avoir enfilé une paire de gants blancs !
Jolie occupation pour un dimanche après-midi !
Mais rassurez vous, l'exposition reste accessible toute la semaine de 11h à 18h, jusqu'à dimanche prochain.
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