07 février 2023

Un Petit frère

Une histoire de famille, très ordinaire ? Peut-être pas puisque Rose arrive en France en provenance d'Abidjan, avec deux enfants,  laissant "au pays" deux autres enfants, mais on ne saura jamais pourquoi. Parce que ce n'est sans doute pas là l'essentiel. Léonor Serraille a en effet choisi de s'intéresser à la relation entre la mère et les deux enfants qu'elle a gardés auprès d'elle,  choisi de les regarder évoluer sur le long terme : 25 ans ! Un pari audacieux qui contraint la réalisatrice a construire son film comme un triptyque, dont chaque volet est centré sur un personnage différent : la mère d'abord, puis Jean, l'ainée,  puis Ernest, le petit frère.

Ni misérabilisme, ni angélisme, mais les aléas de la vie, le désir de liberté et les coups de coeur de Rose qui l'entraînent de Paris à Rouen, les chances de "réussite" de Jean soudain gâchées et la glissade vers la délinquance, les interrogations d'Ernest, balloté entre sa mère et son frère. Chacun dans cette histoire, comme dans la vraie vie, fait des choix, commet des erreurs dont il ne mesure pas les conséquences parce que la vie n'est pas un jeu d'échec et que les êtres humains ne sont pas des pions, mais des individus sensibles dont les réactions sont rarement prévisibles. La mise en scène pointilliste et le rythme syncopé du film soulignent parfaitement les oscillations existentielles de ce trio familial. Et c'est sans doute l'adéquation entre le sujet traité et la forme choisie qui fait de ce deuxième film de Léonor Serraille, une réussite.



 

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