25 mars 2024

Chroniques de Téhéran

 

 

Chroniques de Téhéran est un film tout à fait inhabituel et tout à fait passionnant parce qu'avec un dispositif d'une grande simplicité et d'une grande efficacité il met en scène quelques moments de la vie quotidienne à Téhéran.  9 au total. Le dispositif est toujours le même, un plan fixe, un personnage face caméra, face à un interlocuteur dont on ne voit pas le visage mais dont on entend les propos, si bien que le spectateur se retrouve en quelque sorte à sa place et par conséquent, totalement impliqué. Le dialogue est toujours calme, mais devient rapidement incongru, loufoque, bizarre comme lorsqu'un jeune père vient déclarer la naissance de son fils qu'il entend appeler David, ou un autre homme qui vient pour une formalité administrative, se voit contraint de se déshabiller pour montrer ses tatouages... en l'occurrence le texte d'un poème.

Ali Asgari et Alireza Khatami, qui ont, à coup sûr lu Kafka et Ionesco, ont réussi un petit bijou de film, drôle, intelligent, qui permet de dénoncer les absurdités du régime des mollahs et ... d'échapper à la censure. Censure que l'on voit d'ailleurs à l'oeuvre dans la séquence où un réalisateur est contraint d'arracher par paquets les pages de son scénario pour obtenir le très espéré visa. d'autorisation. Rien de méchant dans ces Chroniques de Téhéran, mais beaucoup de finesse. Le film commence par un long plan fixe sur la ville, suffisamment long pour passer de la nuit à la lumière du jour (un indice) ?  et un s'achèbe sur dernier plan, comme une trouvaille : la caméra a changé de place et fixe désormais un vieillard figé, tordu, proche de l'effondrement. Derrière lui une grande baie vitrée d'où l'on aperçoit la ville.... dont les murs se mettent soudain à trembler. 

D'accord, j'ai un peu "spolié" le film, mais vous n' interpréterez
peut-être pas la fin de la même façon quand vous irez voir le film. Car vous irez le voir !

 


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