15 mars 2024

Inch Allah un fils

L'histoire se passe en Jordanie, mais pourrait aussi bien se passer en Iran, en Arabie Saoudite ou dans n'importe quel pays où la femme n'est pas reconnue comme l'égale de l'homme. 

Le mari de Nawal meurt soudainement. Il a des dettes envers son frère, qui dès le lendemain des funérailles, tout en proclamant son affection pour sa belle-soeur et sa nièce, exige d'être payé immédiatement et s'empresse de lancer les démarches successorale pour récupérer sa part d' héritage car, selon les lois de ce pays, les biens de celui qui n'a pas de fils appartiennent pour moitié à sa famille (donc son frère), pour moitié seulement à sa femme, même si c'est elle, qui par son salaire et sa dot a contribué à l'achat de l'appartement. Mais Nawal est une femme forte et elle se bat pour ne pas se retrouver sans logement et perdre la garde de sa fille. Tel est en résumé le sujet principal de ce film, mais le réalisateur, Amjad El Rasheed, en profite pour aborder bien d'autres sujets sur la condition féminine. 

Nawal n'est pas une militante féministe, son combat est solitaire, mais c'est une femme debout, qui ne plie pas, parce qu'elle sait ce qu'elle vaut ! Nawal est musulmane, elle porte le voile; elle ne met pas en cause la religion, mais bien la façon dont les hommes l'utilisent pour s'approprier tous les pouvoirs. Mais ce qui m'a le plus frappée dans ce film, c'est la façon dont les femmes elles-mêmes - hormis Nawal bien sûr - loin de remettre en cause les règles qui les oppriment, les acceptent sans rechigner et contribuent même à leur perpétuation. 

Le film d'Amjad El Rasheed est une remarquable dénonciation du patriarcat en place dans un pays musulman. Pourtant, avant de s'en offusquer il est peut-être bon de s'interroger sur les droits des femmes en France dans les années 50 : ni contraception, ni avortement, ni indépendance financière, ni liberté de travailler sans autorisation maritale .... certes depuis, nous avons progressé, mais il reste encore du chemin à faire non ?

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