29 juillet 2024

Les Fantômes

Oui c'est bien d'une chasse à l'homme qu'il s'agit, mais une chasse à l'homme qui se déroule au ralenti. Pas de course poursuite, mais une longue approche solitaire pour confirmer que "la proie" est bien la bonne et que malgré les apparences, et sa nouvelle identité, il s'agit bien du tortionnaire syrien recherché par un groupe d'activistes qui se sont engagés à se venger peut-être - Hamid a été emprisonné, torturé, sa femme et sa fille ont été tuées dans un bombardement  - mais avant tout à faire en sorte que les criminels soient punis. 

Plus qu'une chasse à l'homme c'est donc bien d'un film éminemment politique qu'il s'agit et si le réalisateur, Jonathan Millet a choisi de parler de la Syrie, son film rappelle forcément les poursuites contre les criminels nazis et leurs collaborateurs, qui se sont poursuivies jusque dans la 2e moitié du XXe siècle et la traque sans répit menée par Israël contre les terroriste des Jeux Olympiques de 1972. Mais la question - et le final du film le rappelle finement -  est de distinguer la justice de la vengeance. 




17 juillet 2024

Chris Offutt, Les Fils de Shifty

 

 

Les Fils de Shifty est pour ainsi dire la suite du précédent roman de Chris Offutt, Les Gens des collines, dont il reprend les principaux personnages : Linda, shérif de Rocksalt et son frère, Mick qui lui donne à l'occasion un coup de main ( de façon non officielle la plupart du temps) pour résoudre une affaire de meurtre. Dont il reprend aussi - et c'est tout ce qui fait son intérêt - la localisation dans les collines des Appalaches à l'Est du Kentucky. Le roman signe ainsi son appartenance au genre du "rural noir" qui, à  l'intrigue policière associe une chronique sociale. La vie, dans les zones rurales du Kentucky est loin d'être facile et les trafiquants de drogue on fait leur marché de ces lieux oubliés de tous et surtout des politiciens. ; l'alcool et la drogue ne soulagent ni  la misère ni la douleur, mais permettent parfois de les oublier. Le marché est donc rémunérateur. Et disputé.

 Chriss Offutt est enfant de ce territoire et il en parle bien. Il parle juste parce qu'il parle de ce qu'il connaît. Entre empathie et ironie, le romancier doses ses effets en passant d'une scène de crime à un bar louche, des bureaux du shérif aux routes défoncées de la région, des anciennes carrières à un cabanon abandonné au sommet d'une colline.  Les Fils de Shifty est certes un roman noir, avec sa dose de violence, mais c'est aussi un roman pétri d'humanité. 

Ah, et il n'est pas nécessaire d'avoir lu Les Gens des collines, pour lire Les Fils de Shifty . Et vice-versa.

Camille de Peretti, L'Inconnue du portrait


 Le plus fascinant dans ce roman est la façon dont Camille de Peretti s'empare de trois fois rien, un tableau de Klimt, un "repeint" qui disparaît du musée où il était accroché et réapparaît de façon tout aussi mystérieuse. Rien de tel que la fiction pour élucider les mystères du réel parce qu'à partir de cet événement, que l'on pourrait qualifier de fait divers, l'imagination de l'écrivaine se met en branle et invente une sorte de saga familiale qui se déroule sur plusieurs époques et en divers lieux. Le point de départ c'est bien entendu l'inconnue du tableau auquel Camille de Péretti commence par donner une identité et, à partir de là, ne cesse de broder, tout en gardant suffisamment de références historiques pour ne pas abuser de la crédulité du lecteur. On peut sans doute reprocher au roman son côté un peu fourre-tout : la grande histoire et l'histoire de l'art, la dure vie des immigrants, le grand mythe américain qui permet à un immigrant pauvre de faire fortune en profitant au passage de la crise de 1929, une grande histoire d'amour et une jeune fille abusée, des classes socailes qui se regardent avec méfiance... Bref, le roman contient suffisamment de personnages et de péripéties pour mériter le nom de saga. Une saga particulièrement accrocheuse.

15 juillet 2024

Gloria


 Le cinéma italien semble revenir sur nos écrans, avec des films à la fois accessible à tous et féministes, avec de surcroit, un positionnement social, et même politique, intéressant. C'était le cas de C'e ancora domani et Gloria, le film de Margerita Vicario, semble appartenir à la même veine. 

L'histoire de cette jeune servante, musicienne sans formation mais surdouée, qui évolue dans un couvent où ont été "remisées" des jeunes filles de bonne famille dont la formation musicale est irréprochable, est finalement assez divertissante parce que si les traits sont parfois un peu chargés, il s'agit avant tout d'émancipation et de liberté. Et il n'y a rien de plus réjouissant que de voir le maître de musique ridiculisé par ces demoiselles, qui profitent de leur victoire sur le patriarcat pour laisser tomber quelques préjugés de classe. Enfin...à peu près car la fiction n'est pas la réalité. mais elle peut imprimer les esprits et qui sait faire changer les mentalités. 

14 juillet 2024

Le Moine et le fusil

 Ce n'est pas un très grand film,  et la mise en scène comme la direction d'acteurs gardent encore un petit côté amateur, bien que Le Moine et le fusil soit le deuxième film de Pawo Choyning Dorji, mais c'est un de ces films du bout du monde que j'aime bien, parce qu'ils nous parlent de sociétés dont nous ignorons tout ou presque. Ainsi le Bouthan, dont le monarque a décidé qu'il était temps de renoncer au trône et de faire découvrir à son peuple ce qu'est la démocratie. Ce qui, dans un pays où l'on considère que le Produit national du bonheur est beaucoup plus important que le Produit intérieur brut, n'est pas chose aisée et demande beaucoup d'explications et de répétitions.

Le Moine et le fusil est monté comme un thriller, avec des traficants et des marchands d'armes, mais c'est un film gentil et souvent drôle,  qui, par les temps qui courent, nous réconcilierait presque avec la politique.

13 juillet 2024

Le Comte de Monte Cristo


 Oui, bon, ce grand machin pseudo-historique... un peu trop long pour ne pas me faire bailler et un peu trop d'effets spectaculaires pour me faire de l'effet.  Ou alors il faudrait ne pas avoir lu Dumas et ne rien savoir de ce qui attend le personnage. Mais non, le film de Matthieu Delaporte et Alexandre De La Patellière souffre de tout ce qui attend les oeuvres du même acabit : impossible d'y voir autre chose qu'une illustration. De qualité certes, mais, à mes yeux en tout cas, ce n'est pas assez.  Aux adaptations, je préfère en général les créations.

12 juillet 2024

Cassie Dandridge Selleck, La Couleur du silence

 La Couleur du silence est un roman plein de bons sentiments dont on peut dire qu'il est aussi un exemple de "wokisme", cet anglicisme qui s'est répandu depuis peu et semble embarrasser beaucoup de gens. 

Cassie Dandridge Selleck et une écrivaine née en Floride, une sudiste donc. Et dans son roman elle met en scène une caricature de femme sudiste, qui, l'âge et la sagesse (?) venant, prend peu à peu conscience que la femme qui la sert depuis toujours est un être humain comme les autres. 
L'idée de prendre une vieille dame sudiste pour dénoncer les errements de la ségrégation et des préjugés n'est pas inintéressante, mais le roman est dans l'ensemble trop simplet, trop empreint de bons sentiments pour convaincre ceux qui accordent un peu trop d'importance à la couleur des peaux.