31 août 2024

Arles : le quartier de la Roquette

Il suffit de quitter le centre  d'Arles et de se diriger à l'ouest, pour, une fois franchi la rue de la République, se retrouver dans ce quartier entre deux ponts, nettement plus tranquille, surtout un dimanche matin. Quasiment pas de voitures. une harmonie de beige et de gris...

 
Des jeux d'ombre et de lumière  qui ne cessent de changer au fil du jour, deux arbres qui penchent l'un vers l'autre et adoucissent la rigueur des façades...

Franchir un portail ouvert, quelques pas dans la cour de ce bel immeuble, juste le temps de voir passer un monsieur qui promène ses chats,  l'un en laisse, l'autre dans ses bras. Un rituel apparemment bien établi.

Prendre le temps d'un café, et se laisser happer par les couleurs, du jaune, du bleu  ...

  

... et retrouver ce même bleu, aussi vibrant dans la boutique d'à côté. Un dimanche matin tranquille dans le quartier de la Roquette...


30 août 2024

Arles enfin !

Retour pour deux jours seulement en cette fin d'été dans cette ville aux ruelles cent fois parcourues, mais où il reste encore mille détails à découvrir. 

Un labyrinthe urbain qui débouche souvent sur une impasse...


Ou un portail monumental...


Un passage souterrain, une arche plissée qui mènent l'une et l'autre par des angles différents à la même petite place ombragée par un grand arbre, tilleul ou figuier, je ne sais plus ...

... la place certainement la plus fleurie, et la plus tranquille aussi.

Si je devais habiter à Arles, c'est sans doute là que j'aimerais habiter.


29 août 2024

Tigresse

Tigresse, un film vu il y a quelques semaines déjà.  Et ce matin un brin de paresse ou ... pourquoi m'escrimer à mettre en mots ce que je pense du film d'Andrei Tanase, alors que quelqu'un d'autre l'a déjà fait, en l'occurrence Mathieu Macheret dans le Monde du 7 août.  Oooops. Pas de chance, l'article est réservé aux abonnés. Alors en gros ... 

Tigresse est un film avec une double trame : la poursuite d'une tigresse qui s'est échappée de son enclos et le délitement ou les retrouvailles d'un couple - celui de la vétérinaire chargée des soins de la tigresse - qui doit affronter le deuil d'un enfant de 4 jours que l'Eglise se refuse d'enterrer chrétiennement sous prétexte qu'il n'a pas été baptisé.  Oui c'est bien une histoire d'aujourd'hui, mais elle se passe en Roumanie.  Andrei Tânase, le réalisateur, entremêle habilement les deux trames si bien que son film penche plutôt vers le thriller que vers le dilemne conjugal et l'on se soucie autant du sort de l'animal que des états d'âme de la jeune femme. Voilà qui est peu commun. et plus intéressant  au final que ne laisse entendre le pitch.

Andrei Tanase : un nouveau cinéaste dont j'essayerai de retenir le nom pour ne pas manquer son prochain film.

Shelley Read, Va où la rivière te porte

Encore un romancier -  en l'occurrence une romancière -  inspiré par les vergers ? Après L'homme du verger d'Amanda Coplin, (des pommes),  Le Parfum des poires anciennes d'Ewald Arenz (des poires), voici Va ou la rivière te porte de Shelley Read et son verger de pêches... à croire que l'arboriculture a des vertus insoupçonnées et que "le verger, ses rituels, sa lumière, son calme, son immuabilité" est, comme j'ai pu le lire sous la plume d'un critique, "un miracle d'harmonie" . Miracle je ne sais pas, mais un lieu d'apaisement et de réconciliation, certainement.

En tout cas, dans le roman de Shelley Read, c'est bien le travail effectué dans son verger qui permet à Victoria Nash de continuer à tenir debout après toutes les avanies qu'elle a subies et c'est bien en s'absorbant dans le travail répétitif de l'amendement des sols et de la taille des arbres qu'elle se reconstruit peu à peu et mène en fin de compte, en fin de roman, la vie qu'elle s'est choisie. L'histoire de Victoria n'est pas une histoire de rébellion, non, plutôt une histoire de résilience. Et si l'écrivaine charge un peu la barque au point de frôler parfois la caricature, elle montre que les destinées ne sont pas forcément écrites et qu'une vie se construit avec les choix que l'on fait tout au long du parcours, y compris les plus douloureux,  comme abandonner son enfant à des inconnus pour lui donner une chance de survivre. Naïve, crédule, passive et même soumise au début du roman, Victoria apprend peu à peu à ne plus subir mais à agir. Va où la rivière te porte est au fond un exemple assez réussi de roman de formation (féministe cela va sans dire). Avec en toile de fond, les grands paysages américains des Rocheuses et le flot tumultueux de la Gunnison.


27 août 2024

Emilia Perez

 Emilia Perez est un film qui ne ressemble à rien de ce que l'on connaît, qui mélange les codes de tous les genres : thriller explosif, comédie musicale, romance familiale et revendication genrée... l'argent qui achète tout, la violence qui détruit tout, le repentir et la rédemption, la morale et l'absence de morale... le dernier film d'Audiard est un grand fourre-tout où chacun retrouvera ce qu'il n'aime ou n'aime pas au cinéma, mais le plus étonnant est que la narration est parfaitement maîtrisée, la mise en scène brillante, les acteurs à la hauteur du défi. En fait, Emilila Perez offre ce que le cinéma offre de meilleur parce qu'il ne cesse d'étonner, de surprendre de ravir ou de choquer le spectateur. Et c'est pourquoi je ne prolonge pas mon billet : il faut aller voir ce film en laissant ses préjugés à la porte du cinéma et se laisser emporter parle rythme des images.



26 août 2024

Marie Mangez, Les Vérités parallèles

 Le deuxième roman de Marie Mangez est un livre pétillant, mais pas dépourvu de gravité. Il m'a fait penser -  un peu -  au Miroir brisé de Prévert sans doute à cause du dernier chapitre et des "sept éclats de glace de ton rire étoilé". Déjà, dans son premier roman, j'avais apprécié l'habileté de Marie Mangez à créer des personnages à la fois hors du commun et terriblement justes, sa facilité à imaginer ce qui peut bien leur traverser la tête comme elle le fait ici avec le personnage d'Arnaud, journaliste brillant qui ne cesse de jouer avec les vérités, les vraies et celle qui ont l'air tout aussi vraies, mais s'écartent à peine, si peu, des faits avérés. L'écrivaine, comme son personnage, joue très subtilement de cet entre-deux, privilège de celui / de celle qui sait ce qu'il /elle doit à l'imaginaire autant qu'à la justesse et parfois la joliesse de l'écriture. 

On comprend dans ce roman l'imparable nécessité pour un journaliste de contrôler ses sources et de vérifier le faits, on comprend la tension que cela peut engendrer, mais on comprend aussi toute la liberté que peut donner l'écriture romanesque, le plaisir incommensurable de la fiction du moment qu'elle a l'air réelle. Pour le journaliste fictif comme pour la romancière, il s'agit d'un joli travail de funambule qui glisse sur son fil, léger, aérien, conscient que la chute est une probabilité ...  quasi certaine.



21 août 2024

Le roman de Jim

 Se méfier des coups de coeur de Télérama : une leçon apprise depuis longtemps, mais que parfois je néglige. J'aurais dû pourtant me méfier de ce dithyrambe sur le Roman de Jim, le dernier film des frères Larrieux qui se veut être une réflexion à la fois sociologique (les opportunités professionnelles des sans-diplôme sont assez assez limitées dans le Jura et les propositions culturelles tout autant ), écologique (que la montagne est belle !) et psychologique (quelles chances ont les contraires de s'attirer et de faire vie commune? la vraie paternité est elle biologique ou simplement affective?) Voilà qui fait beaucoup d'intentions pour un seul film. Trop sans doute. En tout cas trop pour moi ! 

J'ai au final trouvé le film plutôt pesant, trop appuyé, trop insistant et pour tout dire manquant singulièrement de finesse. Mais j'ai compris ma leçon : les choix de Télérama ne sont pas forcément les miens.


 


14 août 2024

Russel Banks, Le Royaume enchanté


 

Etrange roman que ce dernier livre de Russel Banks qui s'ouvre sur un procédé, vieux comme la littérature,  qui vise à authentifier un document prétenduement historique et véridique alors qu'il est en réalité complètement fictif : les cassettes audio soit-disant découvertes retracent la vie, essentiellement le passage à l'âge adulte, de Harley Mann devenu par la suite agent immobilier et riche propriétaire foncier. 

Enfant, Harley a grandi dans une de ces colonies utopiste qui fleurissent à la fin du XIXe siècle, mais à la mort du père, après un bref passage dans une plantation esclavagiste, la famille rejoint une communauté shaker installée dans le sud de la Floride. Le récit dès lors prend en compte les moeurs et coutumes de cette communauté religieuse et abstinente, et les choix difficiles que doit faire Harley, tombé fou amoureux d'une jeune femme qui se meurt de la tuberculose. Et voilà pour le côté romanesque !

Connaissant un peu l'oeuvre de Russel Banks, qui dans ses écrits s'est toujours intéressé aux laissés-pour-compte de la société et aux évolutions politiques de son pays. on s'interroge forcément sur ses intentions dans ce qui se trouve être son dernier livre, mais peut-être parce que le point de vue est celui d'un vieillard qui renoue avec les souvenirs de son adolescence, les personnages paraissent plutôt des pions au service d'une démonstration que je ne suis pas certaine d'avoir comprise : la dénonciation de l'hypocrisie ? de l'injustice ? l'infime différence parfois entre le bien et le mal et la difficulté à faire des choix sans anticiper suffisamment les conséquences ? l'influence de la passion sur nos raisonnements ... on cherche tout au long du roman une leçon de vie, sans doute à tort, les questions comme souvent sont de toute façon plus importantes que les réponses. Mais ceci explique peut-être pourquoi je me suis un peu ennuyée à lire ce Royaume enchanté

PS. A force de lire des références aux Ruskinites et à la colonie de Waycross, j'ai été fouiller dans les placards d'Internet et j'ai trouvé sans beaucoup de difficultés quelques liens intéressants. Autant sur le personnage de John Ruskin que sur les colonies fondées en application de ses idées (sociales et anti-capitalistes). Du coup je me demande pourquoi Russel Banks a choisi de s'intéresser aux Shakers plutôt qu'aux Ruskinites. Peut-être simplement parce qu'il s'agit d'une communauté plus connue, dont la longévité est supérieure à celle des Ruskinites ? Peut-être parce que la religion et la morale y étaient plus prégnantes, que la règle de l'abstinence sexuelle les vouait forcément à la disparition ? Ou peut-être parce  que les Shaker sont moins farouchement anticapitalistes ? J'aurais aimé savoir...


13 août 2024

Lize Spit, L'honorable collectionneur


Je crois que je me suis lassée de ces romans bien faits et pleins de bonnes intentions comme celui-ci qui  montre à la fois la grande solitude de l'enfant de divorcés qui se réfugie  compulsivement dans sa collection de flippos et le parcours traumatisant d'un petit réfugié kosovar du même âge.  La compassion est-elle une valeur romanesque ? Je n'en suis pas certaine.

12 août 2024

Santosh

Un film sur une policière indienne, ce n'est à priori pas franchement attirant et pourtant, Santosh est certainement un des meilleurs films actuellement sur les écrans des salles de cinéma. En revanche, Santosh ne vous donnera sans doute pas envie de partir en voyage en Inde, parce que la réalisatrice,  Santhya Suri, sous couvert de film policier, dénonce tous les travers de son pays : le système des castes et la corruption, les violences faites aux femmes, aux musulmans .... Santosh n'est pas pour autant un pensum pamphlétaire, ni même un documentaire parce que, si dès les premières images, nocturnes on est jeté dans la circulation trépidante et anarchique, le bruit, les lumières d'une ville indienne, on suit avec intérêt le parcours de cette jeune veuve, rejetée par sa belle-famille comme par sa propre famille, qui entame une carrière dans la police à laquelle la mort de son mari lui donne droit. Parrainée par une policière aguerrie, elle est ainsi au meilleur endroit pour juger des dysfonctionnements de la société indienne. Un scénario efficace, une mise en scène dynamique qui ne s'embarrasse pas de temps morts au service d'une vision critique et affirmée de l'Inde d'aujourd'hui, oui Santosh est un premier (?) film très réussi.