23 septembre 2009

A propos d'Elly

Inglorious Basterds, Un Prophète sont d'excellents films et bénéficient d'une aura suffisante dans la presse pour attirer les spectateurs. Il n'est pas certain qu'il en soit de même pour le film d'Ashgar Farhadi et c'est bien dommage car c'est lui aussi un excellent film. Dans un genre bien différent.

Je ne sais pas grand chose d'Ashgar Farhadi si ce n'est qu'il est né à Ispahan en 1972 et que A Propos d'Elly est son quatrième film. Mais je sais ce qu'un réalisateur français aurait fait de ce week-end entre trentenaires au bord de la mer caspienne : un lourd pensum psychogélatineux ! Comme ..... Non, je ne citerai pas de noms, ni de titres ! Alors que le film d'Ashgar Farhadi, scrute et révèle les tensions d'une génération , déchirée entre tradition et modernité puisqu'elle est est née avec la révolution islamiste.
Bien sûr les trentenaires en question sont iraniens ce qui ajoute à l'aspect sociologique une dimension politique bien venue, mais je ne suis pas certaine que l'on ne trouve pas les mêmes failles parmi les jeunes européens. C'est une chose de boire, faire les fous, danser, plaisanter, jouer avec son portable, c'en est une autre de faire face à la tragédie et de prendre ses responsabilités car c'est à ce moment là que resurgissent des comportements, dont on aurait pu penser qu'ils étaient archaïques et donc dépassés.
La caméra d'Ashgar Farhadi est particulièrement habile à rendre la frivolité et l'insouciance de la première partie du film, aussi bien que l'affolement, l'angoisse, la panique qui s'empare de ces jeunes adultes lorsqu'ils s'aperçoivent de la disparition d'Elly.


Une fonction - secondaire mais importante - du film est de servir de documentaire sur la jeunesse iranienne celle-là même qui a manifesté en Juin et se retrouve encore dans les rues aujourd'hui pour exiger de leur gouvernement un peu plus de liberté, un peu plus de justice. Encore faudrait-il ne pas plaquer sur ce film préjugés et clichés comme certains critiques qui croient bon de rappeler qu'en Iran les femmes se baignent tout habillées, alors qu'en l'occurrence, il s'agit de se jeter à l'eau pour sauver un enfant de la noyade et que, dans un réflexe altruiste, ceux qui se jettent à l'eau ne prennent pas le temps de se dévêtir, qu'ils soient hommes ou femmes ! Je sais, c'est mesquin de ma part, mais ce genre d'approximations (et il y en a d'autres) m'exaspère quand il s'agit de soutenir un bon film.
Alors laissez tomber vos journaux habituels et aller lire la critique de Christophe Chabert dans Le Petit Bulletin. L'article paru dans le Monde , avec interview de l'actrice principale n'est pas mal non plus !

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