29 novembre 2010

Clermont-Ferrand, Biennale 2010


Retour à Clermont-Ferrand pour la Biennale des carnets de voyage. Etrange biennale qui a lieu tous les ans...
Mais qui s'en plaindrait ? Que l'on parte en voyage, que l'on en revienne ou même que l'on se contente d'en rêver, la biennale a toujours quelque chose à offrir à ceux qui, comme Baudelaire, rêvent "de cartes et d'estampes. "
La profusion des propositions fait qu'au début, on se perd un peu puis l'on prend lentement ses repères. On va sans trop réfléchir vers les pays que l'on connaît déjà, ou au contraire ceux que l'on ne connaît pas du tout. Et très vite on s'attarde, on choisit, on s'approche, on essaye, si la foule n'est pas trop nombreuse, d'interroger le carnettiste. On parle voyage, dessin, écriture...

Pour quelle(s) raison(s) un carnet nous retient-il plutôt qu'un autre ? Sans doute parce que la main qui dessine est particulièrement habile, mais aussi parce que l'angle d'approche est différent, insolite, inhabituel. Parce qu'il existe entre deux voyageurs des affinités qui ne s'expliquent pas. Un même regard posé sur le monde peut-être.

A la Biennale les aquarellistes sont particulièrement nombreux, mais c'est une discipline où il est apparemment difficile de se distinguer. A vrai dire j'ai surtout retenu Sanjeev Joshi, architecte et peintre indien dont l'album sur le Bhoutan m'a beaucoup plu. Un album tout en délicatesse.

Plus que par les aquarellistes, je suis fascinée par ceux qui, en quelques coups de crayons parviennent à "croquer" une silhouette, une scène de rue. C'est ce que fait avec talent Reynald Aubert, qui enseigne l'art du croquis à l'école des arts appliqués de Genève, et n'hésite pas à passer du dessin à la couleur.

Piotr Kalinski, un graveur polonais, utilise peu la couleur : du noir, du blanc et rien d'autre ce qui permet à la fois de simplifier et de renforcer le trait. Bon, d'accord ! Le site auquel je vous renvoie (celui de la maison d'édition qu'il a crée ) est en polonais et j'avoue que cette langue ne m'est pas très familière (!), mais les dessins heureusement n'ont pas besoin de traduction et dans le tout petit livre intitulé "Samotnosc" (Solitude) les gravures sont accompagnées de courts textes, parfois traduits en français, petits poèmes en prose qui rappellent vaguement Beckett ...
Ainsi, à la dernière page du livre :










" C'est un jour comme celui-ci, un peu plus tard, un peu plus tôt, que tout recommence, que tout commence, que tout continue."

dzisiaj pada

(ce qui signifie, il pleut mais malheureusement je ne peux pas reproduire la typographie. Dommage ! )




Pour la suite de la Biennale on verra demain car j'ai un autre livre de Piotr Kalinski à regarder, un livre avec des couleurs, pastel ou encre, réalisés à Corigliano d'Otranto. Un livre intitulé Proiezione.

"Sto seduto in piazza a Corigliano d'Otranto.
Intorno sta succedendo nulla.
Sono solo, totalmente solo.
Sul tavolino una tazza di caffé, un posacenere e un blocco per gli schizzi.
Intorno le antiche mura dei palazzi, il campanile, l'orologio impigritto e il cielo.
Il cielo immacolatamente puro.
E'ora della siesta. Niente disturba il mio star seduto."
Allora continuo a sedere, totalmente immerso nel caldo e nella calma del giorno. "

Un voyage qui commence bien, non ?

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