Nostalgie de la lumière

Nostalgie de la lumière est un documentaire chilien, à la fois poétique et tragique, un film superbe.
Il y est question du désert de l'Atacama.
Il y est question des astrophysiciens qui sur ce haut plateau profitent de la transparence du ciel pour scruter les étoiles et interroger leur passé, notre passé !
Il y est question des femmes, veuves, filles ou soeurs de déportés qui, inlassablement, munies d'une petite pelle de rien du tout, arpentent le sol de l'Atacama, à la recherche d'ossements infimes qui leur permettraient de retrouver des traces de ceux qu'elles ont aimés et qui ont "disparu" pendant la dictature.
Il y est question du ciel et des étoiles, il y est question de la terre et des hommes. Là haut, la beauté des constellations est une évidence absolue. Sur terre, la beauté existe aussi, mais elle est plus difficile à trouver. Elle est sans doute dans le regard de ces femmes obstinées, enfermées dans leur passé.

Le film de Patrizio Guzmàn est d'une beauté stupéfiante. Mais si belles que soient les images, elles n'interdisent pas de s'interroger. De se demander s'il est vraiment raisonnable de faire du passé une quête aussi exclusive, surtout quand le passé est à ce point tragique.
Devoir de mémoire ?
A vrai dire, pour les femmes chiliennes présentées dans le film, il s'agit moins de devoir que de fidélité, de loyauté; elles semblent trouver dans leur marche inlassable, une forme d'apaisement à leur douleur.
Mais ne pourraient-elles le trouver dans l'oubli ?