15 août 2017

Sinan Antoon : Seul le grenadier


Ce livre est effroyable, mais cela n'a rien à voir avec les polars bien glauques ou très sanglants déjà lus. Non, le livre est effroyable parce que ce n'est pas un polar, ce n'est pas une histoire sortie de l'imagination d'un écrivain, c'est tout simplement la réalité. Celle de l'Irak, avant et après Saddam.

Il faut donc avoir le coeur bien accroché pour se lancer dans la lecture de ce livre. Ne pas avoir peur de côtoyer la mort et la violence, mais surtout la mort puisque laver les cadavres, c'est le métier du père de Jawad, le narrateur. Un métier qui s'est transmis de génération en génération, mais Jawad n'a aucunement envie de poursuivre la tradition parce qu'il cherche désespérément à rester du côté de la vie, du côté de l'art. Son talent à lui c'est la sculpture, mais comment être artiste dans un pays en guerre, dans un pays envahi.

Jawad raconte son quotidien, jamais facile; il raconte ses cauchemars qui sont à peine pires que la réalité; il raconte aussi ses espoirs, ses amours, ses professeurs qui l'encouragent dans sa voie.
L'intérêt du livre tient beaucoup à cette voix, celle d'un homme lucide, conscient de la situation dans laquelle se trouve son pays, déchiré par une guerre qu'il qualifie de confessionnel, lui qui, bien que sa famille soit chiite, a renoncé à toute religion. Rarement dans un livre on aura aussi bien montré que le destin d'un individu est indissociable du destin du monde.

J'ai cru percevoir dans ce livre quelques maladresses d'écriture (ou de traduction), mais me suis laissée emporter par la force du récit, la force du témoignage. Un livre toutefois dont on met un peu de temps à se remettre.


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