Bien des choses ont déjà été écrites sur les grands travaux entrepris à Bordeaux, et il est vrai qu'en quelques années la ville est devenue très agréable. En tout cas pour le touriste de passage.
Une des plus jolies réussites, c'est sans doute l'aménagement des quais, dont on peut imaginer qu'il va modifier le profil de la ville puisqu'il crée, le long de la Garonne un espace ouvert à toutes sortes d'activités : un immense miroir d'eau face à la place de la Bourse qui sert à l'occasion de pateaugeoire aux enfants... ou aux grands, un jardin de lumière aux plates-bandes rigoureusement parallèles, moderne dans sa conception et prometteur ... mais il vient tout juste d'être planté; un peu plus loin des jeux d'enfants, un skate park où rollers, skaters et même bikers rivalisent de dextérité pendant que le long des quais courent les infatigables joggers, déambulent les flâneurs et s'embrassent les amoureux ! On fait ses courses au marché bio, on s'installe pour un pic-nic entre amis....
Le plus séduisant dans cet aménagement des quais c'est qu'il offre des possibilités à chacun et, à première vue, devrait permettre que se côtoient générations et milieux sociaux différents.
Pour en savoir plus sur le miroir d'eau et l'aménagement des quais : le site de la mairie au demeurant très bien fait ! http://www.bordeaux.fr/Le choix des lampadaires en revanche me paraît plus incongru ...
Un rappel des braséros que l'on utilisait dans les vignobles peut-être ?
Ou des fanaux destinés à guider les marins le long de la Garonne ?
Comme je ne les ai pas pris en photo moi-même, j'ai emprunté une image à http://doque.over-blog.com/article-15684851-6.html Merci !
Si l'aménagement des quais m'a enthousiasmée, je suis restée perplexe devant d'autres réalisations qui concernent la réhabilitation des quartiers Chartrons et surtout Bacalan.
Ces deux quartiers ont une longue histoire, liée à l'économie de Bordeaux, fondée en partie sur le commerce du vin. Dans ces quartiers en effet étaient installées chais et entrepôts qui couvraient des surfaces considérables, mais on y trouvait également des logements ouvriers. C'était aussi, - dit la rumeur - le quartier chaud de Bordeaux. Au fil du temps ces quartiers se sont dégradés avant d'être, depuis peu, l'objet d'un grand plan d'aménagement.
Pour qui s'intéresse à la vie des villes, une promenade dans le quartier Bacalan se révèle une expérience passionnante et intrigante.
Les bars "louches" côtoient les restaurant branchés, et les cybercafés les épiceries arabes; une galerie design à côté d'une mercerie à l'ancienne; ici une maison délaissée, et depuis longtemps squattée par une tribu de roumains bruyants; là, un immeuble ravagé, un autre soigneusement restauré. Artistes, bobos et SDF partagent les mêmes trottoirs. Un mélange qui pourrait être détonnant mais qui est juste vivifiant. Rien de pire qu'un quartier pétrifié dans ses habitudes. Pour ne pas mourir les villes doivent se renouveler.
Je déteste les villes musées. J'adore les villes qui bougent, qui se transforment, qui changent : Berlin, Pékin, New York ... Ce sont les mutations qui m'intéressent.
Bien que je n'en comprenne pas toujours le sens.
Ainsi, pour revenir à Bordeaux... au hasard de mes balades, je suis tombée sur la Zac des Chartrons : immeubles neufs , 3 ou 4 étages seulement, espaces verts; l'ensemble est plutôt classique mais séduisant.
J'ai découvert aussi une rue, nouvellement crée, rue des Beaux-Arts je crois, qui propose ateliers, galeries et logements à des artistes ou des artisans. Cela rappelle un peu le principe des souks arabes, regroupés par catégorie de marchandises ou ces communautés d'artistes qui semblent être une spécificité américaine. L'ensemble, à peine achevé est encore très austère, très minéral : mais la pierre est blonde, comme un peu partout en Gironde et il suffit d' attendre que les plantes grimpantes (des pieds de vigne ? ) garnissent un peu les façades.
Les ouvertures à claire-voie m'intriguent néanmoins et je n'en comprends pas bien la raison.
Dans une petite rue perpendiculaire au quai Bacalan je tombe sur des immeubles aux vitres colorées : bleu, jaune, la troisième était rouge. Mais les entrées barrées par des grilles ?
C'est sans doute pour mettre à l'abri les poubelles ou les vélos : la rue est étroite ! Un peu étrange quand même.
De l'autre côté de la rue, c'est plus étrange encore car les façades anciennes ont été conservées, avec leurs ouvertures désormais inutiles. Derrière les façades, avec un léger recul, un immeuble a été construit avec des ouvertures qui ne coïncident pas... fenêtres aveugles ? C'est assez difficile à comprendre mais je suppose que les appartements donnent en réalité de l'autre côté, peut-être sur un grand jardin plein de lumière.
Les entrées toutefois sont elles-aussi fermées par de solides grilles.
Et lorsqu'un peu plus loin, je tombe encore sur des grilles, je commence vraiment à me poser des questions .
A quoi peuvent-elles bien servir ?
Ecologie, et préservation de l'énergie ? Je ne vois pas très bien, sauf à faire courir des végétaux le long de ces grilles .
Visée esthétique ? Cela paraît pour le moins douteux.
Alors ?
Préoccupation sécuritaire ? Je ne vois plus que cela !
A moins encore que ce ne soit le moyen trouvé pour éviter graffitis et stencils !
Ce qui pourrait expliquer cette autre façade, dont l'esthétique tient à la fois de l'esprit zen (sobriété, harmonie des matériaux, des formes et des couleurs) et du bunker (forteresse de métal avec fenestrons).
Qui me dira laquelle de mes hypothèses est la bonne ?
Mais quelle que soit la réponse je ne crois pas que la seule alternative à cette architecture sociale moderne soit à chercher du côté de la photo suivante :
L'immeuble ancien avec son balcon fleuri a certes beaucoup de charme, mais c'est une image d'autrefois; une image d'un passé dont nous gardons parfois la nostalgie.
A tort !
"Le jeune, le vivace et le bel aujourd'hui..." est là qui nous attend.
Mais je le préférerais sans grilles !