Des Shivas, on en voit partout, dans tous les temples et dans tous les musées de l'Inde du Sud.
Mais les Shivas de bronze du musée de Madras m'ont particulièrement intéressée.
Le premier coup d'oeil est décevant : éclairage exécrable, reflets parasites dans les vitrines, poussière partout .... mais ce Shiva à quatre bras, en équilibre sur un pied est décidément très intriguant.
Et les explications qui en sont données m'ont fascinée comme me fascinent toutes les explications cosmologiques.
Dans la mythologie hindoue , Shiva est le principe à la fois créateur et destructeur, ce qui, d'une certaine façon, assure la pérennité de l'univers . Premier point positif.
Shiva danse et en dansant il anime toutes choses dans l'univers. Lucrèce imaginait la chute des atomes et leurs rencontres fortuites, mais n'avait pas pensé à les faire danser. La danse des atomes .... comme les poussières qui dansent dans un rayon de lumière.
Les quatre bras de Shiva prennent possession des quatre directions du monde.
- Dans sa main droite supérieure, il tient un tambourin dont la vibration rythme la création. Ce tambourin a le plus souvent la forme de deux triangles reliés par la pointe ce qui symbolise l'union des principes féminin et masculin. Quelque chose comme l'Eros grec ! l'énergie vitale.
- Dans sa main gauche supérieure, il tient une flamme, supposée éclairer le monde. La lumière de la connaissance je suppose .... A moins que cela ne soit la flamme destructrice ?
- De sa main droite inférieure, poignet relevé, Shiva protège le monde.... bien que ce serpent enroulé autour de son bras soit, à mes yeux, de bien mauvais augure. A moins que Shiva n'ait réussi à immobiliser le reptile.
- La main gauche inférieure, paume dirigée vers le bas est un geste de bénédiction, geste que réïtère l'éléphant qui, à l'entrée des temples, pose sa trompe sur la tête des croyants ?
De son pied droit, Shiva immobilise le nain Mulayaka, symbole de l'ignorance ou dans d'autres versions, symbole des passions humaines dont le déchaînement pourrait perturber l'équilibre du monde. Equilibre habilement signifié par la jambe gauche levée et pliée comme pour amorcer - ou achever - une pirouette. Shiva tourne sur lui-même et la ceinture qu'il porte autour de la taille (image du haut) tourne avec lui.
Les cheveux, étalés de part et d'autre de la tête représentent les eaux du Gange, dont les flots ont été apaisés. Reste le cercle de feu où se consument les passions.
Il y a, j'en suis certaine, bien d'autres façon d'interpréter cette gestuelle "divine", mais c'est celle que j'ai retenue; elle me plaît parce qu'elle semble réussir l'alliance des contraires, le rythme, le mouvement, l'énergie et l'équilibre, la stabilité, la sérénité.
Je n'aime pas les religions, mais j'aime bien les cosmologies.
16 mars 2010
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