Vu de l'extérieur, le château de Rivoli paraît d'abord immense. Et il l'est !
Mais quand on s'approche, il paraît surtout bizarre !
Et ne ressemble à rien de ce que l'on connaît.
Tout en briques, avec un effet de plissé du plus bel effet. Des colonnes, des arcs, de drôles de lucarnes...
Des ouvertures murées, des morceaux qui semblent manquer.
Ruine ? Demi-ruine ? Déconstruit ? En voie de reconstruction ?
D'autant qu'il suffit que passe un nuage pour que change la couleur des briques.
Et pour peu qu'intrigué, on fasse le tour du château, on découvre un bout de façade intact, qui a gardé ses ornements architecturaux et dont la couleur jaune paille contraste avec le rouge grisé des briques.
De l'autre côté encore, de grandes baies vitrées, résolument modernes achèvent de bouleverser nos repères.
Au fond, à quoi reconnaît-on un château ?
Celui-ci porte tout simplement les traces de son histoire. Fondé au Moyen-âge, il a été restauré et transformé entre les XVIe et XVIIe siècles. Saccagé par les troupes françaises, au début du XVIIIe siècle, il est restauré une seconde fois par Filippo Juvara bien que celui-ci ait laissé une façade inachevée. Le roi Vittorio Amadeo II y a été assigné à résidence par son propre fils; des grilles ont alors été installées aux fenêtres. Laissé à l'abandon, le château est devenu bien communal, a servi de caserne. Sérieusement endommagé pendant la guerre, il est resté quasi en l'état jusqu'en 1979.
Mais ce château de bric et de broc, tiré à hue et à dia a toujours de beaux jours devant lui car depuis 1984, il devenu un extraordinaire Centre d'Art Contemporain.
Présenter des oeuvres contemporaines dans un cadre contemporain, rien de plus banal. Mais présenter des oeuvres contemporaine dans un lieu non seulement historique comme le Château de Rivoli, mais dans un lieu dont la plupart des pièces ont été restaurées, remarquablement restaurées et proposent au regard, fresques, dorures, moulures, et autres ornementations d'époque (je pense au carrelage en trompe l'oeil d'une des salles ! ) est un pari risqué et pourtant totalement réussi. Le regard est en ces lieux comme lavé des habitudes, des préjugés, des références qui l'encombrent habituellement. L'art contemporain a, en règle générale, besoin de beaucoup d'espace. Ici, chaque oeuvre dispose d'une salle pour elle seule et il se crée parfois de subtiles correspondances ou d'étranges dissonances ente la pièce exposée et son environnement.
Comme souvent quand il s'agit d'art contemporain les oeuvres surprennent, dérangent, interrogent plus qu'elles ne séduisent. Mais la collection est si riche, qu'il serait étonnant que vous ne trouviez pas une oeuvre qui vous plaise vraiment.
Pour ma part, ce sera Bill Viola, un vidéaste que j'ai découvert il y a quelques temps déjà. L'oeuvre est de la collection Rivoli est présentée dans un minuscule cabinet baroque entre deux salles; elle est proprement stupéfiante !
Un grand écran vertical bleu, bleu profond, bleu électrique. Plongée dans le bleu ... A force de scruter l'écran, on devine plus qu'on ne voit comme un mouvement : des bulles minuscules montent à la verticale. Soudain, du fond de l'océan, du bas de l'écran un jaillissement brutal, une éclaboussure et puis une forme vaporeuse, une silhouette féminine qui lentement, très lentement monte vers le haut de l'écran. Le titre de l'oeuvre ? L'ascension d'Isolde (La Forme de la Lumière dans l'Espace après la mort). La vidéo dure une dizaine de minutes. Il faut jouer le jeu, s'asseoir sur le banc prévu à cet effet, attendre et se laisser prendre. C'est beau, c'est fascinant, c'est stupéfiant. L'effet dépend bien entendu du moment où vous entrez dans la pièce, du temps que vous passez, assis sur le banc, à scruter l'écran bleu. Trop beau !
Comme les photos n'étaient pas autorisées, j'ai été chercher sur le net une photo pour vous donner ne serait-ce qu'une vague idée et voici où je l'ai prise.
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