Le précédent film de Corneliu Porumboiu, 12h08 à l'Est de Bucarest, ne m'avait pas fait grande impression. Ce n'est pas le cas de Policier, adjectif. Et pourtant c'est a priori, un film sans charme et sans grand suspens que certains n'hésiteront pas à trouver même un peu ennuyeux.
Sans doute ! Pourtant je ne me suis pas ennuyée. Pas vraiment.
D'abord parce que la vision que nous donne le cinéaste de son pay, la Roumanie est peut-être réaliste mais totalement désespérante. Rues quasi désertes, trottoirs percés par les mauvaises herbes, façades lugubres, grisâtres, verdâtres ... le dernier pays où l'on aurait envie de passer ses vacances.
A cela s'ajoute une bureaucratie à la fois pesante et inefficace. Le jeune policier chargé de la filature d'un adolescent, soupçonné de se livrer à un traffic de drogue, ouvre et ferme des portes, passe de bureaux en bureaux pour trouver partout le même air renfrogné et des employés très peu coopératifs, rédige ses rapports à la main, à côté d'un ordinateur qui visiblement n'a jamais servi ou ne sert plus depuis longtemps.
A ce stade, le film pourrait presque passer pour un documentaire sur l'administration des pays satellites de l'URSS avant la chute du mur. Mais il ne s'agit pas d'un film historique, il s'agit bien d'un film d'aujourd'hui.
Un jeune policier est donc chargé d'une enquête sur un supposé trafic de drogue qui implique un adolescent. Avant de rendre son rapport, le policier, soucieux de ne pas envoyer pour 5 ans un jeune en prison sans motif sérieux, multiplie les filatures et tergiverse avant de rendre son rapport. Jusqu'à ce que, acculé par sa hiérarchie, il soit contraint de choisir entre sa conscience et la loi. Le conflit entre la conscience et la loi, entre ce que dicte la morale et ce qu'impose le droit a conduit H.D. Thoreau à théoriser le principe de désobéissance civile.
Corneliu Porumboiu ne théorise pas; il met en scène ce qui permet au spectateur d'essayer, à son tour de faire un choix qui sera, ou ne sera pas celui du jeune fonctionnaire.
Ce que j'ai particulièrement apprécié dans ce film c'est l'économie de moyens, l'absence d'effets : pas de contre-plongée bizarres, de travelling vertigineux; la caméra est au service du propos et non le contraire. Cinéma vieillot ? Non, juste du bon cinéma.
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