Dire de Cleveland contre Wallstreet que c'est un film engagé, n'est peut-être pas lui rendre service, car il y a peu encore, le mot faisait plutôt fuir !
Pourtant, la démonstration dans laquelle se lance Jean Stéphane bon, le réalisateur, est aussi intelligente que convaincante. En moins de 2 heures les mécanismes de la crise des subprimes sont démontés, expliqués, illustrés et le spectateur est aussi libre de son jugement que le sont les membres du jury populaire appelés à donner leur verdict à la fin du film.
On objectera que les témoins à charge, qu'il s'agisse des victimes prises au piège de leur "naïveté", du flic chargé des expulsions qui craque le jour où il doit expulser une vieille dame de 86 ans qui pourrait être sa grand-mère, de l'ancien dealer reconverti dans la vente des "subprimes", ou du concepteur du logiciel qui a permis de "monter" le système, constituent un pannel très - trop?- démonstratif. Mais ils sont vrais ! Ce ne sont pas des personnages inventés pour les besoins de la cause mais des gens qui, avant même d'avoir compris ce dont il s'agissait, ont été pris dans la tourmente. Tout aussi réel est le seul témoin de la défense, le conseiller gouvernemental, ardent partisan du libéralisme à tout crin au point de paraître grossièrement caricatural. Chacun dans ce film joue son propre rôle, y compris les deux avocats. Et le plus étonnant reste qu'un avocat ait accepté de prendre la défense de Wall Street; mais sous ses airs "bonhomme", c'est en fait, un redoutable sophiste : il désarçonne les témoins en leur posant des questions embrouillées pour lesquelles il exige une réponse par oui ou par non ! Et ça marche !
Cleveland contre Wall Street : un film bien fait sur un sujet a priori austère qui se révèle en fin de compte passionnant !
Mais qui ira le voir ?
Les traders ? les banquiers ? les financiers ? Cela m'étonnerait ! Ce sont de toute façon les grands absents du film.
Les gens qui ont tout perdu, leur maison, leurs économies, leur vie ? Il n'ont pas même les moyens de s'offrir une place de cinéma et sans doute pas envie de retrouver sur l'écran ce qu'ils vivent au quotidien.
Alors qui ?
Les intellos dans mon genre qui trouveront dans ce film la confirmation de ce qu'ils savaient déjà.
Dommage.
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