Le propos de ce film ? Une histoire d'atomes crochus ? Si l'on veut mais il est une clef d'entrée encore plus simple qui donne d'emblée le ton du film.
Qu'il s'appelle Wally, Waldo ou Charlie, il est facilement reconnaissable avec son bonnet, ses lunettes rondes et son chandail rayé. Oui mais voilà, quand il est perdu au milieu de la foule, il devient très difficile à repérer. Si le livre de Martin Handford, Where is Wally (auquel se réfère explicitement Medianeras) a eu tant de succès depuis sa première édition en 1987, c'est qu'il touche quelque chose de profond en nous : comment rencontrer sa moitié d'orange dans un monde peuplé de plus de 6 milliards d'individus ?
Ce que raconte le film de Gustavo Taretto, c'est que cette "moitié d'orange", habite peut-être l'immeuble juste à côté de vous, vous la croisez plusieurs fois par jour, mais vous ne le savez pas. Parce que la ville où vous habitez (Buenos Aires) tourne le dos à la mer, que l'architecture y est devenue folle et enferme ses habitants dans des espaces labyrinthiques, parce que le réseau de cables et de fils qui s'entremêlent au dessus de nos têtes, au lieu de constituer une fenêtre ouverte sur le monde, constitue une toile d'araignée dans laquelle nous nous engluons. Parce que chacun s'enferme dans ses peurs, ses angoisses, ses échecs et qu'il faut plus d'une coïncidence pour que deux êtres finissent par se rencontrer. Le hasard, le grand entremetteur!
Parler de choses graves sur le mode léger est d'une grande élégance. Les personnages du film sont névrosés, phobiques, dépressifs mais le film jamais ne pèse. Gustavo Taretto a choisi de faire de son film une comédie et utilise toutes les ressources de l'image pour amuser le spectateur. Pas étonnant que le public du festival de Berlin en ait fait son "coup de coeur".
PS : Si vous avez vu L'Homme d'à côté, vous vous demanderez, comme moi, comment il se fait que, à Buenos Aires, on ouvre tant de fenêtres dans les murs mitoyens !
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