28 septembre 2023

Cluny Brown

 Un bon vieux Lubitsch. Féministe de surcroît. Enfin  ... un peu, un tout petit peu, parce que l'objectif final c'est quand même l'amour et le mariage ! Mais l'histoire de cette jeune fille qui ne résiste pas à l'appel du siphon (!) est quand même assez drôle. Orpheline, Cluny a pris goût à la plomberie en regardant travailler l'oncle qui l'a recueillie. D'origine modeste elle est supposée rester "à sa place". Mais comme elle n'a aucune idée de ce que doit être "sa place" dans la société, elle n'en fait qu'à sa tête et se conduit en jeune fille libre sans se soucier des normes sociales. Lubitsch en profite pour faire une caricature de la gentry anglaise très collet monté, assise sur ses préjugés, le plus drôle(?) étant de voir ces préjugés endossés par ceux-là mêmes qui sont à leur service.

Que l'on se rassure : Lubitsch se moque, mais la révolution n'est pas pour demain et tout rentre dans l'ordre lorsque "la folle ingénue " - le titre français - se retrouve dans les bras, non pas du fils de famille, pas même du pharmacien guindé, mais d'un homme lui-même déclassé, un escroc à la petite semaine, tchèque de surcroît. A chacun sa place. A chacun sa case dans la société anglaise de l'après-guerre.

Bien qu'elle sache manier la pince et le marteau, Cluny Brown n'a donc rien d'une suffragette, mais son personnage rappelle plus que jamais Rosie the riveter, icône de la culture populaire américaine depuis 1942, quand les femmes ont pris la place des hommes dans les usines pour participer aux efforts de guerre et ce faisant ont découvert que oui, elles étaient capables de bien des choses : serrer des boulons, déboucher un évier, changer un pneu, faire des études .... et qu'elles n'étaient pas obligées de rester derrière leurs fourneaux pour exister. Merci Rosie, merci Cluny, le message est passé.




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