20 septembre 2023

Les Feuilles mortes

Un film d'Aki Kaurismäki est toujours un plaisir... 

Plaisir tout d'abord de se retrouver dans un univers familier, avec des lieux, des personnages hors du temps, hors des modes, hors des normes et donc parfaitement intemporels et parfaitement humains. 

Plaisir d'être constamment surpris, étonné devant l'inventivité du réalisateur qui brode indéfiniment le même thème sans pourtant jamais se répéter. 

Plaisir des yeux surtout stimulés par le choix des couleurs, acidulées, stridentes, désaccordées plus qu'harmonieuses; par le choix des cadrages, de la multiplicité des plans fixes qui permettent de scruter l'image et d'y découvrir mille et un détails; par le rythme lent mais sans longueur, juste ce qu'il faut pour tenter de deviner la profondeur des sentiments; par l'emploi parcimonieux des dialogues dont chaque mot a minutieusement été pesé. Dans les films de Kaurismäki, on ne parle pas pour ne rien dire et si l'on n'a rien à dire, on se tait. La bande son fait d'ailleurs une part de choix aux silences comme aux intermèdes musicaux qui ponctuent le film et créent cette atmosphère un peu décalée qui fait la singularité du réalisateur. 

Les Feuilles mortes, c'est une histoire d'amour entre deux êtres peu doués pour le bonheur. Mais c'est aussi une histoire sociale entre un ouvrier dans une fonderie et une employée dans un supermarché qui se font virer parce que la rentabilité économique est devenue le seul critère des entreprises. C'est encore un film sur fond de guerre - celle d'aujourd'hui, entre Russses et Ukrainiens - omniprésente à la radio. 

Mais plus que tout peut-être, le film de Kaurismäki est un hommage au cinéma, dont les affiches sont exposées dans les vitrines du cinéma devant lequel les personnages se retrouvent. Et pas besoin de lire le finlandais, les images suffisent à identifier les films. Parce que Kaurismäki est un cinéaste qui donne, comme il se doit, la priorité à l'image. Et au jeu des acteurs. 

Bref, Les Feuilles mortes est, a mon goût, un film jubilatoire qui a permis de faire passer la pilule des deux films très médiocres vus récemment.




Aucun commentaire: