29 mai 2025

Art up : en passant par la foire...

 
Abstrait ou figuratif ...
 
 
... la couleur, le mouvement, les techniques ...


la représentation, l'expression


Dans l'art, comme dans les foires il y a un peu de tout.

 

28 mai 2025

Raphaël Quenard, Clamser à Tataouine

 Il écrit comme il parle. Phrases courtes, vocabulaire recherché, parfois savant, parfois juste vulgaire. Prétentieux, rigolard, provocateur... Raphaël Quenard est tout cela et somme toute insaisissable. 

Clamser à Tataouine est un roman enlevé, sur une trame simple : quelque chose comme les confessions d'un psychopathe, tueur en séries - de femmes  exclusivement - selon un schéma préétabli. Ce qui permet à l'auteur, de glisser ici et là, quelques éléments (vrais ou inventés) de sa vie personnelle. 

On le lit parce qu'on aime bien l'acteur, parce qu'on en parle dans les médias. De là à en faire une grande oeuvre littéraire ? Une pochade tout au plus, qui s'appuie sur la fascination de notre société pour les histoires criminelles. 




27 mai 2025

Little Jaffna

 Coloré, mouvementé, agité, en gros plans et caméra à l'épaule : le début du film embarque le spectateur dans un tourbillon effréné et le suite est à peine plus tranquille. Gangs farouchement opposés, activistes et militants, tout s'embrouille facilement pour le spectateur qui n'a pas, dès le départ, repéré le flic infiltré chargé de mettre au clair la situation. Il s'agit de rackets auprès des commerçants, mais entre rackets frauduleux et rackets pour une cause politique (celle des rebelles du Sri Lanka), la différence n'est pas évidente et l'on craint bien sûr pour la peau du flic, coincé entre les affrontements violents.  En tout cas, aucun risque d'ennui en allant voir le film de Lawrence Valin, à moins de relâcher son attention et de perdre le fil de l'intrigue. Le plus étonnant peut-être est que cette histoire se passe à Paris ! Un Paris très exotique pour le coup.




26 mai 2025

Partir un jour

Le film d'Amélie Bonnin, Partir un jour, est un film réjouissant. Une comédie douce-amère, dont on apprécie la justesse des dialogues, l'excellence du casting, la rigueur de la mise en scène, la souplesse des mouvements de caméra et ... le choix des chansons car oui, sans être une comédie musicale à proprement parler, le film est ponctué de chansons. Bref un film dont on n'a envie de dire que du bien, même si le jeu sur le mal-être des "transfuges de classe" n'est pas loin de devenir la tarte à la crème de la littérature et de la sociologie.

Mais ce que je préfère retenir dans le film d'Amélie Bonnin, c'est le moment de bascule d'une vie, le petit détail, chance ou malchance, qui dévie une trajectoire, sans retour en arrière possible. Ne reste que la nostalgie de ce qui aurait pu  arriver... mais n'est pas arrivé

25 mai 2025

James Lee Burke, New Iberia blues

Comme une envie de revenir au polar bien noir autant qu'au bout du bout du Mississipi, entre le bassin d'Atchafalaya et le bayou Teche, en plein territoire cajun.  Celui de Dave Robicheaux et de son ami Clete Purcel, semblables à eux même depuis le premier roman de James Lee Burke. 


Avec New Iberia Blues, le lecteur de Burke est en territoire connu :  on sait que Dave est un inspecteur de police, tendance dépressive, vétéran du Vietnam et ancien alcoolique. On connaît sa maison au bord du bayou, sa fille, ses chats. On connaît ses habitudes, sa façon de faire, plus intuitive que rationnelle, sa violence latente. Comme on connaît son penchant à la contemplation d'un territoire en train de disparaître sous la poussée de la modernité. L'enquête dont il est chargé flirte avec le milieu du cinéma : un homme revient sur les lieux de son enfance après avoir fait fortune à Hollywood.  Il y a un nombre conséquent de meurtres et de scènes de violences, particulièrement morbides et minutieusement décrites comme il se doit dans tout polar; mais il y a aussi des des scènes méditatives et des  descriptions de paysages à vous donner envie de prendre immédiatement un avion pour la Louisiane. C'est à ce mélange de douceur et de brutalité que l'on reconnaît le savoir faire de James Lee Burke. Le premier roman surprend, mais si on accroche, on les lit tous les uns après les autres.

15 mai 2025

Dand O'Brien, Adieu Dakota

Depuis Les Bisons de Broken Heart, je ne cesse d'attendre les nouveaux livres de Dan O'Brien, certaine d'y retrouver à chaque fois le même univers. Celui d'un rancher du Sud Dakota, qui a consacré sa vie à l'élevage de bisons, et, plus encore à la restauration de la Prairie, sachant que l'un ne va pas sans l'autre. Ecologiste dans l'âme, profondément humaniste, c'est, entre autres, à travers ses livres que Dan O'Biren partage ses convictions. Parfois sous forme de récit, parfois sous forme de roman comme c'est le cas dans Adieu Dakota

Que ma lecture du roman soit un peu biaisée, j'en conviens parce que je prends toujours plaisir à retrouver l'évocation de lieux que j'ai moi-même parcourus. Mais il y a d'autres entrées pour apprécier ce roman qui se présente en fait comme un récit familial. En effet Jason, le personnage principal, revient auprès des siens dont il s'était éloigné : sa mère est en fin de vie et ces retrouvailles sont l'occasion pour lui de revenir sur les événements du passé et ce qui l'a poussé à partir. La confrontation entre le passé et le présent est certes personnelle, mais elle permet à l'auteur de montrer les changements intervenus dans cet Etat rural de l'Amérique depuis que les réserves de gaz de schiste ont commencé d'y être exploitées de façon intensive ce qui n'est pas sans modifier et l'économie et le mode de vie des habitants de la région. 

Dans un monde qui ne cesse d'évoluer et dont les changements paraissent irréversibles, il appartient à chacun de faire ses choix.  Accepter ? S'habituer ? Partir ? Continuer ? S'adapter ? Renoncer ? Résister ? Adieu Dakota est bien un roman, pas un essai philosophique. Et pourtant ...


James Mc Bride, L'Epicerie du Paradis sur Terre

Ce serait vraiment dommage de passer à côté d'un écrivain comme James Mc Bride et de son dernier livre, L'Epicerie du paradis sur terre, parce que James Mc Bride manipule comme personne la matière romanesque : en l'occurrence un lieu, Chicken Hill en Pennsylvanie (état hautement symbolique puisque c'est à Philadelphie qu'a été signée la constitution américaine), une époque, les années 30, années de grande misère en particulier pour les populations noires (sorties de l'esclavage mais pas de la ségrégation) et les juifs fraîchement immigrés, attachées à leurs traditions européennes et pas tout à fait américains encore. Pour faire le lien entre ces deux groupes sociaux, il y a Moshe qui a fait fortune en organisant des concerts, et surtout sa femme, Chona, qui, malgré leur récent enrichissement s'obstine à tenir l'épicerie de leurs débuts parce que cela lui permet de venir en aide à beaucoup de gens. 

Le roman s'ouvre sur la découverte d'ossements au fond d'un puits, mais avant d'en connaître les raisons, il faut remonter le temps et faire revivre tout un monde depuis disparu. Parce que, en dehors du pourquoi et comment et la résolution de l'énigme policière  - que le lecteur finit presque par oublier -  ce qui intéresse Mc Bride c'est de montrer une foule de personnages, tous représentatifs d'une certaine Amérique et de divertir le lecteur qui ne boude pas son plaisir. L'écrivain sait comme personne créer des personnages, un peu fantasques mais parfaitement crédibles, des situations désopilantes et pourtant plausibles. Il brode, il invente, il imagine, il s'enflamme, mais la réalité n'est jamais loin parce que ce qui le pousse à écrire c'est son humanisme, qui a sans doute beaucoup à voir avec sa propre identité. 

"L'écriture de James McBride se construit au croisement des racines polonaises, afro-américaines, juives et chrétiennes de l'auteur, dont l'œuvre touche ainsi à l'universel. Ses ouvrages ne cessent d'explorer les fondations d'une Amérique qui n'a pas fini d'évoluer." Gallmeister

Lire L'Epicerie du Paradis sur terre  c'est se donner la chance de retrouver non pas une Amérique idéale qui n'a jamais existé, mais une Amérique moins déroutante, moins effrayante que celle d'aujourd'hui.

 



Les Bergers


 Mais non, contrairement aux apparences, la vie de berger n'est pas de tout repos. C'est une vie rude et  semée d'embûches (les patrons d'abord, pas très conciliants, c'est le moins qu'on puisse dire, la météo  parfois redoutable et bien sûr les loups ! ) Tout cela on l'apprend par le biais dans un film qui sous prétexte d'un documentaire, joue plutôt la carte de la comédie légère ... à moins que ce ne soit le contraire ; parce que le film raconte aussi l'histoire d'une rencontre entre Mathias, un Quebécois, venu en France pour changer de vie et devenir berger alors qu'il ne connaît rien au métier, et une jeune fonctionnaire de pôle emploi, Elise, qui lâche tout pour le suivre. 

En jouant sur les deux tableaux, docu et comédie sentimentale, Sophie Deraspe, réussit un film plutôt malin pour le plus grand plaisir du spectateur.

07 mai 2025

Deux soeurs

 J'attendais mieux du film de Mike Leigh qui, de façon un peu caricaturale quand même, fait le portrait de deux soeurs aux personnalités radicalement opposées. Mais Chantal, une femme rayonnante, positive, chaleureuse, drôle n'est là que pour mettre en valeur le comportement insupportable de  Pansy, une personne toxique s'il en est : négative, colérique, agressive, dépressive, etc... qui détruit littéralement sa famille et son entourage. Son comportement a peut-être une explication, mais le réalisateur ne nous la donne pas. Il semble surtout avoir donné carte blanche à son actrice, Marianne Jean-Baptiste qui en fait des tonnes. Trop.




05 mai 2025

Olivier Rolin, Vers les îles éparses


 

Pourquoi cet écrivain me fascine-t-il autant ? Je ne sais pas vraiment... Peut-être parce que ses livres sont presque toujours des objets improbables, rarement de vrais romans, souvent des récits personnels, entre récit de voyage et récit intime. Il parle de lui, de ce qu'il voit, des gens qu'il rencontre et qu'il écoute. Il parle des écrivains qu'il aime, Cendrars en tête. Un peu baroudeur, un peu érudit. Souvent râleur, rarement enthousiaste... Il écrit comme il est, libre avant tout. Et ce petit livre, récemment publié aux éditions Verdier ne se démarque pas des précédents.

L'écrivain a eu l'opportunité d'embarquer sur le Champlain, un bâtiment de la marine nationale chargé entre autres de ravitailler les bases militaires ou scientifiques des Îles Eparses, au large de Madagascar. Voyage immobile, puisque ce sont les paysages qui se déplacent et qu' Olivier Rolin n'a, au sens propre rien à faire qu'à regarder, contempler, admirer ... Paysages marins, paysages insulaires, ciel et mer toujours changeants, alors qu'à bord la routine l'emporte.  Olivier Rolin observe, questionne, écoute, comme le ferait un journaliste, et puis se retire dans sa cabine, pour lire, encore et encore. 

Pour avoir un jour traversé l'Atlantique sur un cargo, je n'ai pas eu trop de peine à me glisser entre les lignes, mêlant mes propres souvenirs aux observations de l'écrivain. Ma vie était devant moi, la sienne est derrière lui, mais l'expérience n'est pas si différente.