03 septembre 2025
Leonor Antunes au CRAC de Sète
Philippe Cognée au Musée Paul Valéry
Philippe Cognée est surtout le peintre des villes, des immeubles dont il donne une vision tremblée, brouillée, pour mieux en souligner la fragilité; sous son pinceaux les immeubles ont toujours l'air sur le point d'imploser, de s'effondrer.
Il applique le même traitement aux scènes d'intérieur, comme cette chambre d'hôtel.
Et même aux êtres vivants....
... bien que dans le cas des deux jeunes enfants sur la plage, on pense moins à leur disparition programmée qu'à l'effacement progressif du souvenir.
Quant au chien effondré sur le plancher, ne me demandez pas pourquoi il est vert, contentez-vous de son regard, du lien qu'il suggère entre deux êtres : attente ? surveillance ? attachement ?
02 septembre 2025
L'épreuve du feu
01 septembre 2025
Rachid Benzine, L'homme qui lisait des livres
Tel est le prétexte choisi par Rachid Benzine pour évoquer, sans haine ni violence, ce qu'ont vécu les Palestiniens depuis 1948. Racontée comme une fable, la tragédie n'en est pas moins douloureuse. Et elle n'a d'autre échappatoire que la lecture. Hugo, Levi, Shakespeare, Mourid al-Barghouti ou le livre de Job, des titres de livres, des noms d'auteurs qui ont permis au vieux libraire de continuer à vivre malgré tout. Une belle leçon d'humanité. Que ne liront certainement pas ceux qui pourraient changer la fin de l'histoire.
31 août 2025
Arles 2025 : Une dernière photo
Arles 2025 : Lee Urfan
Passer des photos de Béatrice Helg à la fondation Lee Urfan ou vice-versa a quelque chose d'évident. : c'est la beauté a minima.
J'avais découvert la fondation Lee Urfan à son ouverture il y a 3 ans, et son travail, quelques années avant lorsqu'il avait exposé ses "cailloux" au Capitole. Je les retrouve avec plaisir sans me lasser. Parce qu' avec, vraiment, le minimum de matériaux, il obtient le maximum d'effet : des blocs de pierre qui n'ont même pas l'air d'avoir été touchés, mais qui sont posés là, comme des évidences; une paroi courbe de métal rouillé qui s'appuie sur un bloc de pierre à moins que ce ne soit le contraire ; deux traits d'encre sur une feuille de papier ; le bruit des pas sur le gravier, ou celui de l'eau car oui, parcourir les salles de cet ancine hôtel particulier relève de l'expérience sensorielle autant que de la contemplation esthétique.
Toutefois, je ne suis pas certaine que l'invitation fait à Pistoletto d'inclure certaine de ses oeuvres à côté de celle de Lee Urfan soit totalement justifiée. Minimalistes l'un et l'autre, sans doute, mais l'un crie quand l'autre se tait, l'un revendique quand l'autre se contente d'être.
Arles 2025 : Beatrice Helg
Ne me demandez pas si c'est de la photographie? Si c'est de l'art ? Si c'est de la photographie d'oeuvre d'art. Je sais seulement que les photos - car ce sont bien des photos - de Béatrice Helg ne pouvaient trouver de meilleur écrin que les murs du musée Réatu.
30 août 2025
Arles 2025 : Sigmar Polke
Juste en passant et pour changer un peu, deux tableaux de l'exposition Sigmar Polke présentée à la fondation Van Gogh.
Arles 2025 : Kikuji Kawada
Vague est un lieu d'exposition que je ne connaissais pas encore, un ensemble de salles et de couloirs en sous-sol, investi par Kyotographie, le festival photo japonais crée en 2013 sur le modèle des Rencontres d'Arles.
La scénographie labyrinthique permet de donner une place à quatre séries composées par le photographe Kikuji Kawada, des séries emblématiques de son oeuvre, sur laquelle le temps n'a pas de prise. Né en 1933, Kikuji Kawada s'est fait connaître dans le monde de la photographie depuis les années 50, lorsqu'il a cré le collectif Vivo.
Un des points intéressants de l'exposition est la reprise de ses séries par le photographe; The Map qui constituait une sorte de bilan du Japon d'après guerre devient ainsi Endless map, une carte sans fin qui peut sans cesse être modifiée, complétée, transformée. Les photos de Kikuji Kewada auraient certainement demandé beaucoup plus de temps que celui que je leur ai consacré, peut-être plus d'espace aussi pour permettre de prendre du recul, pour laisser l'esprit se pénétrer de ces photos du ciel nocturne, où passent des nuages, de ces soleils voilés, de ces reflets de lune sur l'eau. Il y a quelque chose de presque angoissant dans la cosmologie de Kikuji Kawada dont les tirages accentuent les noirs.
En réalité, Kikuji Kawada manipule aussi bien les couleurs que le noir et blanc et passe d'une photo quasi abstraite à un autre platement réaliste ou mystique ou simplement drôle. J'avoue que le visionnage de la série Vortex, un défilé en boucle de plusieurs centaines de photos donne le vertige.
P.S. Les photos de Kikuji Kawata sont apparemment postées sur Instagram, ce qui a l'avantage de les rendre accessibles à beaucoup (mais je n'ai pas eu l'occasion de vérifier.) En complément, deux articles à aller chercher sur Internet.
https://www.michaelhoppengallery.com/artists/26-kikuji-kawada/
Arles 2025 : Jia Yu
Jia Yu n'est pas un professionnel de la photo. Pas un artiste répertorié. Non, plutôt quelqu'un qui s'intéresse au monde autour de lui et accessoirement sait utiliser un appareil photo. J'ai en tout cas trouvé sa démarche intéressante. Il vit et travaille dans une région reculée de la Chine, au bord du plateau tibétain. Au cours de ses randonnées il a photographié les lieux et surtout les gens dans leurs occupations quotidiennes. Puis, des années après, il est retourné sur ses pas pour leur offrir ses photos et les photographier au moment où ils se reconnaissent ou reconnaissent leurs voisins. La photographie comme outil transactionnel ? Oui c'est aussi une de ses fonctions. D'autant qu'en retour les personnes concernées lui ont offert plantes médicinales et autres objets de leur environnement.
Certes, un polaraïd permet au voyageur lamda de tenter la même démarche, mais ce qui est intéressant dans le travail de Jia Yu, c'est le passage du temps (17 ans entre les deux photos) et le rapport à l'image de ceux pour qui contempler son propre visage n'est pas (encore ?) devenu une obsession.
Arles 2025 : Letizia Battaglia
Letizia Bataglia : un nom qui sonne comme un pseudonyme et que l'on n'est pas prêt d'oublier tant la personne est combattive et la photographe audacieuse. Photographier Palerme, sa ville de coeur, est une chose, mais photographier les événements politiques et les meurtres commis par la mafia dans les années 70 en est une autre et demande à n'en pas douter courage et talent. Son combat photographique était aussi un combat politique, auquel Letitzia Battaglia a fini par renoncer après l'assassinat du juge Falcone.
" mes archives sont remplies « de sang, […] de souffrance, de désespoir [et] de terreur »
La mort et la violence sont partout dans les photos que prend Letizia Battaglia pour son journal, et ce sont celles que l'on remarque d'abord. Mais l'exposition de la Chapelle du Méjean propose aussi de superbes portraits, portraits d'enfants, portraits de gens ordinaires, portraits de gens de Palerme ou d'ailleurs, comme sculptés par la lumière.
https://avecunphotographe.fr/letizia-battaglia-une-photographe-impliquee/
29 août 2025
Arles 2025 : Todd Hido
Rien n'est plus plaisant que de parcourir une expo sans rien savoir du photographe présenté. Entre curiosité et circonspection, on avance et puis on bloque sur une photo ...
Intérieur vide.
Plus loin, une courte série, vaguement disparate, si ce n'est un rai de lumière sur une chevelure, qui appelle les collages, papiers collés ...
D'autres séries, dans d'autres tonalités, nocturnes. Photos d'insomniaque qui tourne dans la nuit au volant de sa voiture. La série est intitulée House hunting.
Je choisis une photo ...
Je choisis une maison. J'invente son histoire...
J'invente des histoires pour chacun des maisons.
Un lieu, des lieux. La nuit. Une lumière derrière une fenêtre. Le début d'un roman.
J'aime quand la photographie sert de support à l'imagination. Lorsqu'elle permet de traverser la surface du papier, la surface des choses.
Todd Hido est le nom du photographe
Arles 2025 : Louis Stettner
Si les Rencontres d'Arles sont l'occasion de découvrir de nouveaux photographes et de mieux percevoir l'évolution de la photographie en général, elles permettent aussi de réviser ses classiques, que l'on croit connaître ... mais peut-être pas si bien.
J'avoue qu'entre les représentants de la photo dite humaniste, j'ai parfois du mal à distinguer les uns des autres. Et j'ai aussi du mal à distinguer photo humaniste et photo de rue. Alors quand je lis sur le site des Rencontres, que Louis Stettner constitue un "véritable pont entre la street photographie américaine et la photographie humaniste française", je me dis qu'il s'agit bêtement d'une question de territoire : quand Louis Stettner est à NY, il fait de la street photography, quand il est à Paris, il fait de la photo humaniste.
Arles 2025 : Courtney Roy
Voilà sans doute l'exposition la plus drôle. Ou la plus cruelle. Courtney Roy est une photographe canadienne qui porte sur le monde un regard déterminé : ses photos sont ultra colorées, kitsch et même un peu vulgaires. Parce que, dans la série La Touriste, c'est justement la vulgarité qu'elle met en scène, avec une férocité qu'elle peut se permettre puisque c'est elle-même qui joue le rôle de la touriste, trop blonde, trop maquillée, trop bronzée, trop clinquante. Une esthétique à la Barbie pour poupée vieillissante.
De qui se moque-t-elle ? De personne en particulier, mais de notre société qui se crée des rêves de toc, des rêves de plastique. Façon Los Angeles ou Miami Beach.