04 décembre 2025

Fabienne Verdier



 L'accès à l'exposition sur l'architecture 1925 se fait au bout d'une longue galerie, où sont exposées les dernières toiles de Fabienne Verdier, dont je suis depuis longtemps le parcours. Son geste est toujours spectaculaire, bien qu'un peu éloigné désormais de ses origines calligraphiques, ne serait-ce que par sa démesure. Mais les éléments d'architecture gothique autour des toiles m'ont paru un peu lourds et passablement étouffants. 

 

02 décembre 2025

L'exposition art déco de 1925

L'art déco est à l'honneur à Paris avec une exposition au Musée des arts décoratifs intitulée : 1925 - 2025 cent ans d'art déco et une deuxième exposition à la Cité de l'architecture et du patrimoine intitulée:  Paris 1925 : l'art déco et ses architectes. Titre un tout petit peu trompeur puisqu'en réalité il s'agit de présenter les seuls architectes de L'exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes qui s'est tenue à Paris en 1925. Ouf, on y est. Maquettes, dessins, photos sont là pour montrer les pavillons construits à cette occasion, qui répondent avant tout à des cahiers des charges bien particuliers et de très nombreuses contraintes - comme une hauteur limitée à 5 mètres - justifiées par le fait qu'il s'agit d'architectures éphémères. Autant de "pavillons" qui n'existent plus qu'en images, mais qui ont permis à certains architectes de l'époque d'accéder à la notoriété. Pour ma part je n'ai retenu que Mallet-Stevens, auteur du Pavillon du tourisme, repérable de loin grâce à son "campanile", et Auguste Perret, le maître du béton, qui, pour l'occasion, utilise le bois plus que le béton pour construire un théâtre de 900 places. 

Cela fait longtemps que je suis fascinée par les grandes expositions internationales qui ont jalonné le début du 20e siècle, surtout par celles qui se sont tenues à Paris : l'exposition des arts décoratifs et industriels de 1925, l'exposition coloniale de 1931, et celle des arts et techniques de la vie moderne de 1937.  J'ai depuis peu une raison de plus de m'y intéresser depuis que j'ai découvert que l'entreprise chargée des travaux électriques de ces trois expositions (et des illuminations prévues sur la tour Eiffel) était celle du grand-père de mon mari. Modeste contribution certes, mais sans branchements électriques ... pas de lumière !  Et c'est ce qui a valu à Eugène Reinhardt, sa légion d'honneur. 

 

La Tour Eiffel illuminée pendant l'exposition de 1937, vue du Trocadéro, feu d'artifice,1937,
épreuve sur papier,H. 24,0 ; L. 30,1 cm.,Don Mme Bernard Granet et ses enfants et Mlle Solange Granet, 1981,©Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais/Alexis Brandt

https://www.worldfairs.info/expohistoire.php?expo_id=33https://www.worldfairs.info/expopavillondetails.php?expo_id=33&pavillon_id=2891https://www.worldfairs.info/expopavillondetails.php?expo_id=33&pavillon_id=2817


Parfois on ne retient qu'une photo


Pourquoi celle-là et celle-là seulement ? Le bleu sans doute.  Et les deux silhouettes qui permettent d'imaginer une rencontre, deux vies, un futur... La photo est de Tyler Mitchell, un jeune photographe américain qui a d'abord évolué dans le milieu du skate puis de la mode. Loin du misérabilisme  ou de la violence qui sont souvent de mise lorsqu'il s'agit des Noirs américains. 

https://www.mep-fr.org/event/tyler-mitchell-wish-this-was-real/ 

Il y avait beaucoup d'autres photographies à la Maison européenne de la photographie, mais il y avait aussi beaucoup de monde, devant les photos.  Edward Weston méritait certainement que je garde le souvenir d'au moins une de ces photos, mais ça ne s'est pas fait. Il est vrai qu'il fait partie depuis longtemps de "classiques" de la photographie. 

 

01 décembre 2025

25 novembre 2025

Dossier 137

 Le film n'était pas facile à faire : montrer le travail de l'IGPN en pleine crise des gilets jaunes, quand la violence était à l'oeuvre de part et d'autre et la tension politique à son maximum, demandait certainement du doigté et de la nuance; demandait en particulier que soient équilibrées les forces en présence et prises en compte toutes les voix. C'est à cette tâche que se sont attaqués Dominik Moll et Gilles Marchand et je trouve qu'ils s'en sont plutôt bien sortis. Ils ont, en tout cas fourni des arguments, recevables je crois par tous les bords. Et la fiction était, pour ce faire, sans doute plus efficace qu'un documentaire et pas moins convaincante. Dossier 137, qu'on ne s'y trompe pas, n'est pas un film d'action, mais bien une démonstration, où la complexité des enjeux est mise en évidence, laissant au spectateur la possibilité de prendre parti. Ou pas. 


 

23 novembre 2025

François-Henri Désérable, Chagrin d'un chant inachevé

J'ai suffisamment aimé le précédent récit de voyage de François-Henri Désérable, L'Usure du monde, pour avoir envie de lire celui qu'il a publié ce printemps : Chagrin d'un chant inachevé.
Dans L'Usure d'un monde il partait sur les traces de Nicolas Bouvier; le voici maintenant sur les traces du  Che. Un bon filon ! Le début d'une collection ? Un nouveau genre littéraire, façon "je mets mes pas dans les pas d'un autre voyageur" ? Pourquoi pas ? Cela laisse en tout cas beaucoup de possibilités. 
De toute façon ce qui m'importe dans ce genre de réit, c'est moins l'itinéraire que l'esprit du voyage. Et avec François-Henri Désérable je m'y retrouve pleinement.
Parce que, même si l'itinéraire est plus ou moins tracé, il y a toujours les impondérables, les surprises, bonnes ou mauvaises, les rencontres, l'inattendu auquel on se prête avec plus ou moins de grâce, les contretemps dont on s'accommode. Et il y a surtout la confrontation entre deux voyages, celui de Guevara et celui de Désérable. Une façon de "revisiter" un personnage et avec lui une époque, un moment de l'Histoire qui a compté pour les Cubains, mais pas seulement eux. 
La personnalité de Désérable, telle qu'elle se reflète en tout cas dans son écriture, n'est pas pour rien dans le charme de son récit. Cultivé, mais pas pédant, il aime confronter ce qu'il sait à ce qu'il voit. Renonce à décrire ce que tant d'autres avant lui ont déjà décrit,  et quitte à paraître iconoclaste, s'extasie sur le paysage qui entoure le Machu Pichu plus que sur les ruines : "Les ruines, oui, d'accord. Bien sûr les ruines. Mais on ne m'ôtera pas de l'idée qu'on aurait jamais fait tant de foin des mêmes ruines en Picardie, au milieu des plaines à betteraves." On le trouve en revanche plus disert quand il s'agit de décrire les bidonvilles d'Iquitos : "La rivière leur sert tout à la fois de latrines et d'égouts, de baignoire et de garde-manger. [...] Les poissons frayent dans une eau jonchée de merdes en plastique, amoncellement d'immondices dans lequel j'ai vu plonger un père de famille pour attraper un brochet à mains nues : ce soir au moins les enfants mangeraient à leur faim. "
 
 
 
 

19 novembre 2025

La femme la plus riche du monde

Pourquoi aller voir le film de Thierry Klifa ? Pour son côté "people", comme on feuillette un magazine chez son  coiffeur en attendant son tour ? Mais l'histoire qui a fait en son temps la "une" des médias est sans surprise.  Pour les acteurs en tête d'affiche, Isabelle Huppert et Laurent Lafitte, elle en pauvre vieille dame riche qui s'ennuie, lui en pique-assiette vulgaire et manipulateur ?  Mais ni l'un ni l'autre ne font partie de mes acteurs préférés. Ou parce que la description de cette famille richissime qui a perdu tout sens de la réalité, et partant de l'argent, interpelle et donne du grain à moudre à ceux qui veulent "taxer les riches" ? Leur faire payer des impôts à la mesure de leur fortune, soit!  Mais se réjouir de voir un escroc abuser d'une vieille dame, fût-elle richissime, ne m'a jamais paru très réjouissant, ni très moral. J'ai été voir ce film par ennui, et n'y ait finalement trouvé que de l'ennui. Mauvais choix. 


 

Deux procureurs

 Le film est glaçant. C'est un film en couleurs et pourtant j'ai eu l'impression de voir un film en noir et blanc. Il est vrai que les locaux pénitentiaires, pas plus d'ailleurs que les bureaux de l'ère stalinienne ne se prêtent à une débauche de couleurs. D'ailleurs que l'on soit dans les interminables couloirs de la prison, ou dans les aussi interminables escaliers du tribunal ou bien encore dans une voiture ou un compartiment de train on a toujours l'impression d'être enfermé, contraint, limité. Physiquement et psychologiquement. Et pour cause : l'histoire se situe en 1937l, à l'époque des "grandes purges" staliniennes qui font partie des années les plus noires de l'ex-URSS, puisque tout individu pouvait à tout moment être soupçonné d'être "antisoviétique et partant socialement dangereux". Prison, torture, aveux, élimination. 

Le film de Sergei Loznitsa  n'est pourtant pas un documentaire, mais bien une "fiction" inspirée d'une nouvelle de Georgy Demidov, un physicien envoyé au goulag en 1938. Plus encore qu'un témoignage, c'est une démonstration brillante du fonctionnement d'un régime totalitaire dont l'idéologie initiale a été totalement dévoyée. Un film lent, mais une montée en tension continue, pas d'effet spectaculaire mais des cadrages toujours signifiants, des répétitions qui constituent comme une scansion du récit. Ce que le cinéma fait de mieux quand il a vraiment quelque chose à dire. L'austérité de la mise en scène peut déconcerter, mais elle est parfaitement raccord avec le propos. 


 

18 novembre 2025

Une bataille après l'autre

Un film d'action ? Une farce ? Une tragédie humaine ? Une fable politique ?  Trop ! Il y a trop de tout dans le film de Paul Thomas Anderson, à commencer par les acteurs - Leonardo Di Caprio, Sean Penn, Benicio del Toro... pour les plus connus -  qui en font des tonnes ! Trop de grimaces, trop d'effets de manches, on ne voit plus que l'acteur en train de faire son numéro au lieu de voir le personnage. Il est vrai que l'excès est peut-être la marque même du réalisateur.

Difficile aussi de croire à cet activiste, repenti depuis la naissance de sa fille et que la nécessité de vivre caché a rendu parano. La question n'est pas inintéressante :  que deviennent les activistes, les terroristes quand ils ont fini d'y croire ? Insinuer au passage que la violence a toujours gangrené l'Amérique et que l'usage des armes par des désaxés reste aujourd'hui comme hier totalement hors de contrôle n'est sans doute pas inutile. Mais je crains que le message politique ? humaniste ? ne se soit perdu dans le chaos du film. Du coup, revenir à Vineland, le roman de Thomas Pynchon qui a servi de point de départ au film est peut-être une bonne idée. 

15 novembre 2025

Marie Vintgras, Les âmes féroces

Marie Vingtras est française. Mais son roman ressemble à un roman américain, et pas seulement parce que l'histoire se déroule dans un patelin paumé quelque part aux Etats-Unis. Où exactement ? Peu importe, à chaque lecteur ses références, à lui aussi la liberté d'imaginer. En tout cas Mercy est une petite ville tranquille "où il ne se passe jamais rien", sauf ce jour de printemps où l'on a retrouvé le cadavre d'une jeune fille, au milieu des iris sauvages, flottant comme l'Ophélie de John Everett Millais. 

Le roman commence effectivement comme un polar, et la parole est d'abord donnée au shérif, une femme ! "Une femme shérif c'est déjà compliqué, mais une femme shérif qui vit avec une autre femme, ça fait beaucoup pour une aussi petite ville" Un polar donc, ou plutôt un meurtre qui permet à l'écrivaine de faire le portraits de quatre personnages puisque le récit se déroule sur quatre saison et que le narrateur change à chaque fois et s'exprime à la première personne pour parler de lui et de ce qui vient de se passer. Comme le prologue le laissait entendre, l'intrigue policière n'est qu'un prétexte pour révéler ce qui se cache derrière les apparences. Une petite ville tranquille ? Des habitants sans histoire ? Pas vraiment. Car aucun des protagonistes n'est tout à fait ce qu'il paraît. 

14 novembre 2025

Frédéric Sallée, Les Enfants du pays

Les enfants du pays est une lecture inhabituelle pour moi, plus habituée aux romans qu'aux récits historiques.  C'est d'ailleurs par hasard que j'ai trouvé le livre de Frédéric Sallée  parmi les nouveautés proposées par une bibliothèque, et ce n'est pas tant le titre que le sous-titre, Histoire intime d'une rafle, qui m'a fait tendre la main pour l'emprunter. 

 

L'auteur est un enseignant, que l'histoire du XXe siècle avec ses guerres et ses génocides intéresse particulièrement puisqu' il a déjà publié plusieurs livres sur le nazisme et a travaillé sur le Rwanda. C'est donc en historien qu'il documente la rafle du 13 Avril 1944, à Vernoux, petit village de l'Ardèche dont est originaire sa famille. Parmi les onze "raflés", un gamin de 17 ans, Georges Faure, son cousin. Et voilà la part de l'intime, voilà le moment où la grande Histoire devient aussi son histoire, c'est-à-dire l'histoire de sa famille. Il ne s'agit plus seulement de chiffres, de statistiques, mais bien d'individus réels, connus de l'auteur puisque de son village, de son pays.  Et c'est ce qui donne au récit son poids de vécu. Je n'ai pas lu attentivement toutes les pages, pourtant très précises, très documentées, parce que ce qui m'intéressait vraiment, c'était la démarche de l'auteur, la façon dont il  procédé pour obtenir tous les renseignements concernant "Jojo" et les habitants de Vernoux, la façon dont il a sorti de l'anonymat un individu pour le raccrocher au wagon de la grande histoire. Dans un souci parfaitement didactique puisqu'il s'agissait au départ de trouver comment faire comprendre à ses élèves le fonctionnement du régime nazi et son application par le gouvernement de Vichy jusque dans les villages les plus reculés de l'Ardèche. 

Les Enfants du pays aurait pu n'être qu' une histoire de famille de plus parmi celles qui encombrent les librairies et les bibliothèques, mais vu par un historien doublé d'un enseignant soucieux de vulgarisation., le récit devient paradigmatique.  L'histoire des historiens n'est désormais plus seulement celle des empereurs et des rois, des guerres et des traités, pas même celle du peuple vu comme un ensemble statistique, mais bien celle du vécu des individus. 

Un poète

 Encore un film rempli de bonnes intentions, auquel je n'ai pas adhéré du tout. Je me suis même beaucoup ennuyé. Vouloir réhabiliter la poésie (ou s'en moquer? c'est à se demander...) en mettant en scène un poète raté, un vrai looser commme on n'en voit pas beaucoup au cinéma (beaucoup plus en littérature) était sans doute un pari risqué. Y ajouter un tableau social avec une famille façon Groseille dans La vie est un long fleuve tranquille d'Etienne Chatiliez, n'était sans doute pas très adroit non plus, parce qu'on se demande s'il s'agit d'une caricature facile ou d'une véritable préoccupation sociale. A force de m'interroger sur les motivations du réalisateur et le choix de ses acteurs, j'ai fini par m'ennuyer copieusement. 


13 novembre 2025

Karla Suarez, Objets perdus

 Sac et papiers volés, plus de téléphone, plus rien. Voilà qui est déjà perturbant. Mais il y a pire : que cela vous arrive dans une ville où vous venez d'arriver et que bien sûr vous ne connaissez pas...  C'est la situation dans laquelle se retrouve Giselle, 7euros et 65 centimes en poche, nulle part où aller et personne à qui demander de l'aide. Et c'est le point de départ du roman de Karla Suarez, écrivaine cubaine, qui utilise son personnage perdue dans Barcelone, contrainte de faire la manche et de dormir sur un banc pour parler de Cuba. Et de l'exil. Car Gisèle, petite campagnarde cubaine n'a qu'une passion depuis l'enfance, la danse, et lorsque l'opportunité lui a été donnée de quitter son île elle n'a pas hésité. 

Gisèle est un joli personnage romanesque, une jeune femme pleine de vitalité, dont on suit en permanence le flux de pensée puisque la narration est faite à la première personne. Avec elle on glisse constamment du présent au passé, de Cuba à l'Espagne, de ses amis à ses amours, de ses erreurs à ses réussites. Le roman progresse sans temps morts, porté par l'énergie et la débrouillardise du personnage, dont la capacité d'adaptation s'explique par son enfance cubaine, c'est en tout cas ce que suggère l'autrice. Mais rien de pesant dans ce roman, ni message politique, ni revendication sociale, juste un personnage qui fait face, quelle que soit la situation à affronter. En dansant ! 

11 novembre 2025

L'Inconnu de La Grande Arche

Si l'histoire de ce projet pharaonique et celle de son architecte danois, Otto von Spreckelsen, est en elle-même intéressante, cela ne suffit pas tout à fait à faire de l'Inconnu de La Grande Arche un bon film. Un documentaire aurait peut-être mieux convenu parce l'incarnation de personnages connus par des acteurs m'a paru passablement maladroite, et souvent surjouée. 

Le film de Stéphane Demoustier est peut-être simplement trop ambitieux : il raconte effectivement l'histoire d'une construction pharaonique, détails techniques à l'appui, fait le portrait d'un architecte "atypique" et particulièrement exigeant, et décortique les méandres d'un projet politique qui ressemble surtout à un caprice de monarque avec ce que cela suppose de profiteurs et de courtisans. Ce troisième volet est sans doute le plus intéressant, mais aussi le plus exaspérant parce que ce sont bien les deniers publics qui sont utilisés pour satisfaire la vanité d'un seul homme.  Au final un joli gâchis. 

C'est ainsi que dans le film, la grande aventure architecturale passe quasiment au second plan, derrière un pamphlet politique. L'histoire de la Grande Arche n'est hélas qu'un épiphénomène dans l'histoire de l'humanité. Construire, construire grand, construire pour l'éternité.... Temples ou tombeaux, palais ou  châteaux,  bibliothèques ou musées, ici un Cube, là bas une salle de bal .... Vanité des vanités ... il est temps de relire l'Ecclésiaste ! 


François-Henri Désérable, L' usure d'un monde

 

 

En 2022, François-Henri Dsérable part en Iran, alors que la répression contre le mouvement Femme, Vie, Liberté, à l'oeuvre depuis des semaines,  inquiète suffisamment le quai d'Orsay pour déconseiller fermement le voyage : mais trop tard, l'écrivain est déjà dans l'avion et le voilà à Téhéran  avec en main L'Usage du monde, puisqu'il a l'intention de suivre, à presque 70 ans d'écart, les traces de Nicolas Bouvier.  L'Iran d'aujourd'hui n'est certes plus celui de Bouvier, l'écrivain s'efforce néanmoins de passer par les mêmes lieu, mais surtout de voyager "à la manière de ..." c'est à dire en prenant le temps de laisser faire le hasard, de profiter des imprévus, et surtout de donner leur chance aux rencontres. François-Henri Désérable n'est pas journaliste, il est écrivain et son voyage est celui d'un dilettante. Mais un dilettante qui sait regarder et surtout écouter. C'est ainsi, et ainsi seulement que l'on peut prendre la mesure des choses, à auteur des individus plutôt que de leurs dirigeants.

Il y a dans ce livre de François-Henri Désérable, une légèreté et même une certaine désinvolture qui en font tout le charme, mais la fluidité de l'écriture et l'ironie ne sont en rien incompatibles avec la pertinence de l'observation et la gravité des propos. Comme le suggère élégamment le titre : il n'est plus question de l'usage du monde, mais bien de l'usure d'un monde.