25 février 2016

Tierra y sombra

Un deuxième film en provenance d'Amérique latine, en attendant le programme du fstival Ojoloco qui ne saurait tarder. Celui-ci est le premier film d'un jeune réalisateur colombien, César Acevedo.

La terre et l'ombre est un film pour ainsi dire à deux entrées. Certains plans, certaines séquences font penser à Salgado grand dénonciateur de l'exploitation des petits et des miséreux par les riches propriétaires terriens : l'homme de la famille est tombé malade, les poumons rongés par la poussière et les cendres; sa femme et sa mère prennent sa place pour couper la canne. Un travail qui dépasse leurs forces malgré la solidarité des ouvriers agricoles.



Mais le film va plus loin que cette première approche, en ouvrant sur le retour du grand-père qui avait fui il y a longtemps et revient au chevet de son fils. Par petites touches  et sans beaucoup de paroles, le réalisateur nous fait comprendre le clivage qui existe entre la grand-mère qui, par attachement à sa terre refuse obstinément de la quitter, quelles qu'en soient les conséquences et le grand-père qui, lui, a compris qu'il est trop tard, que les temps ont changé et qu'il n'y a plus de futur pour eux sur cette terre.
La terre et l'ombre est un film sombre, très sombre. Le réalisateur n'hésite pas à suggérer que le responsable  de la tragédie est l'exploitation de l'homme par l'homme. Mais plus subtilement il montre aussi qu'il existe des choix parce que celle qui a décidé de rester, impose d'une certaine façon son choix aux autres, à son fils qui refuse d'abandonner sa mère malgré les supplications de sa femme, à sa belle-fille qui assume sa part de travail  et des conditions de vie au-delà de ses forces, à son petit-fils dont elle compromet l'avenir.
Tragédie familiale, tragédie sociale, le film d'une façon plus générale, propose une réflexion sur les choix que l'individu a pour orienter sa vie. La Terre et l'ombre est un beau film, un de ces films qui vous laisse le coeur un peu lourd, mais plus riche aussi d'humanité.


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