"Un véritable phénomène, cent mille exemplaires en quelques mois, un film en cours de tournage... " Il y a autour de ce livre un tel bruit médiatique que j'ai fini par le lire. Très vite, on pense à Naguib Mahfouz et à Albert Cossery. Difficile sans doute quand on est un écrivain égyptien d'échapper à ces grands maîtres.
Mais le roman d'Alaa El Aswany se lit avec plaisir. L'immeuble Yacoubian était peut-être, au moment de son édification un joyau architectural habité par la fine fleur de la société. La révolution de 1852, l'Intifah des années 70 ont tout changé. Pourtant l'immeuble des années 90 (le roman est situé au moment de la première guerre d'Irak) est comme un gigantesque kaleïdoscope représentatif de la société égyptienne : en lieu et place des morceaux de verre colorés qui se trouvent au fond du tube, secoués, ballotés par le destin, les habitants de l'immeuble, hommes ou femmes, jeunes ou vieux, riches ou pauvres - à vrai dire plus souvent pauvres que riches - ! Ce ne sont que rêves brisés, frustrations, vexations, injustices; plus le récit avance, plus on s'enfonce dans un monde sans autre issue que le désespoir et la violence. Parce que la société égyptienne, engluée dans la nostalgie de son passé, accablée par la misère et la corruption ne parvient plus à s'inventer un avenir.
L'intérêt du livre pour agréable qu'il soit tient avant tout à cette plongée dans la réalité égyptienne d'aujourd'hui qui nous permet de mieux comprendre comment va le monde. Et il ne va pas bien.
ALAA EL ASWANY, L'immeuble Yacoubian, Actes Sud, 2006
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