13 octobre 2006

L'ombre de Mao

Pas facile du tout de trouver des livres pour accompagner un voyage en pays ouighur.
En voici un pourtant, non par un auteur ouighur mais par un auteur chinois, exilé pendant 16 ans au Xinjiang, à côté d'Urumqi, pour avoir tenu des propos non conformes à la ligne du parti alors en vigueur. Mais Wang Men, puisqu'il s'agit de lui (oui, oui, j'en ai déjà parlé à propos des Sourires du sage; il faut croire que c'est quelqu'un que j'aime vraiment bien) met à profit son séjour forcé pour apprendre le ouighur, s'intéresser à ce peuple qu'il ne connaît pas, à leur littérature et finir par traduire un certain nombre de nouvelles.
Si vous voulez en savoir plus sur Wang Men vous pouvez aller sur le site de son éditeur français : Bleu de Chine.

Les Yeux gris clair
met en scène Maerke, un menuisier ouighur "un homme de haute taille et de fière allure, aux cheveux noirs, aux yeux immenses, exceptionnellement grands, d'une couleur tirant sur le bleu, avec un long nez, et des extrémités, mains et pieds, d'une taille impressionnante." Dans le village où il vit, Maerke est surnommé l'idiot tant son comportement est atypique dans une société règlée par les slogans maoïstes. Or Maerke connaît mieux que personne le Petit Livre Rouge; il le connaît par coeur, le cite à tout bout de champ et met ses formules aussi imagées qu'alambiquées au service... de la liberté individuelle!
Ce petit récit est un régal : un joli document sur le mode de vie des Ouighurs en même temps qu'une pochade féroce et très drôle sur une période pourtant bien noire de l'histoire de la Chine.



WANG MEN, Des Yeux gris clairs, Bleu de Chine, 2002. (pour la traduction; le texte original a été publié en 1983.)

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