J'ai passé une grande partie de mon dimanche à lire le dernier livre d'Azouz Begag : Un mouton dans la baignoire et je reste perplexe. Car ce livre pose finalement plus de questions qu'il n'apporte de réponses.
Il est présenté par les médias comme un "brûlot anti-sarkozyste"; sans doute ! Mais l'antinomie entre Sarkozy et Villepin est connue depuis longtemps et l'on n'est pas vraiment surpris d'apprendre que l'agressivité de Sarkozy s'exerce non seulement vis à vis de Villepin mais vis à vis de son entourage, dont Begag.
Qu'ai-je appris que je ne savais pas ?
Dès sa nomination, je me suis demandée ce que Begag allait faire dans cette galère. Car depuis la parution du Gone du Chaaba, je me suis intéressée au parcours de cet enfant des bidonvilles devenu brillant universitaire et écrivain corrosif. Son entrée en politique relève certainement d'une envie d'agir et de contribuer à atténuer les inégalités de la société française, mais c'est aussi pour lui un nouveau défi à relever, histoire de vérifier qu'il n'y a pas d'obstacle qu'il ne puisse franchir. Une aventure personnelle en quelque sorte dont le prix à payer est démesuré. Le mouton dans la baignoire, c'est celui qu'on égorge pour la fête de l'Aïd el Kebir ! Et Begag fait souvent figure, dans cette histoire, de victime expiatoire. Fier d'être ministre, de se déplacer en voiture avec chauffeur, accessoirement précédés de motards, fier de côtoyer des gens importants, des gens célèbres, Begag n'oublie pas pour autant ses origines. C'est son côté : "t'as vu d'où je viens et t'as vu où je suis".
J'ai donc la réponse à ma première question. La réponse à la deuxième question : "Pourquoi est-il resté ?" est assez vite trouvée : par fidélité à Villepin à qui il doit sa place et qu'il admire, par fidélité à lui-même et indirectement aux gens vis à vis desquels il s'est engagé : les femmes, les handicapés, les vieux, les immigrés, puisqu'il est ministre non pas de l'immigration mais de l'égalité des chances. Rester au gouvernement, malgré les avanies et les insultes c'est aussi continuer de faire face, refuser de tourner les talons dès les premières difficultés. Quitte à s'en rendre malade !
Viennent ensuite d'autres questions en rafale : les moeurs politiques sont-il réellement aussi féroces et les hommes politiques prêts à tous les coups tordus pour servir leurs seules ambitions ? J'ai du mal à le croire. Le rôle joué par les médias est-il aussi important que cela ? Qu'il soit important de faire savoir ce que l'on fait en politique, j'en conviens mais que la médiatisation d'une fonction finisse par devenir plus importante que la fonction me paraît inquiétant. Accorder tant d'importance à la médiatisation de son action n'est-ce pas faire glisser le pouvoir du côté des médias plutôt que des hommes politiques ? Comment se faire une place au milieu des loups quand rien dans votre vie précédente ne vous y a préparé ? Un vrai pêle-mêle de questions que je n'ai pas encore fini de débrouissailler.
Mais toutes ces questions aboutissent finalement au grand dilemne des écrivains tentés par la politique ? Où se situer si l'on veut être efficace ? Hugo, Zola, Malraux, Camus, Mauriac, Hemingway... ils sont nombreux à s'être posé la question. La réponse est loin d'être évidente et chacun peut se tromper.
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