Le film de Jia Zhang Ke, Still Life sort la semaine prochaine. Je profite de l'occasion pour dire tout le bien que j'en pense puisque j'ai eu la chance de le voir au Festival de Cinéma Asiatique qui s'est tenu à Deauville à la fin du mois de Mars.
Je n'y ai passé que deux jours et demi, à ce festival, juste le temps de me gaver de films, sans même arriver à satiété. Signe sans doute de la qualité de la programmation.
En dehors d'un hommage à James Lee (?) et Park Chan-Wook dont le dernier film I'm a cyborg but that's OK , intriguant et quasi surréaliste, n'a plus rien à voir avec sa trilogie sur la vengeance, il y avait deux compétitions parallèles, l'une consacrée aux films d'auteurs, l'autre aux films d'action, ce qui permet d'alterner les séances sans jamais se lasser. En complément étaient présentés des films déjà primés dans d'autres festivals. Un grand choix; un bon choix.
Côté cinéma d'auteur, le prix a été à Apichatpong Weerasethakul pour Syndromes and a century qui est, bizarrement le film que j'ai le moins apprécié. Trop conceptuel pour ne pas être ennuyeux !
En revanche j'ai beaucoup aimé Ad Lib Night du Coréen Lee Yoon-ki , étrange aventure d'une nuit, dans une famille en deuil; Route 225 du Japonais Nakamura Yoshihiro, intriguant et même perturbant pour les esprits trop rationnels; I dont want to sleep alone du Taiwanais Tsai Ming-Liang, qui se passe à Kuala Lumpur dans le milieu des travailleurs immigrés venus du Bangladesh, démunis parmi les plus démunis, mais pas pour autant dépourvus d'humanité. Un film violent, parce que la misère est toujours violente, mais aussi parce que les sentiments sont d'autant plus violents qu'ils ne parviennent pas à s'exprimer par la parole . Une plongée dans les bas-fonds, façon Gorki aisatique.
Mais les films qui m'ont le plus intéressée sont les films chinois ... est-ce vraiment une surprise?
Teeth of Love de Zhuang Yuxin suit pendant une décennie une jeune femme à la personnalité affirmée mais que la vie va peu à peu casser. Libre à chacun d'y voir une métaphore de l'évolution politique de la Chine.
Lost in Beijing de Li Yu, une jeune réalisatruce originaire de Shan Dong : un portrait au vitriol de la nouvelle société chinoise dont toutes les valeurs vacillent devant la valeur suprême : l'argent ! Aucun des quatre personnages ne sort indemne de cette histoire de harcellement, de viol, de chantage, alors qu'au départ il devait être question d'amour!
Still Life de Jia Zhang Ke qui a déjà une sérieuse filmographie derrière lui (Pickpocket, Platform, Plaisirs inconnus, The world). Le titre chinois Sanxia Haoren, qui peut se traduire par Les braves gens des Trois Gorges est parfaitement explicite. L'intrigue - un mineur à la recherche de sa femme partie travailler iol y a seize ans sur le chantier du barrage - sert de fil conducteur à un récit qui s'attache avant tout à montrer les conséquences de cette construction pharaonique sur la population de la région. Rien que nous ne sachions déjà, mais le film le montre avec une force qui nous laisse abasourdis à la porte du cinéma, qui nous laisse surtout sans illusion sur l'état de la société chinoise.
A côté de Still Life, The Restless de Cho Dong-ho, Dragon Tiger Gate de Wilson Yip ou même The City of Violence de Ryo Seung-Wan sont purs divertissements : splendides visuellement, ils enchaînenet combats réglés au millimètres, effets spéciaux et pyrotechnies époustouflantes pour le plus grand plaisir du spectateur sans cesse tenus sur des charbons ardents mais dont la vie n'est pas pour autant remise en question. Rien à voir avec Still Life.
Toutefois, en attendant d'aller voir Still Life, vous pouvez aller voir Très bien, merci d'Emmanuelle Cuau. histoire de bien réfléchir au type de société dans laquelle vous voulez vivre. Allez y avant... dimanche par exemple !
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