Comment rendre compte de la foultitude de sensations, d'impressions, d' images, d'informations qui tourbillonnent dans ma tête au retour d'un voyage. Par quoi commencer ? Les grands paysages ? les sites visités ? les petits détails de la vie quotidienne ? les aperçus sur une civilisation plurimillénaire ? les anecdotes drôles, touchantes ? Eviter les clichés, renoncer aux cartes postales... (ça, c'est facile, j'en achète, je les écris parfois, mais j'oublie régulièrement de les poster ! ) Attendre, laisser décanter... oui, mais de l'autre côté de l'écran, certains aimeraient savoir, se faire une idée .
Alors voilà : oui, je suis revenue. Mais je n'ai jamais eu aussi peur de ne pas revenir vivante d'un voyage. Trois semaines sur les routes iraniennes, excellentes pour la plupart. Plus de 3000km parcourus dans la circulation la plus effroyable que l'on puisse imaginer. C'est bien simple, il existe peut-être un code de la route mais personne ne semble se soucier de l'appliquer, ce qui donne : circulation ondulante entre les files, on double indifféremment à droite ou à gauche, en deuxième ou troisième position, en haut d'une côte ou dans un virage; on ne tient compte ni des feux rouges (sans doute facultatifs ?), ni des sens interdits ! On roule à contre-sens même sur l'autoroute ! On reste à moins d'un mètre du véhicule qui précède, on déboîte au dernier moment au risque de s'encastrer dans l'arrière du camion dont les feux étaient de toute façon défaillants. Casques et ceintures de sécurité sont obligatoires mais qui s'en soucie ? A deux ou à trois sur une moto, seul le conducteur porte - éventuellement - un casque; la femme en tchador assise à l'arrière n'a pas trop de ses deux mains pour retenir son voile qui risque de se prendre dans la roue.
J'en rajoute peut-être ? Pas du tout ! Je reconnais que la police effectue quelques contrôles de vitesse par jumelles-radar sur les grands axes autoroutier. Et j'ai même vu une voiture de police circuler à très grande vitesse pour arrêter un véhicule dont la vitesse était de toute évidence, excessive.
Mais en dehors de ces quelques contrôles... la circulation reste totalement anarchique.
A Téhéran, le traffic est dense, intense, les rues embouteillées en permanence, ce qui présente parfois certains avantages : de petits vendeurs, de tout et de rien circulent, à leurs risques et périls, entre les véhicules bloqués et rien de plus facile que de demander au conducteur voisin quelques directions puisque les voitures sont quasi au touche à touche.
A pied au moins.... Pas du tout ! Traverser une avenue relève d'une stratégie complexe; on se lance le coeur battant, l'oeil aux aguets, à gauche, à droite, devant, derrière ; on ne relâche sa respiration que parvenu de l'autre côté. Sur le trottoir, enfin au sécurité ! Même pas car les motos qui ne parviennent plus à se faufiler entre deux voitures on fait du trottoir leur chaussée attitrée.
Est-il besoins de préciser qu'étant donné le nombre de véhicules, et, pour certains, leur vétusté (voire leur extrême vétusté car je n'ai jamais vu autant de 2CV qu'en Iran ! ), le niveau de pollution atteint, dans les rues de Téhéran en particulier, un niveau inimaginable. Le taux de monoxyde de carbonne est si élevé qu'en deux jours à peine vous avez le nez irrité, les yeux qui piquent et la gorge en toile émeri !
Le tableau vous paraît noir ? Il est juste réaliste. J'étais prévenue, je m'attendais à quelque chose d'effroyable. Après le Karakorum Highway, après le Vietnam, je me croyais blindée. J'avais tort ! C'est pire !
Et maintenant que je suis revenue saine et sauve - grâce sans doute au si prévenant et si attentionné Reza, notre chauffeur pendant ces 3 semaines - je ne regrette pas mon voyage. Et je crois même que si l'occasion s'en présentait, je repartirais.
Mohammad Reza Zeinali, qui pratique un anglais approximatif mais suffisant du genre "long time no see", est un personnage hors du commun. Extraverti et curieux il aborde les gens avec la plus extrème facilité si bien qu' après chacune de nos absence pour cause de "visite touristique", nous le retrouvions en grande conversation avec quelqu'un, un inconnu qu'il semblait connaître depuis toujours. Souvent aussi nous retrouvions sur la banquette de la voiture, à notre intention, une pomme pelée et coupée en quartier, deux mandarines, quelques noix.... ou quelques tranches de betterave (! ) et grâce à lui, nous avons découvert le charme des "pauses-thé" dans les endroits les plus improbables : en plein milieu d'un carrefour, sur un trottoir défoncé, parfois aussi mais plus rarement, à côté d'un caravansérail en ruines, au bord d'un ruisseau. Surpris d'abord et même un peu gênés, nous avons, avec lui, appris à faire abstraction des immondices, du bruit, de la laideur pour nous désaltérer d'un thé doré toujours agrémenté de quelques douceurs sucrées. Et l'un de nos meilleurs souvenirs restera celui de ce petit-déjeuner, pris en plein milieu d'un rond-point autour duquel les voitures ne cessaient de tourner. Les pots d'échappement au raz du nez, mais sur la natte dépliée, beurre, confiture et ce délicieux pain frais pour lequel les Iraniens font la queue à toute heure du jour. Reza avait sorti son réchaud au bord du trottoir et faisait bouillir de l'eau pour le thé. Une famille iranienne, trouvant l'endroit agréable est venu s'installer à côté de nous. Nous étions les seuls au fond à trouver quelque chose d'incongru à la situation. Et je me souviens qu'au pied d'un arbre poussait un plant de tomate ! Qui pouvait bien avoir eu l'idée de planter un pied de tomate, en plein milieu de ce rond-point ? je me le demande encore....
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