Je tourne autour du pot, dans les rues d'Arles, mais il serait temps de parler de ceux qui sont la raison d'être du festival : les photographes.
Seulement voilà, il y en a tant, que l'on commence par se perdre. Il faut laisser le temps passer, il faut laisser décanter les souvenirs, les impressions, pour que peu à peu émergent ceux qui nous ont vraiment touchés, surpris, intrigués, choqués, séduits.
Les premiers à émerger sont incontestablement les "grands maîtres". Chris Marker et Capa.
Voir et revoir La Jetée. Se dire qu'on n'est toujours pas certain d'avoir vraiment compris cette histoire de voyage dans le temps, cette mort deux fois vécue, une fois comme spectateur, une fois comme ... acteur ? Et cependant se laisser emporter par cette succession d'images fixes, mais un peu floues, par ce commentaire, pas toujours audible bien que très "écrit", par ce récit du temps de la guerre froide vécu dans le souvenir des camps de concentration et l'angoisse de la troisième guerre mondiale.
Longer ensuite les murs de la grande salle et regarder l'un après l'autre les visages de Passagers photographiés par Chris Marker sur une ligne du métro parisien. Se dire que, comme lui, cent fois, on a eu envie de voler ces visages, de les collectionner, comme on épingle sur un mur des papillons, comme autant d'histoires que l'on ne connaîtra jamais, mais que l'on essaye d'imaginer.
Seulement voilà, Chris Marker l'a fait, lui, et nous pas !
Photos clandestines ? Images volées ? Oui ces questions se posent. Mais le droit à l'image, acquis en France par jursiprudence plus que par la loi , ne l'est pas dans tout les pays. Et surtout il me semble que ce droit s'applique lorsque il est porté atteinte à la dignité de la personne photographiée. Le regard que Chris Marker porte sur ces visages est un regard plein de tendresse, de compassion, de compréhension. Il dit la fatigue la lassitude, l'ennui de ces vies ballotées dans une voiture de métro. Il dit le vide et le trop plein. Il dit la patience et l'abandon. Il dit la vie. Il dit l'humain tout simplement.
A l'entrée de l'exposition, un écran d'ordinateur, une manette (difficile à manipuler) donne accès à l'Ouvroir de Chris Marker : un univers crée sur le principe de Second Life, qui permet au photographe de présenter l'ensemble de son travail. Suivez Guillaume, l'avatar du photographe, courrez, sautez, plongez, volez .... Entrez de plain pied dans le monde enchanté (?) de Chris Marker et découvrez que ce "vieux" monsieur - 90 ans aujourd'hui - plus que jamais attentif aux mouvements du monde, n'a rien perdu de sa créativité. Curieux d'aujourd'hui, curieux de demain. En prise sur son temps ? Non, à l'avant-garde !
Bon anniversaire Monsieur Marker.
29 juillet 2011
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