Les photographes mexicains étaient à l'honneur cette année.
J'ai déjà parlé de Graciela Iturbide, dont j'ai beaucoup aimé la vision à la fois réaliste et poétique qu'elle donne des habitants de son pays.
Quatre autres photographes étaient regroupés dans un même lieu. Cinq photographes très différents : Enrique Metinides est un photographe de presse spécialisé dans les faits divers, accidents meurtres et autres tragédies. Daniela Rossell a mis en scène des femmes "riches et célèbres" posant dans des décors dont le luxe le dispute au mauvais goût. Dulce Pinzon a fait poser des travailleurs émigrés mexicain sur leur lieux de travail, mais en costume de Superman ou autres héros de bande dessinée, suggérant par là que le véritable héroïsme, c'est celui de tous les jours, qui permet à ces migrants d'envoyer de l'argent à leur famille restée au pays. Maya Goded enfin présentait deux séries de photos, l'une sur les pratiques magiques du Nord du Mexique : Terre de Sorcière, l'autre sur un quartier de prostitution qualifié de zone rouge entre la frontière des Etats-Unis et le Mexique : Bienvenue à Lipstick.
Ce sont les photos de Maya Goded qui ont retenu mon attention, mais à vrai dire l'intérêt de l'exposition tient surtout à la juxtaposition des travaux de ces quatre photographes, dont l'intention sociologique, voire ethnologique est évidente et qui donnent à voir une société mexicaine partagée entre très riches et très pauvres.
La photo alors n'est plus une fin en soi. Sa portée documentaire dépasse ses qualités esthétiques. Elle peut-être floue ou mal cadrée, elle vaut par ce qu'elle signifie ou par le sens qu'on lui donne en l'incluant dans une série. C'était le cas des photos de Gerda Taro, de Capa et de Chim sur la guerre d'Espagne. C'est aussi le cas des photos proposées par le New York Times Magazine, parfois signée par les plus grands (ou simplement mes préférés : Salgado, Mc Curry !). C'est encore le cas des photos d'Indré Serpytyté, qui évoque la résistance lituanienne à travers des photos de maisons en apparence très ordinaires, qui ont été autant de lieux d'interrogation, d'enfermement et de torture pendant l'occupation soviétique. En contrepoints des photos prises au coeur de la forêt devaient symboliser les lieux où se réfugiaient les partisans lituaniens : "les frères de la forêt". Mais bizarrement ces photos, je ne les ai pas trouvées à Arles ! Pas bien regardé peut-être. En tout cas, elles sont ici.
Le travail d'Indre Serpytyte est représentatif des limites ou des contraintes de la photo documentaire. La photo peut-elle, à elle seule, remplacer les mots ? Sans panneau explicatif l'intention de la photographe échappe totalement au spectateur. A l'inverse, la photo ne peut se contenter d'illustrer un texte, de le doubler en quelque sorte.
Comment montrer, faire comprendre, s'adresser à l'intelligence, faire vibrer les émotions sans le secours des mots ? A rebours, comment mettre des mots sur une photo pour lui donner du sens sans être redondant ?
Arles, cette année, pas plus que les années précédentes, n'a répondu à mes questions.
01 août 2011
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