10 avril 2012

Lyonel Trouillot

Le voyage vers ses « racines », vers son histoire familiale est un sujet si ancré dans la littérature française et francophone, que je finis par croire qu’il s’agit bel et bien d’une constance humaine.


Mais il y a voyage et voyage. Celui que nous propose l’écrivain haïtien, Lyonel Trouillot, est particulièrement séduisant. On se laisse prendre d’abord à l’exotisme, celui d’un retour au pays natal pour qui en a été éloigné longtemps. Le charme de la langue, musicale, comme une lente mélopée faite de phrases courtes, ajoute au plaisir de lire. L’essentiel pourtant est ailleurs.


L’essentiel est ce que Thomas, son guide vers le village d’Anse-à-Fôleur apprend à Anaïse au sujet de sa famille, de son grand-père et du « colonel », ces gens de pouvoir et de force, disparus dans un incendie jamais expliqué, mais que l’on soupçonne d’origine criminelle. L’essentiel, c’est surtout ce que Thomas dit à Anaïse de son pays, de Jacob, de Justin, de Solène et des gens du village, simples pêcheurs pour qui posséder est moins important que vivre, aimer, partager.


C’est ainsi, que sous la plume de Lyonel Trouillot, la quête des racines de la jeune citadine revenue au pays devient, tout simplement, leçon de vie. Malraux l'avait bien dit : ce n'est pas un "misérable tas de petits secrets" qui fait la grande littérature, mais une certaine idée de l'homme.



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