J'ai un peu laissé traîner parce qu' Oslo, 31 août est certes un excellent film, mais tellement désespéré qu'il est difficile de le recommander.
On peut sans doute, histoire de se protéger, se souvenir que le film de Joachim Trier est une adaptation du roman de Drieu la Rochelle, déjà porté à l'écran par Louis Malle. Un remake donc, mais bien ancré dans la réalité d'aujourd'hui, en l'occurrence dans une ville présentée dès les premières images sous une lumière grise, une ville maussade et somme toute bien peu avenante.
Un homme, jeune, en fin de cure de désintoxication, vient d'obtenir une permission; les médecins sont satisfaits, il est question d'un entretien d'embauche, d'une perspective de travail... En l'espace de 24 heures, Anders, puisque tel est le nom du jeune homme, retourne sur les lieux de ces errances passées, retrouve les gens qu'il a connu dans une autre vie, celle d'avant la cure; il retrouve son meilleur ami, désormais marié et père de famille, sort en boite, se rend à son entretien ... qu'il saborde volontairement... Car le film n'est pas l'histoire d'une résurrection, d'un retour à la vie, mais bien plutôt le récit d'une descente aux enfers, d'un enchaînement de circonstances qui mène inévitablement à la mort.
Inévitablement ... ou peut-être pas. L'habileté du cinéaste tient à cette marge de liberté qu'il accorde à son personnage, à la fois lucide, sans illusion et terriblement exigeant. Il pourrait céder, accepter les compromis. Quitter l'adolescence pour entrer dans l'âge adulte. Mais est-ce cela entrer dans l'âge adulte ? Accepter les diktats d'une société incapable de donner à un individu une seconde chance ? Se satisfaire d'une vie "à la petite semaine" ? Renoncer à ses rêves et faire semblant ?
Tel est bien le dilemme auquel est confronté le personnage, qui refuse de laisser le temps, l'habitude et la lassitude faire leur oeuvre. Manque de maturité ou désespoir existentiel ? Au spectateur de décider. Mais le voilà prévenu.
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