C'est un des mots les plus utilisés en Birmanie où tout semble dépendre de la générosité des donateurs. Sans compter qu'une donation vous permet d'acquérir des "mérites" et que ne ferait-on pas pour progresser sur la voie du Bouddha ?
Le principe de la donation n'est pas spécialement birman, il est plutôt bouddhiste et j'ai eu l'occasion, au Laos comme en Birmanie, de voir les longues files de moines quitter leur monastère au lever du soleil pour aller quêter leur nourriture auprès des fidèles. Mais ici le système paraît plus complexe.
Parce qu'il ne s'agit pas seulement de quêter son repas, le seul qui sera pris dans la journée. Il s'agit aussi de quêter de l'argent. Comme les moines ne sont pas supposés manipuler de l'argent, ce sont les novices qui sont chargés de la quête; il leur suffit de sillonner les allées d'un marché pour récolter des liasses importantes (en toutes petites monnaies il est vrai)
A l'entrée des pagodes et des monastères il y a toujours de grands bacs transparents où s'entassent les petites coupures. Les Birmans n'ont pas grand chose mais donnent apparemment sans compter.
Les monastères organisent aussi, une fois l'an, une "fête" qui leur permet de récolter de grandes quantités de riz afin de constituer des réserves pour parer aux manques éventuels.
L'organisation de la quête est parfaitement rodée : à l'appel du nom de leur monastère ou du numéro qui lui a été attribué, les novices, qui attendaient patiemment leur tour, se lèvent, réajustent leur robe et prennent leur place dans l'interminable file qui monde et descend .
Les bols sont rapidement remplis, une enveloppe pour compléter, quelques sucreries peut-être ...
Les bols une fois remplis seront vidés dans de grands sacs de toile, empilés les uns sur les autres. Les sacs seront ensuite chargés par des laïcs sur les bateau puisque la cérémonie à laquelle nous avons assistée se tenait dans un des monastères du lac Inle.
Les petits ruisseaux font les grandes rivières dit-on, mais je n'ai aucune idée des sommes ramassées grâce au principe de la donation. Ma seule question concerne leur redistribution. Quel usage font les monastère de cet argent qui passe de main en main sans que nul ne se soucie de comptabilité. Mais demande-t-on à Dieu un reçu ?
Il est certain que les moines donnent aussi beaucoup. Ils se chargent de l'éducation des plus pauvres, subventionnent les hôpitaux et viennent en aide aux nécessiteux. Toujours est-il qu'une économie fondée sur la générosité et le mérite religieux plutôt que sur l'impôt paraît bien étrange à nos yeux d'Occidentaux.