Mais il est difficile de résister à la beauté et à l'intelligence de Golshifteh Farahani dont j'ai eu, à deux reprises, l'occasion d'apprécier le talent : dans A propos d'Elly d'Asghar Farhadi et Si tu meurs je te tue de Hiner Saleem.
L'affiche annonçait un film bouleversant et inoubliable; pour une fois les termes ne sont pas usurpés.
Ce qui rend ce film inoubliable c'est peut-être d'abord la beauté des images : lumières, couleurs, cadrages, c'est un enchantement permanent. A qui en attribuer le mérite, au réalisateur ou à son directeur de photographie, Thierry Arbogast, je ne sais pas, mais faire de chaque scène, de chaque décor, qu'il s'agisse d'une pièce nue ou d'une rue ravagée par la guerre, un véritable tableau, requiert un savoir-faire technique et plus encore un regard d'artiste. Et rendre presque séduisants ces voiles dans lesquelles les femmes afghanes sont contraintes de dissimuler leur corps et leur visage relève de la gageure.
La beauté des images toutefois ne suffit pas à faire un film. Encore faut-il qu'il ait une histoire à raconter, des personnages à faire vivre. Condamnée à rester auprès de son mari mourant et condamnée à souhaiter qu'il sorte du coma pour échapper au sort qui attend les veuves, la femme le veille, règle sa perfusion, le lave et parle. Elle parle à celui qui n'entend pas, elle se souvient de ses noces, de la naissance de ses deux petites filles, elle donne sa version de leur histoire, elle dit ce qu'elle n'a jamais dit à personne et peut-être pas même pensé. Et ses propos sont d'une liberté inouïe. La guerre fait rage autour d'elle, elle vit dans le plus grand dénuement, ne possède rien que ses voiles et un vieux Coran posé sur une étagère; sans autre sauvegarde que sa propre liberté. Voilà pourquoi Syngué Sabour est effectivement un film bouleversant et inoubliable.
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